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Approvisionnement du Mali après l’entrée en vigueur de l’embargo de la CEDEAO: Huit mesures majeures proposées pour éviter toute rupture de stocks des produits de consommation
Publié le mardi 25 aout 2020  |  L’Indépendant
Troisième
© aBamako.com par AS
Troisième rencontre entre la CEDEAO et le CNSP
Bamako, le 24 août 2020 la délégation de la CEDEAO a rencontré pour la troisième fois le comité National pour le Salut du peuple au ministère de la défense
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Si les stocks de produits de première nécessité disponibles sont actuellement supérieurs aux seuils d’alerte et arrivent à couvrir les besoins du moment, il y a urgence à prendre certaines mesures idoines pour maintenir la confiance entre les opérateurs économiques maliens et leurs fournisseurs. Dans une note technique, la Direction générale du commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCC) suggère une série de huit mesures phares à prendre pour assurer l’approvisionnement correct du pays en produits de consommation, notamment l’exploration de nouveaux débouchés comme la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.

Les sanctions économiques prises par la CEDEAO contre le Mali, notamment la mise sous embargo, à travers la fermeture des frontières, suscite des inquiétudes au sein de l’opinion malienne. D’autant plus que cette mesure intervient dans un contexte déjà très difficile marqué par l’insécurité au Sahel, la crise sociopolitique et la maladie à coronavirus.

Selon la Direction générale du commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCC), » cette situation risquerait de perturber fortement l’approvisionnement de notre pays [environ 90% des échanges commerciaux du Mali avec le reste du monde transitent par les pays membres de la CEDEAO] « .

Si un assouplissement a eu lieu grâce au président sénégalais, Macky Sall, qui a permis d’exclure du champ de la mesure les produits de première nécessité, les produits pharmaceutiques et les hydrocarbures, il faut reconnaitre que les importations de notre pays, déjà timides, risquent de dégringoler en raison de la méfiance des banques, des assurances, des chargeurs et des fournisseurs à l’égard des opérateurs économiques maliens. Par ailleurs, la DGCC alerte : » la tension reste vive sur les prix de certains produits de première nécessité, notamment les céréales sèches, en attendant l’arrivée de la nouvelle récolte sur le marché « .

Le marché bien approvisionné mais la menace est là

A la date du 20 août, les stocks des produits de première nécessité sont plus ou moins rassurants, même si certains ne peuvent pas soutenir la consommation pendant longtemps. En effet, la quantité de riz sur le territoire est estimée à 39.084 tonnes, le sucre à 100.900 tonnes, le lait en poudre à 6 263 t, la farine de blé à 10.420, l’huile alimentaire à 5 097 tonnes. A la même date, on retrouve dans les ports 11.700 tonnes de riz, 16.322 tonnes de sucre, 11.210 tonnes de farine.

A cela s’ajoutent les Stocks d’intervention de l’Etat qui sont de 171, 55 tonnes de riz, 102 de maïs et le Stock National de Sécurité est constitué de 632 t de mil, 818, 700 t de sorgho et 1 872, 100 t de maïs.

Les stocks disponibles sur le territoire couvrent respective ment 13 jours de consommation pour le riz, 121 jours pour le sucre, 66 jours pour le lait en poudre, 72 jours pour la farine de blé, 15 jours pour l’huile alimentaire. Cependant, il faut préciser que ces stocks ne prennent pas en compte les produits disponibles auprès des commerçants détaillants

Les prix moyens des produits sont restés stables par rapport à la semaine passée, sauf ceux du mil, du maïs et de la farine qui ont légèrement augmenté.

Quid des échanges commerciaux entre le Mali et les pays membres de la CEDEAO ?

La part des importations du Mali à partir de l’espace CEDEAO (principalement les hydrocarbures et le ciment) représente environ 34% des importations totales de marchandises de notre pays, contre 10% pour les exportations (rapport 2019 de la surveillance commerciale).

Les engrais minéraux, les animaux vivants et les huiles de pétrole (réexportation) constituent ‘essentiel des exportations du Mali en direction des pays membres de la CEDEAO.

Ces échanges sont plus importants avec le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Nigéria et le Ghana. Avec le Sénégal, qui est le premier pays par lequel transitent les importations de notre pays, en 2019, elles étaient constituées de 39.400 tonnes de riz, 10.003 tonnes de sucre, 133 t de lait, 3 324 t de farine, 5000 t de blé, 76 t d’huile, 42.440 t de sel, 16 812 t de pâtes alimentaires, 3 975 de boissons et jus, 605 t de concentrés de tomates, 26 t de médicaments et 1.305.411 tonnes d’hydrocarbures. En somme, avec la CEDEAO, les importations du Mali ont été, en 2019, de 17% et 83% proviennent des autres pays du monde, notamment la France, les Etats Unis, la République Sud-Africaine, l’inde, l’Allemagne, le Maroc, le Brésil, le Japon et la Russie, qui constituent les dix premiers pays fournisseurs du Mali.

Il faut préciser que le principal pays d’approvisionnement du Mali est la Chine qui a vu ses exportations augmenter progressivement d’année en année, de 19% en 2014 à plus de 22%, en 2019. Cependant, malgré la part relativement faible des échanges commerciaux du Mali avec la CEDEAO, plus de 90% de nos marchandises à l’import et à l’export transitent par les pays côtiers membres de l’espace communautaire en raison de l’enclavement de notre pays. D’où l’impact conséquent de l’embargo.

Elaborer et valider un programme d’urgence d’approvisionnement

Au regard de cette situation, pour conforter l’approvisionnement du pays en cette période difficile, déjà sous les impacts négatifs de la Covid19 et de la crise sécuritaire, la DGCC recommande d’élaborer et de valider un programme d’urgence d’approvisionnement du pays en produits de première nécessité ; de procéder à l’évacuation rapide des stocks au niveau des ports de transit ; de diversifier nos débouchés et nos sources d’approvisionnement en allant audelà des pays CEDEAO, en explorant notamment le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Mauritanie, en rapport avec le Conseil Malien des Chargeurs ; d’encourager le secteur financier à accroître le crédit au commerce et à assurer les services interbancaires et de règlement financier des fournisseurs de denrées exclues du champ de l’embargo.

S’y ajoutent la suspension, jusqu’à nouvel ordre, des exportations et des réexportations de produits de première nécessité; la demande d’accompagnement des opérateurs économiques afin d’éviter le dérapage des prix et la rupture des stocks ; le renforcement du dispositif de surveillance des frontières et des marchés afin d’atténuer la sortie frauduleuse des produits et la rétention des stocks et l’encouragement et la sécurisation du commerce transfrontalier informel et le troc algérien.

Youssouf CAMARA

Source : L’Indépendant
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