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Politique: Qu’attendent les partis politiques des #militaires au pouvoir ?.
Publié le mercredi 26 aout 2020  |  L’Informateur
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Au lendemain de la démission forcée d’Ibrahim Boubacar Keïta, des milliers de personnes ont célébré vendredi à Bamako la « victoire du peuple malien ». Les putschistes ont entamé des discussions avec les partis politiques et la société civile.
Ils ont poussé le président malien à la démission. À présent, tout reste à faire. Les militaires du Comité national du salut du peuple (CNSP), maîtres d’œuvre de la chute d’IBK, ont débuté dès mercredi les consultations avec « les forces vives de la nation » afin de préparer une période de « transition politique civile », qu’ils ont promis rapide.
Un « vaste chantier », admet le porte-parole du Comité, Ismaël Wagué, dans un entretien accordé à Jeune Afrique.
Bénéficiant d’une certaine aura, le CNSP rencontrait jeudi les partis d’opposition au ministère de la Défense. Menées par le premier vice-président du comité, Malick Diaw, les discussions avaient pour but de rassurer une classe politique dans l’expectative, encore partagée entre condamnation et approbation du coup de force.
« Le plus important, c’est que [le CNSP] s’entende avec les partis et les organisations de la société civile sur le cadre de la transition », estime l’ancien Premier ministre Moussa Mara, qui évoque des leaders « jeunes, instruits, au profil intéressant ». Un avis positif qui ne l’empêche pas de condamner le coup d’État, terme que récusent d’ailleurs les militaires.
Le CNSP prévoit notamment la « désignation collégiale » d’un président de la transition, sans préciser si la personnalité désignée sera un civil ou un militaire.
Qui seront les formations politiques associées à cette transition ? Cheick Omar Diallo, secrétaire politique national de l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba), confie à JA que son parti envisage de participer au processus, mais avec « un retour rapide à la normale » en ligne de mire. « Le CNSP a géré les événements du 18 août avec un grand sang-froid, mais nous restons vigilants », précise-t-il.
Arrestations et craintes des représailles
La prudence et la discrétion semblent également de mise au sein de ce qu’il convient désormais d’appeler l’ex-parti de la majorité, le Rassemblement pour le Mali (RPM). Les alliés d’hier évoluent dans un climat tendu, où anciens ministres et officiels se terrent dans la crainte de représailles, tandis que les arrestations se poursuivent.
Résigné, choisissant de faire profil bas, le secrétaire général du parti, Baber Gano, continue de demander un « retour à l’ordre constitutionnel, le rétablissement des institutions et du président » ainsi que la libération immédiate des personnalités détenues.
« Il nous faut avant tout nous ressaisir moralement et remobiliser les troupes. C’est quand même dur de subir un coup d’État », glisse-t-il. Il décrit néanmoins une prise de contact qui « s’est très bien passée » avec le CNSP : « Ils sont ouverts, je n’ai pas senti en eux une volonté de se maintenir au pouvoir. »
Dans l’attente de la feuille de route promise par le CNSP, le secrétaire-général du RPM l’assure, « le parti ne restera pas en marge de la transition » et y jouera un « rôle important ». Avec ou sans IBK donc.
« Clanisation » de la majorité
Car « les dissensions au sein même de la majorité ont joué un rôle important dans la fragilisation de l’ancien président », estime Bréma Ely Dicko, sociologue et enseignant à l’université de Bamako. Il évoque une « clanisation » de la majorité, divisée entre le chef du parti, Bokary Treta, et l’ancien président de l’Assemblée nationale (dissoute le 18 août), Moussa Timbiné. Ce dernier avait été propulsé au perchoir par IBK contre l’avis d’une partie du RPM qui avait désigné un autre candidat. Ces relations « tumultueuses » entre IBK et le parti n’ont pas joué en sa faveur.
Autre force à prendre en compte, les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger en 2015. Dans un communiqué diffusé le 20 août, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) dit « prendre acte » de l’appel lancé par le CNSP et rappelle son attachement à l’accord. « Un gouvernement d’union nationale n’est pas envisageable sans eux. Les militaires ne devraient pas non plus revenir sur les accords », analyse Boubacar Haïdara, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM).
Quoi qu’il en soit, le prochain gouvernement sera issu d’un coup de force des militaires, lequel est intervenu après des mois de contestation menée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui a de nouveau mobilisé les Bamakois, vendredi 21 août.
« Lutte du peuple malien »
« Le M5-RFP avait annoncé un programme pour bloquer le pays. Le contexte social devenait de plus en plus tendu. Les syndicats des policiers, des enseignants et des préfets et sous-préfets annonçaient des grèves. L’économie risquait d’être durablement touchée, en plus de la crise sécuritaire et de l’épidémie de covid-19. Au fond, la rue allait finir par obliger le président à trouver un cadre de dialogue direct », analyse Bréma Ely Dicko.
IBK n’en aura pas eu le temps. « Le M5-RFP a créé le contexte [de la démission d’IBK] et les militaires lui ont coupé l’herbe sous les pieds. Le mouvement n’a pas condamné le coup d’État parce que son objectif était le départ d’IBK », poursuit le chercheur.
Le M5-RFP a en effet été prompt à se féliciter de la démission d’IBK et de la dissolution de l’Assemblée et du gouvernement. Dans un communiqué diffusé le 20 août, il saluait l’intervention du CNSP qui « a parachevé la lutte du peuple malien ».
Refusant, tout comme les militaires, de parler de « coup d’État », l’ancien ministre Mohamed Aly Bathily ne veut pas considérer Assimi Goïta, le président du CNSP, comme le nouvel « homme fort » du pays. « Il faut arrêter avec cette expression. Il ne peut pas y avoir d’hommes plus fort que nous. C’est nous qui avons occupé la rue. On ne veut pas que notre lutte soit récupérée », met-il en garde.
Pourvoir aux civils
Après les rassemblements spontanés de Bamakois, qui ont acclamé mardi les militaires dans les rues de la capitale, la mobilisation de ce vendredi, « si elle permet à la population de manifester son soutien aux militaires, est aussi une façon de leur mettre la pression pour transférer rapidement le pouvoir aux civils », insiste Boubacar Haïdara.
« Les militaires doivent retourner dans les casernes et s’occuper des questions du Centre et du Nord. La priorité pour l’armée n’est pas la conquête et l’exercice du pouvoir, mais de rendre ce pouvoir aux civils », prévient Ibrahima Sangho, le président du Pool d’observation citoyenne du Mali (Pocim).
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