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Fabrication de sacs en plastique : Un métier en plein essor
Publié le jeudi 3 septembre 2020  |  L’Essor
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Les objets utilitaires confectionnés à partir des nattes en plastique artisanaux s’arrachent comme du petit pain. Grossistes, détaillants et fabricants, chacun y trouve son compte.
Le Mali regorge de talents qui excellent dans la confection de produits artisanaux. En la matière, la fabrication de sacs à main, de sacoches, de paniers pour ménagères, à partir des nattes en plastique est en plein essor dans notre pays. Ces joyaux artisanaux s’arrachent comme du petit pain. Grossistes, détaillants et fabricants, chacun y trouve son compte.

C’est le cas de Bemba Coulibaly. Il se dit fonctionnaire de l’enseignement fondamental en congé de formation à l’Ecole normale supérieure (Ensup), où il prépare une licence en histoire et géographie. Installé sous un petit hangar de fortune à l’entrée du quartier de Daoudabougou, non loin d’un croisement, son atelier est sollicité tel un magasin de curiosités. C’est là que nous l’avons rencontré le lundi semaine dernier. Son collègue, Soumi Coulibaly, et lui étaient en train de fabriquer des sacs à main et des paniers pour ménagère à partir de nattes en plastique. Une fumée piquante qui s’échappe du fourneau pollue l’atmosphère. En effet, notre interlocuteur, surnommé Maïga (un nom que son entourage lui a collé en référence à son homonyme), brûle des plastiques, laissant dégager une odeur gazeuse tout autour de sa fabrique de fortune. Où sont visibles, installés devant lui, des instruments rudimentaires, avec lesquels l’ouvrier fait des miracles.

FOURNEAU REMPLI DE BRAISES Comme outil de travail, Bemba Coulibaly se sert d’un fourneau rempli de braises et de quatre couteaux qui, à force d’être enfoncés dans le feu, rougissent à l’aide de ces poignards qu’ils aiguisent pour les rendre plus tranchants, l’artiste se saisit des morceaux de nattes posées par terre pour les découper. Il soude les pièces utiles pour en faire un objet d’art qui sera écoulé sur le marché. «Je pratique ce métier à Bamako depuis deux ans. Je m’approvisionne en nattes, fabriquées ici même au Mali, auprès des grossistes au Dabanani, au Grand marché de Bamako.

Tous les trois jours, j’achète 40 à 45 nattes à 1.500 Fcfa l’unité», précise-t-il. Il peut, selon lui, fabriquer sur commande trente sacs par jour, voire plus et consomme au moins 500 Fcfa de charbon. Maïga ajoute que, souvent, des gens s’arrêtent au passage pour passer des commandes (deux à trois sacs de modèles différents). Quelques heures plus tard, ils reviennent pour les récupérer, affirme l’artisan.

En la matière, Bemba Coulibaly produit différents modèles de sacs : en formes rondes, rectangulaires, cylindriques… Le respect de la mesure est capital. Les sacs de taille moyenne mesurent 28 cm de longueur sur 27 cm de largeur, le corps étant estimé à 32 cm. Les plus gros mesurent 38 à 40 cm le côté. Leurs prix varient de 2.500 à 3.000 Fcfa l’unité. Les sacs sur lesquels sont gravés les noms du client, une pratique à la mode chez les femmes, sont cédés à 3.000 Fcfa. Sur certains paniers déposés tout autour sont dessinés des fleurs toutes aussi jolies les unes que les autres. Ces œuvres d’art attirent forcément le regard des passants. Comme Aminata Kébé qui était de passage ce jour-là. Elle gare son véhicule pour faire ses achats. «J’adore cet artisan car, on sent qu’il a l’amour de son métier. À chaque fois que je passe par là, je trouve de nouvelles créations et je ne peux m’empêcher d’en acheter quand j’ai de l’argent. Le produit est purement traditionnel et c’est joli», commente-t-elle, avant d’en acheter quatre de couleurs et de modèles différents.

30.000 À 50.000 FCFA par jour

Si Aminata peut s’approvisionner directement chez le fabricant, tout le monde n’a pas cette possibilité. C’est pourquoi, des dizaines de personnes gagnent leur pain quotidien en écoulant ces produits d’art. «Il y a trente revendeurs dans mon entreprise, sans compter ceux qui y viennent d’eux-mêmes pour se ravitailler en nattes, afin de les livrer dans la ville, à des prix abordables. Je leur cède l’unité entre 1.500 et 2.000 Fcfa», confirme l’artisan.

Batosse Coulibaly, revendeuse, est une cliente fidèle. «Un jour, en allant à la maison, j’ai trouvé un sac très joli chez Bemba que j’ai acheté à 2.000 Fcfa. Il a beaucoup plu aux gens. Un jour, je suis revenue lui dire que leur sac plait beaucoup de gens et il m’a donné l’idée de me lancer dans ce commerce. C’est là que j’ai décidé entièrement de me lancer dans ce domaine. Sur ce, il me donne les différents modèles de sacs à un prix convenable qui varie entre 1500F et 4000F. Aujourd’hui, grâce à cette revente, je gagne beaucoup pour satisfaire mes besoins.

Quid du fabricant lui-même ?

«J’ai pu réaliser beaucoup de choses grâce à ce métier. Je n’avais ni terrain à usage d’habitation, ni frigo, encore moins de fauteuils dans mon salon. Aujourd’hui, j’ai pu m’offrir tout cela grâce à mes recettes quotidiennes qui tournent autour de 30.000 et 50.000 Fcfa. Cette année, je me suis payé une voiture. Et je n’ai même pas besoin de mon salaire d’enseignant dans l’immédiat», répond l’artisan. Il déplore les conséquences graves de ce travail sur la santé. Il dit avoir subi des soins intensifs pendant plusieurs jours. Il arrivait à peine à respirer. Sa santé s’est améliorée et il a repris le boulot maintenant. Mais, il continue de travailler sans masque pour se protéger contre le gaz toxique. Frère aîné de sa famille et père de deux filles, Bemba jouit d’une grande expérience dans l’exercice de ce métier qu’il a appris sur le tas, depuis son jeune âge, auprès d’un de ses cousins installé à Fana, dans la région de Koulikoro, à environ de 120 km de Bamako. Bemba Coulibaly exerçait ce métier durant ses temps libres. C’était juste, selon lui, pour s’occuper pendant cette période généralement consacrée aux loisirs. Avec la propagation de la pandémie du coronavirus dont l’une des conséquences a été la fermeture prolongée des écoles, le trentenaire en a fait son activité principale. Et il se frotte les mains.

Fadi CISSÉ

Source: L’Essor- Mali
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