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Mali, un défi supplémentaire pour l’opération Barkhane
Publié le mercredi 19 aout 2020  |  La Croix
Serval
© Autre presse par DR
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Dès leur premier discours, les putschistes ont insisté sur la pérennité des opérations internationales en cours au Mali. Si l’opération Barkhane n’est pas menacée, elle devrait s’avérer encore plus compliquée à mener dans ce climat d’instabilité et de fermeture des frontières.

« Tous les accords passés seront respectés. Minusma, la mission de l’ONU, la force française Barkhane, le G5 Sahel et la force Takuba demeurent nos partenaires. » La déclaration, dès son premier discours après le coup d’État au Mali, du colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air et puts­chiste, voulait rassurer la communauté internationale. Cela n’a pas empêché la France de « condamner avec la plus grande fermeté » la « mutinerie » avant l’annonce de la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Passé cette première déclaration, les autorités françaises sont restées muettes, signe d’une certaine gêne. La France est en effet dans une situation délicate, entre la nécessaire continuité de la lutte contre le terrorisme dans la région menée par les 5 000 soldats de l’opération Barkhane et le soutien aux condamnations de l’Union africaine, de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ou de l’ONU à toute forme de changement de pouvoir par les militaires.

Instabilité politique dans un contexte de hausse du terrorisme

« Ce coup d’État est une nouvelle donne, bien sûr, mais il est politiquement inconcevable de négocier avec des putschistes, rappelle Hugo Sada, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. La France ne peut que participer à la concertation internationale et à l’établissement d’une position commune afin de mettre sur la table des conditions strictes pour le respect de l’État de droit et des droits humains au Mali. »

Visiblement, les soldats français de l’opération Barkhane ont reçu l’ordre de ne pas intervenir pour sauver le président face aux mutins. Une action de ce type serait une modification de la mission et pourrait être perçue au Mali comme une forme d’ingérence, voire de néocolonialisme, selon le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU : « Ce serait la main française qui s’immiscerait dans la politique interne du pays. »

Un risque que la mission Barkhane, déjà critiquée par une partie de l’opposition malienne, ne peut pas prendre. « Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP) est manifestement bien plus hostile à la présence étrangère que les commanditaires du putsch », observe le chercheur Hugo Sada.

Des risques de blocages dans la coopération régionale

La pérennité de l’opération ne devrait pas être remise en cause à court terme. « Même si les militaires français n’engagent aucune discussion avec les auteurs du coup d’État, rien ne les empêche de poursuivre leur coopération avec les soldats maliens qui sont sur le terrain et avec lesquels ils ont des contacts quotidiens », estime le général Trinquand.

Le renversement du président malien intervient à un moment périlleux dans la région, alors que les actes terroristes sont en constante augmentation ces dernières années. Au Mali, au Niger et au Burkina Faso, 4 000 personnes ont été tuées lors d’attaques terroristes en 2019, soit cinq fois plus qu’en 2016.

Autre conséquence du coup d’État : le blocage des frontières par les pays de la Cedeao devrait au moins provisoirement compliquer les opérations militaires des forces françaises dans la région. « La lutte contre le terrorisme au Sahel nécessite une coopération entre les États puisque c’est dans la zone des trois frontières, entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qu’ont lieu la majorité des attaques, rappelle Gregor Mathias, chercheur associé à la chaire de géopolitique de Rennes School of Business. Cela s’annonce donc extrêmement compliqué le temps de la période transitoire, d’autant plus que ces sanctions risquent d’affaiblir un Mali déjà très fragile. »

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