Au cours d’une conférence tenue le mardi 25 août à l’auto gare de la Guinée sise à Djocoroni-Para, les syndicalistes de la fédération nationale des groupements professionnels des transporteurs routiers du Mali (Fenagroup) ont interpellé la junte par rapport à la formation du prochain gouvernement.
Pour la réussite du projet « refonder le Mali », les syndicalistes des transporteurs demandent à ce qu’ils soient aussi représentés dans le prochain gouvernement.
Selon le secrétaire adjoint Diawara, la conférence visait à faire un point sur l’actualité du Mali : l’embargo et les différents problèmes des transporteurs qui n’ont pas fait l’objet de satisfaction par les autorités. « Nous félicitons le comité national pour le salut du peuple pour l’acte qu’il a fait. Nous interpellons aussi les militaires en leur disant que nous sommes là. Il faut qu’ils nous écoutent aussi, le moteur du développement passe aussi par le domaine du transport », explique Sirima. A l’entendre, les difficultés restent nombreuses dans le secteur du transport. « Les difficultés sont vraiment là. Quand tu prends les taxis et les sotrama dans la ville de Bamako, on leur demande de payer quelque chose à chaque virage ou rond-point. Même si les pièces sont correctes, les autorités routières leur demandent de l’argent. Il y a un problème d’infrastructure routière, des difficultés résident au niveau du dédouanement des véhicules aujourd’hui », confie le conférencier. Selon lui, l’avènement d’un « Mali nouveau » nécessite la résolution de ces difficultés. Il faut qu’on porte à la connaissance du CNSP qu’il y a des abus qui se passent dans le domaine du transport différemment de tout ce que le citoyen lambda connait, a-t-il précisé, insistant sur ceci : « Il faut que le CNSP sache qu’on a des besoins à résoudre ».
Quant à El Hadj Fakana Keita, syndicaliste transporteur, les transporteurs sont fatigués dans ce pays et bénéficient peu de considération. Pour ainsi pallier ce déficit, le syndicaliste sollicite à ce que le département ministériel du transport soit désormais confié aux transporteurs. Puisque, ajoute-t-il, « aucune personne ne peut connaitre le domaine mieux que les transporteurs eux-mêmes ». Sous le régime IBK, les transporteurs ont, selon lui, connu de fraction. Maintenant que le changement est arrivé, nous devons veiller à ce que les choses soient mises sur la bonne voie, enchaine-t-il. « La gestion de la démocratie issue des évènements de 1991 a été faite sur le dos des transporteurs. Avant l’arrivée de cette date, une personne pouvait nourrir une famille entière avec une charrette. Mais depuis l’avènement de la démocratie, on ne peut plus nourrir sa famille avec deux camions », soutient le secrétaire général de Fénagroup.
Aly Karambé se dit content du départ d’IBK : « Dans ces derniers temps, nous avons fait près de 40 grèves. Avec l’implication des cadres et hauts fonctionnaires dans le secteur, les transporteurs ne gagnent rien, ceux-ci paient moins de taxe que nous. Ils ont fait du domaine un lieu de blanchiment d’argent ». Le syndicaliste rappelle que les transporteurs ont également contribué à la chute de IBK. Selon le conférencier, les transporteurs bénéficiaient des dettes de la part de l’État sous le régime de dictature. « Quand certains transporteurs ont eu de difficultés pour éponger leur dette, Moussa Traoré a, à l’époque, adopté le droit de traversée. C’était pour permettre aux transporteurs de payer leurs dettes. Avant sa chute, nous avons pu payer toutes les dettes, encaissant à la banque 1 milliard. Cet argent atteindra plus de 8 milliards par la suite. Le gouvernement démocrate a pris presque tout cet argent aujourd’hui », a-t-il exprimé, demandant l’aide à la junte pour récupérer cet argent. Et de poursuivre en ces termes : « La démocratie a été une erreur pour nous les transporteurs. Si le CNSP est là pour le salut du peuple, il doit comprendre que le premier moteur du développement est ce secteur. Si les militaires sont les soldats de la sécurité, nous sommes les soldats du développement ». Au CSNP, Aly sollicite à ce que la part de l’opposition et la majorité revient à la société civile. « Les dernières législatives attestent qu’il n’y a ni de l’opposition ni de la majorité au Mali », a-t-il clarifié.