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Tontine : Autonomisation des femmes, facteur de conflit
Publié le mercredi 26 aout 2020  |  Mali Tribune
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La tontine est fréquente dans la société malienne, précisément chez les femmes. Cependant, certaines conséquences impactent les familles, ainsi que d’autres groupements sociaux.


Dans la société Miniankan, les tontines étaient généralement organisées par une femme âgée et respectée dans la société pour l’entraide des femmes. Le montant variait de 50 à 200 francs.

Les principaux membres étaient des femmes, explique Marie Dembélé, 74 ans. “On versait 100 F CFA par femme les jours de foire hebdomadaire. La somme totale collectée par semaine était remise à tour de rôle à chacune des membres du groupement. Chaque bénéficiaire utilisait le fonds pour s’acheter des intrants agricoles ou financer la main d’œuvre et l’entretien du champ“.

Dans d’autres milieux, la tontine était surtout basée sur le travail collectif. Les membres d’une tontine apportaient leurs aides dans le champ de chaque membre à tour de rôle. Le montant reçu par la propriétaire était utilisé pour financer le repas des femmes qui venaient travailler. De nos jours, la tontine est organisée par les membres de famille, les ONG, les groupes de femmes ou même d’hommes.

Beaucoup y adhèrent parce qu’il n’y a pas de taux d’intérêt contrairement aux banques et autres caisses d’épargnes et de crédits. Par contre, elles présentent des inconvénients. Il s’agit notamment des conflits qui surviennent souvent au sein des groupes du fait du non-respect des règles préétablies.

Oumar Bakayoko, chef de tontine d’une ONG, explique comment il s’en sort avec la tontine. “J’organise la tontine chaque année depuis 3 ans. Nous sommes 15 membres. L’importance est qu’elle consolide les liens de solidarité. Un participant peut prendre sa part en cas d’une priorité majeure et rembourser après. Les principales difficultés que je rencontre sont surtout le payement tardif par certains. Je reconnais que la tontine est indispensable dans notre société mais elle tend à disparaître“, explique-t-il.

Salimata Traoré, membre d’une tontine, précise : “personnellement, je ne suis pas d’accord avec la création des tontines au sein des familles. La majorité des participants dès qu’ils bénéficient de leurs parts ne payent plus le reste. Au lieu de consolider les membres de la famille ça peut les diviser“.

La tontine est organisée aussi entre vendeuses aux marchés. Fatoumata Diarra, femme au foyer, vendeuse de légumes frais, organise une tontine au marché de Sabalibougou. La “marraine” se montre insatisfaite de la tontine pour causes diverses. “Notre objectif était de créer les liens. Par exemple, chaque samedi soir à 16 h, j’organise une réunion. Toutes les femmes viennent, nous prenons du thé avec un peu d’arachide. Nous échangeons sur les problèmes de nos foyers. La rencontre favorise surtout le partage des bonnes idées“.

Autrefois, les conflits liés aux tontines étaient rares. Quand ils y en avaient, ces conflits étaient gérés par les instances traditionnelles de gestions de conflits.



Marie Dembélé

(stagiaire)
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