Notre pays, le Mali, traverse depuis deux mois l’une des crises politiques, qui a le plus marqué son histoire. D’une crise sanitaire, qui a durablement frappé son économie avec son lot de manque à gagner, on est passé à une crise politique dont les conséquences sont en train à n’en pas douter d’affecter négativement le fonctionnement normal des institutions impactant notre jeune démocratie. Les formes de lutte que ces contestations enferment sont de nature à paralyser. En effet, les actes posés au nom de la désobéissance civile, autorisée par la Constitution, sont en train de dégénérer par endroit, donnant lieu à des répressions souvent mortelles.
À titre de rappel, cette crise politique à laquelle, notre pays fait face ayant pris ses racines en partie de la mauvaise gouvernance, elle a finalement éclaté au grand jour à la faveur des contestations post-électorales. En effet, ce qui a mis le feu aux poudres, concerne essentiellement la spoliation de certains candidats aux législatives de leurs sièges de député, acquis de haute lutte. Cette situation est venue renforcer la position du M5-RFP, qui demande « la démission du Président et de son régime ».
Face à cette situation, qui à terme, risquait d‘atteindre les voisins du Mali, la CEDEAO s’est sentie obligée d’intervenir pour limiter les dégâts. C’est ainsi que diverses missions de médiation, sous sa houlette, ont séjourné au Mali et ont clôturé par le mini-sommet des Chefs d’État, qui a fait des recommandations fortes pour une sortie de crise, dont une partie a d’ailleurs été mise en œuvre à ce jour notamment le renouvèlement de la Cour Constitutionnelle et la mise en place du Mini-Gouvernement avec des portefeuilles dits de souveraineté.
La question fondamentale qui reste en suspens est celle de la constitutionnalité des recommandations de la CEDEAO. Autrement dit, quelle est la légalité qui sous-tend certaines recommandations de la CEDEAO, notamment la demande de démission des députés mal-élus, si on sait déjà, elle s’est elle-même opposée à la démission du Président de la République.
En effet, pendant que certains ont salué lesdites recommandations, d’autres par contre, s’en sont offusquées du fait de sa violation de notre Loi Fondamentale. L’argument que ces derniers mettent en avant consiste à dire « s’il faut réellement privilégier une solution politique pour une sortie de crise tout en s’écartant du droit ». Les avis sont partagés sur la question.
La situation s’est aggravée avec la publication du rapport du comité d’experts des Nations Unies, qui a pointé un doigt accusateur sur certains hauts gradés de l’armée tout en citant certains dans les histoires de trafic que drogue.
Au regard de tout ce qui précède, force est d’admettre que si les enfants du pays ne se mettent pas ensemble, c’est notre héritage commun même qui risque de disparaître. En d’autres termes, il importe à plus d’un titre de procéder à la paix des braves. Pour ce faire, l’application des recommandations issues du DNI doit s’appliquer et surtout mettre en place un Gouvernement d’Union Nationale sans oublier de régler le contentieux électoral en suspens.
Ceci ne pourrait être une réalité sans un dialogue direct entre le Chef de l’État et le M5-RFP, qui doit accepter de revoir un tant soit peu sa position radicale qui consiste à demander la démission du Président de la République.
Gageons que les cœurs vont s’apaiser et les voies du dialogue vont emporter sur celles de la violence.