Les événements de mardi dernier au Mali confirment si besoin est la fragilité de la démocratie face au pouvoir des armes. Au grand dam des démocrates sincères, l’armée a encore fait irruption dans la vie politique. Le coup d’Etat est clair. Aucune gymnastique intellectuelle ne saurait l’atténuer.
Alors que l’on croyait passée la saison des coups de force et que l’on a fait le deuil de la prise du pouvoir par des militaires, l’armée s’est invitée de nouveau dans la crise. Que peut-on attendre de mieux de militaires qui s’invitent chez un chef de l’Etat en fonction sans y être autorisés ? Rien.
Conduit manu militaire dans une caserne, le président de la République n’est apparu que plusieurs heures plus tard pour annoncer sa démission, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement.
Auparavant, des personnalités publiques avaient été arrêtées. Et jusqu’ici, des esprits malintentionnés tentent de nier l’évidence du coup d’Etat. Comme toute réponse, ceux qui sont à l’œuvre jouent à la diversion et parlent d’une simple démission, ajoutant que la Constitution n’est pas suspendue.
Il faut être dupe pour croire que la seule garantie est la non-suspension de la Constitution alors que son garant n’a plus la possibilité d’exercer son pouvoir. La grande inquiétude demeure dans la première déclaration du Comité national de salut du peuple (CNSP), parce que les tombeurs d’IBK n’y ont fait aucune mention des libertés comme l’ont relevé les organisations de la presse dans un communiqué.
Devrait-on avoir peur des lendemains de ce coup d’Etat ? La réponse est oui tant de réelles inquiétudes planent sur l’Etat de droit en raison de la rapidité avec laquelle des personnes détenues pour troubles à l’ordre public et autres actes de vandalisme ont été relâchées dans des conditions qui frisent l’impunité.
La dernière action qui fait planer des doutes sur le fait démocratique est que des partisans du président Kéita ont été pris à partie alors qu’ils manifestaient pour sa libération.
Nous ne parlons même pas des actes de vandalisme et de violations de domiciles qui sont devenus des faits banaux dans notre Maliba ces derniers jours. Il y a lieu de craindre des lendemains sombres parce qu’il y a de la part de certains une volonté d’installer le chaos dans ce pays.