Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Non, la Chine et la Russie ne se sont pas opposées à des sanctions contre la junte armée qui a fait un coup d’Etat au Mali
Publié le samedi 22 aout 2020  |  AFP
Comment


Une publication Facebook partagée plus de 1 300 fois depuis le 19 août prétend que la Chine et la Russie s’opposent à des sanctions contre le Mali. C’est faux, ces 2 pays ne se sont jamais opposés dans leur déclaration publique aux sanctions imposées au Mali par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest après le coup d’Etat du 18 août.
“La Russie et la Chine s’opposent à toutes sanctions contre le Mali” c’est ce que prétend une publication, relayée plus de 1 300 fois depuis le 19 août sur un compte Facebook.

Capture d'écran Facebook, réalisée le 21 août 2020
L’information a été reprise par d’autres pages facebook. (1,2,3)

Soutien à la Cedeao
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union africaine (UA) et les Nations unies ont condamné le putsch du 18 août, qui a conduit à la démission de l’ex-président malien Ibrahim Boubacar Keita, au pouvoir depuis 2013.
Ils exigent “le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et la libération immédiate du président malien et de tous les officiels arrêtés” a déclaré la Cedeao dans un communiqué au lendemain des évènements.
Des sanctions ont été rapidement prises au niveau de la Cedeao. Elle a suspendu le Mali de tous ses organes de décision "avec effet immédiat". Puis fermé "toutes les frontières terrestres et aériennes" et a décidé l'arrêt "de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre ses voisins membres de la Cedeao".
Contacté par l’AFP, Zhao Lijian porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a confirmé que la Chine soutient "les efforts" de la Cedeao et de l’Union africaine.
"La Chine suit de près la situation au Mali. Nous nous opposons à la tentative de changement de pouvoir par la force et par d’autres moyens inhabituels, et nous soutenons les organisations régionales et internationales compétentes, en particulier l’Union africaine (UA) et la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans leurs efforts pour un règlement pacifique de la crise au Mali" a-t-il déclaré à l’AFP le 19 août.
"Nous appelons les parties concernées au Mali à prendre en compte les intérêts fondamentaux du pays et de son peuple, à résoudre pacifiquement les différends par le dialogue, à rétablir l’ordre normal dès que possible et à maintenir la stabilité et la solidarité nationale" conclut-il.
Du côté de la Russie, la question des sanctions contre le Mali n’a pas été publiquement évoquée. En règle général, le Kremlin maintient une politique d’opposition aux sanctions économiques, dont elle est elle-même victime depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et de la guerre en Ukraine.
"Moscou est profondément préoccupé par les évènements qui se déroulent à Bamako, nous appelons toutes les forces sociales et politiques maliennes à un règlement pacifique de la situation actuelle" a commenté la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova le 20 août.
Des déclarations datant de 2017
Cette fausse information pourrait provenir d’une prise de position de la Chine et de la Russie remontant à septembre 2017. A l’époque, l’ONU, à la demande du Mali, a créé un régime de "sanctions contre ceux qui entravent l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation".
Le texte, prévoyait la possibilité de sanctionner individuellement, les personnes qui mettaient en péril cet accord de paix, en interdisant de voyager et le gel des avoirs. Mais la Chine et la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont toujours émis des réserves.
"La position de la Russie ou de la Chine sur des sanctions individuelles, y compris pour des chefs de groupes armés, reste toutefois incertaine. Ces pays avaient exprimé il y a un an des réserves lors de la création, à l’initiative de Paris, d’un régime général de sanctions pour le Mali. Le comité de sanctions, où siègent les quinze membres du Conseil de sécurité, doit être unanime pour punir des personnes ou des entités" expliquait-t-on dans une dépêche publiée en août 2018.
La position de la Chine et de la Russie en 2017 n’a donc rien à voir avec le coup d’Etat actuel au Mali.
Sadia Mandjo
Journaliste AFP au bureau d'Abidjan
Commentaires