La junte malienne doit conserver le même engagement face aux groupes djihadistes, pour éviter que tous les efforts accomplis ces derniers mois ne soient perdus, a déclaré jeudi à l'AFP le chef d'état-major français.
Le putsch du 18 août, qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keita, n'a pas modifié le défi sécuritaire au Sahel, selon le général François Lecointre, qui a appelé les nouvelles autorités à ne pas relâcher leurs efforts dans une région où la force française Barkhane a déployé plus de 5000 hommes. «Notre souhait c'est de maintenir l'engagement de l'armée malienne dans la lutte contre les groupes armés terroristes», a-t-il déclaré à Talinn, en Estonie.
«Nous avons un certain nombre d'exigences» pour la reprise du contrôle de certains territoires dans la zone des trois frontières, entre Mali, Niger et Burkina Faso, a-t-il poursuivi. «Nous allons voir si les armées maliennes sont en mesure de garder le tempo (...). Nous leur avons indiqué que ça nous paraissait essentiel, sauf à voir perdus tous les efforts réalisés depuis le sommet de Pau», en janvier.
Le colonel Assimi Goïta, nouvel homme fort du Mali, issu des meilleures écoles militaires du pays, dirigeait jusqu'à présent les forces spéciales dans le centre du pays, une région en proie depuis 2015 aux attaques djihadistes qui ont causé de lourdes pertes civiles et militaires. Le général Lecointre a laissé entendre que le quotidien des opérations n'était pas modifié. «Les chefs de corps sont toujours là, les commandants de zone sont toujours là, ce ne sont pas des gens qui ont participé au coup d'Etat, et donc nous continuons à coopérer avec eux», a-t-il précisé. «Nous avons pris contact avec la junte pour leur indiquer qu'il nous paraissait essentiel de ne pas relâcher la pression sur les groupes terroristes. On va voir comment ça va se passer dans les jours qui viennent».
«Une réalité de guerre»
Le chef d'état-major a pris acte de l'interruption par les Américains de leur coopération militaire avec les Forces armées maliennes. Il a par ailleurs encouragé l'Union européenne à relancer sa mission de formation de l'armée malienne (EUTM Mali), également suspendue.
«Il faut être capables de distinguer une réalité politique que la France a condamnée et une réalité militaire à laquelle nous sommes toujours confrontés, qui est une réalité de combat et de guerre», a précisé l'officier devant quelques journalistes. Mais il a réitéré la volonté de Paris que la junte «remette son pouvoir entre les mains de civils pour mettre en place un régime de transition qui permettra d'ouvrir la voie à un régime démocratique».
Le général Lecointre s'exprimait en marge d'une cérémonie de remise de décorations à 15 soldats estoniens. Ils avaient contribué à repousser une attaque djihadiste visant le camp militaire de Barkhane à Gao (Mali), en juillet 2019.