Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a lancé, le week-end dernier, sur l’ensemble du territoire national, les Concertations nationales devant définir le format de la transition militaro-civile. Mais au fond, elles cachent mal le projet de mise à l’écart du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et le retour déguisé de l’ADEMA et ses rejetons aux affaires dont certains barons tirent déjà les ficelles dans l’ombre depuis le lendemain du coup d’État.
Avec les Concertations nationales initiées par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), auteur du coup d’État du mardi 18 août dernier contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), les Maliens, dans leur grande majorité, pourront dire adieu à l’avènement du Mali nouveau réclamé à cor et à cri par les militants et sympathisants du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5- RFP). Il faut dire que sans nul doute elles préparent le retour des forces rétrogrades au pouvoir, incarnées par l’ADEMA et ses rejetons (RPM, URD, ASMA-CFP…) dont bien de leurs cadres sont aujourd’hui décriés par le peuple malien pour s’être rendus coupables de la déliquescence de l’Etat du Mali à travers la gestion désastreuse qu’ils ont érigée en mode de gouvernance pour piller le pays en bandes organisées.
Le nouveau départ, qui devrait être amorcé avec le départ du pouvoir du dernier représentant de la dynastie ADEMA, est déjà en panne. Il est déjà pris en otage par des caciques de l’ordre ancien qui tirent les ficelles dans l’ombre et dont quelques uns ont des accointances avec certains officiers du CNSP. Ils seraient, aux dires de sources crédibles, les initiateurs des Termes de référence (TDR) des Concertations nationales dont les travaux ont débuté ce samedi sur l’étendue du territoire malien avec comme objectif d’exclure le M5-RFP de la gestion de la transition.
Il est clair qu’avec ce jeu trouble du Comité national pour le salut du peuple, le sort d’une véritable refondation de l’État malien vient d’être scellé. Les hommes et les femmes avec lesquels ils travailleraient dans l’ombre pour la restauration sont les vrais ennemis du Mali et des Maliens. On se rappelle qu’ils ont mis un frein au kokadjè (assainissement de la vie publique) en 1991. La raison ? La plupart des cadres de l’ADEMA avaient le pantalon troué, c’est-à- dire qu’ils étaient comptables de la mauvaise gestion de l’ancien parti unique. Et pour se soustraire des poursuites judiciaires, ils ont organisé un semblant de procès contre l’ancien président Mousssa Traoré pour amuser la galerie. Il n’a concerné que les événements de mars 1991. Alors que le peuple s’entendait à un procès couvrant les vingt-trois ans (23) ans de règne du général Traoré (19968-1991). Ces vrais faux démocrates prédateurs ont, durant vingt- huit (28) ans de règne sans partage, détruit tous les pans de notre tissu socioéconomique dans le seul but de bâtir des fortunes colossales afin de maintenir leurs compatriotes dans la misère et dans la dépendance.
Ce piège des Concertations nationales, qui seront certainement une rampe de lancement du retour de l’ADEMA et de ses enfants fâchés pour récupérer de nouveau le pouvoir à la fin de la transition, doit être évité à tout prix par le peuple malien dont la victoire est en passe d’être confisquée par des gens qui ne peuvent plus vivre en dehors des rouages de l’État. Si nous voulons ce Mali de rêve dans lequel il y aura la justice sociale sans laquelle tout est voué à l’échec, il serait bon d’appliquer l’ostracisme à certaines personnes qui s’acoquinent avec tous les régimes pour leurs propres intérêts nauséabonds. Ces gens-là sont connus de tous et ils n’ont travaillé que pour eux-mêmes et leurs familles depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays, laissant les autres baigner dans un océan de pauvreté généralisée, d’humiliation et de marginalisation.
Ainsi, l’organisation des Concertations nationales, c’est pour noyer le poisson et une énorme perte de temps qui ne profitent qu’aux hommes forts de Kati et à leurs politiciens aigris tapis dans l’ombre pour s’accaparer de la victoire du peuple afin qu’ils ne rendent pas compte de leur gestion chaotique dont les conséquences continuent d’enfoncer le pays avec la mort des nos soldats engagés au front pour la défense de la patrie. Qu’ils sachent que leur supercherie est éventrée. Elle ne vise que la mise à l’écart du M5-RFP, accusé aujourd’hui par les restaurateurs de trop pousser le bouchon. Ils se voient déjà dans l’œil du cyclone quand il sera question de l’audit de leur gestion calamiteuse. Et si les Maliens ne prennent pas garde, les conclusions desdites concertations seront en faveur des forces rétrogrades qui pensent que le Mali est leur propriété privée dont elles peuvent pomper à tout moment les richesses nationales à leur souhait et au profit de leur progéniture.
Sinon comment comprendre qu’après avoir écouté toutes les forces vives de la nation qui se sont toutes prononcées sur le format de la transition, on parachute encore sur la tête des Maliens d’autres concertations devant définir le profit des hommes et des femmes qui auront la charge de diriger la transition jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. Il y anguille sous roche.
Il serait alors illusoire de dire qu’on a parachevé l’œuvre patriotique du M5- RFP et après marché avec les ennemis de la nation malienne qui ne se soucient que de leur confort. Ces prédateurs de notre économie nationale, à les entendre, veulent que le peuple fasse table rase de leur gestion calamiteuse. Et ils n’hésitent pas à dire que nous sommes tous responsables du chaos dans lequel qu’ils ont plongé le Mali pour leurs propres intérêts sordides.
Qu’ils sachent que le règne de l’impunité est désormais aux oubliettes de l’histoire !