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Edito : Libération d’IBK, une prime à l’impunité ?
Publié le lundi 31 aout 2020  |  Infosept
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© aBamako.com par AS
Adresse à la Nation du Président IBK
Bamako, le 09 Juillet 2020, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita s`est adressé à la nation en vue de décrisper la crise sociopolitique.
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Renversé par une junte militaire le 18 Août 2020, l’ex-Président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Keita, IBK, a recouvré sa liberté le jeudi 27 Août 2020 au petit matin, après neuf jours de détention au camp Soundiata de Kati, à quinze kilomètres de Bamako. Cette libération est l’une des concessions faites par le CNSP à la CEDEAO qui a mis le Mali sous embargo après la rupture constitutionnelle et cela conformément aux principes de l’organisation sous-régionale. Nul ne doit blâmer la CEDEAO pour avoir sanctionné le Mali après que les militaires aient posé un acte qui s’apparente à un coup d’Etat. Donc, sur la forme il ne doit pas y avoir plainte, car le Mali a ratifié toutes les conventions et accords en tant qu’Etat partie de la CEDEAO. Mais la plainte, c’est sur le fond. Comment pourrait-on soumettre sous embargo et exiger du CNSP et de surcroit du Mali la libération d’un ancien Président de la République à qui on pourrait reprocher des crimes les plus abominables ?

La libération d’IBK est une prime à l’impunité et une caution à la mal gouvernance. Il doit répondre des actes et de plusieurs chefs d’accusions dont certains pourraient être qualifiés de haute trahison. Il ne serait d’ailleurs pas le seul, car tous ceux qui ont pillé les caisses de l’Etat, tous ceux qui ont détourné l’argent du contribuable malien doivent répondre de leurs infractions. La CEDEAO aurait dû compatir aux douleurs du peuple malien qui a enduré le martyr pendant sept longues années de gestion chaotique du régime IBK. Donc, vouloir libérer ce dernier comme si de rien n’était est tout simplement une insulte à l’intelligence collective et une prime à l’impunité.

A analyser de près l’acte que l’organisation sous régionale a posé, on est tenté de se poser deux questions essentielles. Doit-on réellement sanctionner un pays qui a été agressé, pillé et spolié pendant sept ans par ses dirigeants au nez et à la barbe des chefs d’Etat de la CEDEAO? Comment peut-on punir un pays en proie à des attaques terroristes quasi quotidiennes ? Selon tous les grands analystes et observateurs de la scène politique malienne, les sanctions de la CEDEAO sont disproportionnées et affaibliraient davantage le Mali dans son combat contre le terrorisme.

Au lieu de se hâter à prendre des sanctions, les chefs d’Etats de la CEDEAO auraient dû intervenir en amont pour interpeller leur homologue IBK afin qu’il arrête de faire saigner son pays. Les Présidents Ivoirien et Guinéen, les deux irréductibles partisans des sanctions contre le Mali, ont surtout peur qu’une situation similaire ne se produise chez eux. Sinon, les autres chefs d’Etat se sont vite rendus à l’évidence que le retour d’IBK et les sanctions touchant les produits de première nécessité sont non seulement irréaliste, mais aussi et surtout, contreproductives et ne feront qu’aggraver la situation déjà délétère du Mali.

En somme, pour ne pas faire souffrir davantage le vaillant peuple malien, pour éviter que la dernière digue protectrice des pays de la sous-région en général et celle du Sahel en particulier, ne rompe, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont convoqué un sommet extraordinaire, tenu par visio-conférence. Au cours de ce sommet, ils ont d’abord mesuré les conséquences de leurs sanctions sur la vie de la population malienne et pour une sortie rapide de crise, avant de les alléger pour donner une chance au dialogue inter malien autour de la transition.

Youssouf Sissoko
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