La République tchèque ne retirera pas ses soldats du Mali, malgré l’interruption de la mission de formation de l’Union européenne suite au coup d’Etat à Bamako du 18 août dernier. Mardi, à Berlin, où il a participé à une réunion informelle avec ses homologues européens, le ministre de la Défense, Lubomír Metnar, a confirmé l’engagement de l’Armée tchèque au Sahel.
Depuis désormais un peu plus de deux mois, et jusqu’à la fin de cette année, la République tchèque est le premier pays d’Europe centrale et de l’Est à se trouver à la tête d’une mission ou d’une opération militaire internationale menée sur le sol africain. Le 12 juin dernier, le général de brigade František Ridzák a en effet pris le commandement tournant de la mission de formation de l’UE au Mali, où opèrent un peu plus de 700 soldats d’une vingtaine de pays.
Au nombre de 120, auxquels il convient d’ajouter l’état-major de commandement composé d’une quarantaine d’autres soldats, les Tchèques sont présents dans cette mission appelée EUTM Mali depuis le début, en février 2013. Concrètement, le contingent tchèque veille à la surveillance du quartier général de la mission européenne à Bamako et de l’école militaire de Koukiloro, tout en participant également à la formation et à l’entraînement des forces armées locales.
Si ce commandement constitue une grande première dans l’histoire de l’Armée tchèque, force est néanmoins de constater que l’évolution de la situation au Mali, bien que particulièrement préoccupante, retient assez peu l’attention des médias tchèques. Tout comme d’ailleurs l’approbation, par le Sénat, le 12 août dernier, de l’envoi de soldats au Mali, au Niger et au Tchad pour soutenir l’action de l’Armée française dans le cadre de l’opération Barkhane de lutte contre la progression des groupes djihadistes et la détérioration de la situation sécuritaire. Ainsi, à l’horizon 2022, jusqu’à soixante soldats tchèques pourront être déployés en fonction des besoins.
Le général de brigade František Ridzák à l’école de Bamako, photo: Jakub Šimíček/Site officiel de l’Armée tchèque Le général de brigade František Ridzák à l’école de Bamako, photo: Jakub Šimíček/Site officiel de l’Armée tchèque
Essentiellement militaire, cet engagement tchèque a été renforcé, en octobre dernier, par la réouverture de l’ambassade tchèque à Bamako. Tout en jouant un rôle clé dans le renforcement de la coopération sécuritaire, cette action diplomatique s’inscrit très concrètement dans le cadre de la stratégie du gouvernement pour soutenir la stabilisation et le développement du Sahel.
L’annonce faite mercredi à Berlin par le ministre de la Défense n’est donc pas surprenante. Comme en Afghanistan, où ses soldats opèrent depuis de nombreuses années, l’Armée tchèque entend rester fidèle aux engagements pris au Mali aussi. Tout en attendant une clarification d’une situation particulièrement confuse suite à la prise du pouvoir par les militaires, Lubomír Metnar a ainsi tenu à « insister sur le fait que la sécurité de nos soldats n'y est pas menacée ». Et même si les activités de la mission européenne sont pour l’heure suspendues en raison des circonstances, comme l’a confirmé Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, instructeurs et formateurs sont restés sur place pour reprendre « leurs activités aussi vite que possible ».
Le gouvernement tchèque, qui considère la lutte contre le terrorisme aussi comme un moyen de limiter la migration illégale, s’en tient donc à ce discours. Lubomír Metnar a expliqué qu’il en allait du prestige de l’UE dans la région, ainsi que de la possibilité de participer à faire en sorte qu’un gouvernement civil revienne au pouvoir au Mali, l’usage de la force et d’une voie inconstitutionnelle étant toujours selon lui, en référence au putsch malien, « contraires aux principes européens. »