Art et CultureThéâtre : Insertion socioprofessionnelle via les arts de la scène : La restitution du projet « Parole de Corps » a tenu toute ses promesses
Du 4 au 6 septembre 2020 au cinéma El Hilal de Medina Coura, 41 jeunes danseurs et comédiens souffrant de déficience auditive de Bamako, Koutiala et de Ségou, ont présenté sur scène et dans la rue le fruit de deux années de formation en danse et théâtre. Ce projet, conçu comme un espace d’inclusion pour les déficients auditifs a été financé par Voice en partenariat avec l’Association Malienne des Sourds (AMASourds).
Parole de Corps est un projet innovant porté par la compagnie Famu DANSE, association malienne créée en 2017 à Bamako par le danseur et chorégraphe malien Daouda Keita, formateur des jeunes malentendants en collaboration avec Kuma SO Théâtre. Au cours de 3 soirées de restitution, le public a eu l’occasion d’apprécier le talent des jeunes maliens dans des créations de qualité, et applaudi une troupe d’art au-delà du Handicap.
« L’ambition de tous est de former de jeunes professionnels qui pourront ensuite soit créé leur propre compagnie, soit intégrer des troupes existantes. Au-delà de ces débouchés, grâce à ces nouvelles compétences, tous ont à cœur de renforcer la confiance en soi, l’expression et l’inclusion sociale de ces jeunes, au sein de leur famille et de leur communauté », a déclaré, Coumba Dieng, coordinatrice du projet Famu danse.
A ses dires, grâce au projet Parole de Corps, ces jeunes détenteurs de droits sauront désormais porter la voix de personnes vivantes avec une déficientes auditives et des personnes vivantes avec un handicap en général, en contribuant à lutter contre leur exclusion.
Daouda Keita, directeur artistique de la compagnie Famu danse, formateur, a indiqué que, c’est le premier gros projet que Famu danse a mis en place depuis sa création. «Etre malentendant ce n’est pas un handicap en soi, en termes de danse. Ils sont capables de faire des mouvements et on arrive à travailler avec eux à travers des codes. Nous les formons en danse contemporaine pour qu’ils puissent être des danseurs, et des metteurs en scène. Après ces deux ans, je suis fier, et satisfait de ce que j’ai vu de la part de ces jeunes. Désormais le Mali a des jeunes danseurs malentendants », a-t-il déclaré.
Demba Diallo, président du comité de gestion de l’école de déficience auditive, représentant des parents, se dit fier de cette initiative. Pour lui, l’incroyable est de voir ces enfants qui ne parlent pas, qui n’entendent pas, mais qui dansent avec le rythme de la musique. Pour cela il a remercié et félicité le formateur pour son engagement et son courage.
Sitan Coulibay, représente de Voice, a souligné que, ce projet met l’accent sur le renforcement, la participation de jeunes filles et garçons marginalisés à la vie citoyenne. Elle dira que leur participation à ces activités favorise leur insertion socio professionnelle et dans le secteur des arts.
Pour la petite histoire, en 2018, Daouda Keita rencontre les jeunes malentendants de l’école spécialisée de Bamako, dans le quartier Hippodrome. Il découvre leur capacité extraordinaire à s’exprimer au travers de la langue des signes, et apprend auprès d’eux à rendre plus précis et plus compréhensible son geste chorégraphique. Il a alors l’intuition que ces jeunes filles et garçons pourront à leur tour devenir danseurs ou comédiens. Ainsi nait une première phase pilote du projet, qui rencontre un vif succès, dans les écoles pour déficients auditifs de Bamako et de Koutiala, grâce au soutien de la Direction du Développement et de la Coopération Suisse et OXFAM.
Fin 2019, grâce au soutien de VOICE, c’est tout naturellement que le projet prend une nouvelle ampleur en créant deux cursus de formation, en danse et théâtre, pour 41 jeunes, dans trois écoles spécialisées de Bamako, Koutiala et Ségou, pour une durée de deux ans, en partenariat avec l’Association Malienne des Sourds (AMASourds).