Il est souvent demandé aux peuples africains de choisir entre des militaires qui viennent pour libérer un peuple meurtri et des politiques véreux qui viennent par des chemins les plus tortueux pour conserver le pouvoir. La vigilance et la clairvoyance sont de rigueur pour opérer un tel choix.
Au Mali, les militaires ont simplement arraché le pouvoir à un dictateur qui ne demandait plus qu’à le rendre, tant les coups de boutoir de certaines organisations populaires ont été efficaces. Le régime était finalement à bout de souffle. Les uns parlent de coup d’Etat, les autres d’intervention salvatrice des militaires qui ont fait irruption sur la scène politique.
Dans d’autres pays, les dirigeants ont procédé à un tripatouillage tous azimuts de la constitution pour se maintenir au pouvoir. Ils éliminent systématiquement les opposants susceptibles de leur faire de l’ombre avec une justice aux ordres. Pour ce faire, ceux qui sont chargés de rendre la justice et de veiller sur la transparence des élections sont choisis par les tenants du pouvoir. C’est ce qu’on appelle coup d’Etat constitutionnel.
Pour revenir au cas malien, il serait juste de rappeler que c’est un mouvement populaire qui a désorienté et affaibli le régime. Les militaires n’avaient plus qu’à cueillir le fruit mûr. La première leçon à tirer de ces évènements consiste à réaliser que le peuple malien a les yeux ouverts. Un mouvement populaire bien organisé peut venir à bout de tous les régimes corrompus, qu’ils soient civils ou militaires.
Si la situation a changé au Mali, c’est avant tout grâce à la persévérance de ceux qui ont suscité la révolte de leurs concitoyens. Aussi, ils doivent se trouver aux côtés des militaires dans la gestion d’une Transition qui doit aboutir à l’avènement de la société nouvelle tant réclamée par les maliens. Une Transition purement militaire est loin d’être rassurante pour un peuple déjà vacciné. « Un chat échaudé craint l’eau froide. ».
Le patriotisme des militaires ne fait aucun doute. N’oublions pas non plus que de valeureux cadres ont démissionné de la Primature et des ministères hautement stratégiques pour incompatibilité avec le régime défunt. Ils sont légion à l’intérieur comme à l’extérieur. C’est dire tout simplement que civils et militaires doivent travailler en symbiose pour gérer la Transition.
L’avenir est à nous à la seule condition de choisir les femmes et les hommes qui peuvent apporter le changement. Ceux qui ont mis le Mali dans cette mauvaise situation par leur mauvaise gouvernance, doivent avoir l’humilité de se taire au moins.