André Bourgeot, spécialiste du Mali, directeur de recherche émérite au laboratoire d’anthropologie sociale du CNRS, était l'invité de Jean-Marie Bordry lundi 17 août dans l’émission "Les vraies voix de l'été" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à partir de 17h.
Après le coup d'Etat au Mali, plusieurs questions se posent, notamment sur les futures relations avec la France qui conserve une présence au nord du pays. André Bourgeot émet plusieurs hypothèses sur les suites de cette révolution.
Des motivations pacifiques ?
Les militaires vont-ils prendre le pouvoir au Mali ? Pas sûr, selon André Bourgeot qui rappelle l'annonce faite par les belligérants qui souhaitent "instaurer un gouvernement de transition civil". Les militaires ont assuré "ne pas être partie prenante et ne pas prendre part dans le futur gouvernement", rappelle le spécialiste du pays.
Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a d'abord rendu hommage à la présence de militaires français. Une déclaration qui rassure dans un premier temps, sachant "qu'il ne remettent pas en cause cette présence". Selon André Bourgeot, "ils étaient là pour créer des conditions propices au dialogue national qui n'a pas été honoré par l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta", ainsi que "l'application effective des accords de paix", impopulaire dans le Mali de Keïta.
Un rapprochement avec le parti d'opposition
Dans ce cas, le coup d'Etat "correspondrait aux intérêts économiques et géopolitiques de la France", précise André Bourgeot. "Il s'avère que c'était une interprétation rapide et que les propos tenus par le représentant du coup d'Etat se sont faits un peu à la va-vite", nuance le spécialiste. "Le CNSP a contacté l'imam Mahmoud Dicko et les représentants du M5", le parti d'opposition au président Keïta. Des rapprochements qui créent des "incertitudes" sur la réaction officielle de la France.
Un rapprochement qui pourrait "remettre en cause" le soutien de la politique française. "Ils veulent mettre en place un gouvernement de transition en s'appuyant sur les forces du M5, les signes sont encourageants", estime André Bourgeot qui attend "impatiemment" le communiqué des M5 sur l'attitude qu'ils adopteront. Les putschistes accepteront-ils la proposition des M5 qui pourraient "vouloir mener un Premier ministre investi de tous les pouvoirs", explique-t-il.