Le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu une conférence de cadres extraordinaire, le 04 Septembre 2020, à l’Hôtel de l’Amitié de Bamako. A l’ordre du jour, les concertations nationales dont les travaux préparatoires ont démarré samedi.
Sous la houlette du Président, Bokari Tréta, l’événement a mobilisé plusieurs caciques de l’ancien parti présidentiel. Les secrétaires généraux des sections, des élus régionaux et communaux, les présidents des mouvements de femmes et jeunes ainsi que des militants et sympathisants ont massivement convergé pour prendre part à ce rendez-vous plein d’émotions. Et pour cause, elle est consécutive à la contestation née des derrières législatives ayant finalement emporté le président IBK. S’y ajoutent les coups durs des dissidents et des querelles intestines de positionnement ayant affaibli la cohésion du parti. Mais l’heure était beaucoup plus à l’oubli des épisodes malheureux au profit des préoccupations de l’heure : la détermination d’une position du parti par rapport à la gestion de la transition. Et, selon le secrétaire général Baber Gano, le RPM ne voit point les acteurs du coup d’Etat du 18 Août comme des adversaires mais des régulateurs de la scène politique.
Au-delà du coup d’état, cette première rencontre sans le président fondateur au pouvoir, IBK, était un moment de tristesse pour tout le parti. C’est en tout cas ce que Dr Bokary Tréta, d’une voix à peine audible, a expliqué à ses camarades qui retenaient à peine leurs larmes. «On se retrouve sans IBK, ce n’est pas parce que nous n’avons pas été dignes, pas parce que nous n’avions pas souhaité que les choses se passent autrement, pas parce que nous ne nous sommes pas battus. Nous avons tenté au mieux de ce que nous pouvons faire, mais aujourd’hui ce grand projet a été renversé par un coup d’Etat miliaire parce que n’ayant pas satisfait aux attentes des Maliens», a-t-il déclamé.
Très ému, il a résumé le bilan des sept ans de gouvernance d’IBK par «des regrets et insatisfactions». «L’engagement et la dignité avec lesquels le peuple du RPM s’était mobilisé pour élire IBK n’ont pas été au rendez-vous dans la gestion du pouvoir. Conséquence : le parti s’est affaibli. Le clanisme a alors pris le dessus sur l’esprit collectif. Outre la grande famille RPM, le désespoir s’est aussi emparé de nombreuses personnes ayant placé leur confiance en IBK. Ainsi, une grande partie du peuple malien, après l’euphorie de 2013 et de 2018, s’est détournée du projet de société du parti », admet le premier responsable et successeur du président déchu à la tête du RPM. Les Maliens ont eu le sentiment que notre portail politique n’a pas été à la hauteur de leurs attentes, a-t-il courageusement déclaré, en assumant les nombreuses, lacunes, frustrations et insatisfactions ayant émaillé les sept dernières années. Aucune fuite de responsabilité, a toutefois mentionné le président, indiquant que le RPM doit accepter et assumer que le coup d’Etat du 18 août est consécutif à l’échec dont le parti est responsable car les sept ans de gouvernance jalonnée de scandales de corruption, de favoritisme n’est pas le passif du seul président d’IBK. Bien au contraire, le parti a aussi sa part de responsabilité pour avoir manqué d’audace et de courage de dire certaines vérités au chef, estime Tréta, en expliquant qu’IBK a manqué de conseils avisés.