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Les défis économiques de la transition politique
Publié le vendredi 28 aout 2020  |  Nouvelle Libération
Troisième
© aBamako.com par AS
Troisième rencontre entre la CEDEAO et le CNSP
Bamako, le 24 août 2020 la délégation de la CEDEAO a rencontré pour la troisième fois le comité National pour le Salut du peuple au ministère de la défense
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La transition politique a effectivement commencé avec la démission d’IBK et la prise du pouvoir par le CNSP. Sa forme initiale est appelée à évoluer avec l’éventuelle inclusion d’autres composantes sociopolitiques du pays et la mise en place d’organes de gestion et de délibération.




Ce qui ne changera pas par contre est l’état désastreux dans lequel le régime d’IBK a laissé les finances publiques du Mali et les conséquences économiques de cette mauvaise gestion sur l’économie nationale. Ce qui ne changera pas, ce sont les besoins immenses des populations maliennes en presque tous les domaines de la vie matérielle.

L’euphorie du changement de pouvoir peut faire penser à beaucoup de Maliens que le seul fait d’avoir de nouveaux dirigeants présumés compétents et honnêtes résoudra les problèmes qui les assaillent au quotidien. S’il est bien compréhensible de voir de nombreuses personnes espérer, souhaiter et même penser que le patient Mali est enfin arrivé entre les mains de bons médecins, après 60 ans de traitements sans succès qui l’ont conduit à l’agonie, il faut se rappeler que le cancer dont souffre désormais le Mali s’est métastasé et touche désormais à tout le corps social. Oui, il faudra un miracle pour rétablir le Mali, mais ce miracle demandera du temps, des cures désagréables et une volonté inébranlable du Mali à s’accrocher à la vie.

Dans l’immédiat, la transition hérite d’un pays de 18-20 millions d’habitants qui n’a jamais autant produit de richesses matérielles dans son histoire, et qui cependant n’a jamais connu autant de pauvres. Le nombre de Maliens vivant dans la pauvreté et dans l’indigence en 2020 dépasse le nombre de Maliens que comptait le Mali en 2000.

Ce paradoxe apparent s’explique par la montée des inégalités et l’accaparement toujours plus croissant des ressources nationales par la bureaucratie qui dirige le pays depuis 1960. Les résultats de toutes les enquêtes auprès des ménages réalisées par l’INSTAT démontrent que la catégorie sociale la plus aisée et de très loin est celle constituée par les travailleurs des services publics.

C’est cette même catégorie qui a fourni en très grande proportion tous les dirigeants politiques du Mali de son indépendance à aujourd’hui. Or, elle n’est pas productive en elle-même et son accaparement des ressources nationales n’est fondé que sur des pratiques prédatrices qui puisent leurs racines dans la longue histoire pré-coloniale puis coloniale du pays.

Le premier défi de cette transition en matière économique, qui conditionne son succès à court terme et à long terme, est l’élaboration d’une nouvelle entente nationale, explicitement fondée pour la première fois, entre le peuple malien, son Etat et sa bureaucratie et ses dirigeants politiques, autour du rôle de l’État, de sa bureaucratie et de la rémunération de sa bureaucratie en fonction des services qu’elle rend effectivement au pays.

À court terme, la transition doit prendre à bras le corps cette question car il s’agit de se créer des marges de manœuvre financières pour gérer le pays et continuer la guerre contre toutes les groupes armés ennemis du pays, mais aussi de jeter les bases d’un nouveau partenariat qui évitera au Mali une nouvelle période transitoire, qui consacrera la dislocation du pays. Comment faire et quels sont les autres défis économiques ? Ce sera dans notre prochaine parution.

Abdoulaye Chaka Bagayoko

Source : Nouvelle Libération
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