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Géopolitique : La Chine, victime de ses succès économiques, technologiques, commerciaux et diplomatiques
Publié le mardi 8 septembre 2020  |  Le Prétoire
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Aujourd’hui, sur fond d’un regain de tensions commerciales et politiques, la dynamique de la tension géopolitique entre les États-Unis, l’Union Européenne (alliée naturelle des USA) et la Chine ne cesse d’accélérer et le périmètre des secteurs stratégiques s’élargissent (économie, télécommunication, finances, santé, espace, politique interne, etc.). Cette tension devient une composante permanente et perturbe l’économie mondiale.
Disons que cela n’est pas une surprise en soi, si l’on sait que les relations sino-américaines sont des liens, à la fois de concurrence et de coopération. La plupart des analystes constatent que ces relations sont complexes et à multiples facettes : les deux pays ne sont ni alliés ni ennemis, mais sont néanmoins deux grandes puissances aux économies liées. L’exécutif américain ne considère pas la République populaire de Chine comme un adversaire, mais un concurrent dans certains domaines et un partenaire dans d’autres.

En outre, depuis deux décennies déjà, l’inquiétude des Américains est d’autant plus grande que l’opinion est très largement persuadée que la Chine “jouera dans les dix années à venir un rôle plus important qu’aujourd’hui”. C’est l’avis de 69% des sondés dans une enquête réalisée en 1999 pour le Chicago Council on Foreign Relations. Une majorité absolue (57%) considère le pays de Mao-Zé-Dong comme “une menace potentielle pour les intérêts vitaux des Etats-Unis”.

Tout récemment, selon une étude publiée ce mardi, de plus en plus de Français considèrent la Chine comme la puissance la plus influente du monde, tandis que l’influence des États-Unis décline, dans le contexte de crise sanitaire et économique liée au coronavirus.

Au mois de mai, plus d’un quart des Français interrogés voyaient en la Chine la puissance la plus influente du monde, contre seulement 13% d’entre eux en janvier. La tendance était similaire en Allemagne (de 12% en janvier à 20% en mai) et aux États-Unis (de 6 à 14 %).

Le cap est clair, la Chine ambitionne de dépasser les États-Unis en 2049, année du centième anniversaire de la mort de Mao Zedong.

La détermination des dirigeants chinois paraît néanmoins inébranlable et on ne voit pas en quoi les problèmes commerciaux et sanitaires du moment pourraient altérer la marche en avant de la Chine. Les progrès technologiques réalisés par la Chine lui permettant de dominer les technologies de télécommunication expliquent les inquiétudes des pays occidentaux qui s’alarment des risques de mainmise de Pékin sur des infrastructures vitales pour la sécurité des États.

En effet, la cible est la cinquième génération des technologies mobiles (5G), appelée à devenir la colonne vertébrale de la transition numérique des économies. Autant de domaines où Pékin ambitionne de devenir numéro un mondial. Chose tout à fait normale et compréhensive.

Mais Washington redoute qu’avec la 5G, Pékin puisse perturber ses communications militaires. Et l’administration Trump voit dans Huawei un cheval de Troie. Mais, “Ils ne produisent pas la moindre preuve qui démontrerait comment Huawei nuit à leur sécurité nationale”, a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères de la République Populaire de Chine, Lu Kang.

C’est également dans ce contexte de concurrence et surtout à quelques mois de la présidentielle américaine qu’il faut situer aussi les cas de TikTok, l’application la plus utilisée par les jeunes américains et la signature d’un décret présidentiel mettant fin au statut commercial préférentiel de Hong Kong ainsi que la promulgation d’une loi ouvrant la voie à des sanctions contre la Chine. « Hong Kong va désormais être traitée de la même manière que la Chine : pas de privilèges spéciaux, pas de traitement économique spécial et pas d’exportation de technologies sensibles », a énuméré le président américain, dans une conférence de presse aux allures de meeting électoral.

Un autre casse-tête diplomatique de Donald Trump est Taïwan l’ouverture d’une nouvelle «ambassade». Cet affront pour Pékin ne peut passer et passera pas au regard de la vigoureuse réaction du Gouvernement Chinois. En effet, jamais depuis son arrivée aux affaires en 2012, Xi Jinping n’avait adressé une telle mise en garde à Taïwan. «Tous les actes et tous les stratagèmes visant à séparer la Chine sont voués à l’échec et s’exposeront à la condamnation populaire et à la punition de l’Histoire», avait-il sèchement prévenu. Cette nouvelle passe d’armes intervient alors que les tensions sont au plus haut entre les deux premières économies mondiales, et que Donald Trump cherche à rendre Pékin responsable de la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 100.000 morts aux Etats-Unis.

Pourtant, il convient de saluer l’effort louable entrepris par le gouvernement Chinois dans le cadre de la coopération, pour venir à bout de cette pandémie dans le monde en général et en Afrique en particulier à travers l’envoi de matériels et de ressources humaines compétentes, mais aussi et surtout l’investissement et la recherche pour la mise au point d’un vaccin qui est au stade des tests. C’est le lieu également de saluer l’Ambassadeur de la République Populaire de Chine au Mali qui mène une véritable diplomatie de proximité dans tous les domaines (santé, éducation, sécurité et j’en passe) qui agit au quotidien pour le renforcement des liens diplomatiques entre nos deux pays et nos deux peuples.

Face à un tel géant autant économiquement, politiquement, diplomatiquement que militairement, plutôt que d’avoir peur l’Occident ne devrait-il pas plutôt chercher à entretenir de bonnes relations géopolitiques avec la Chine, même si cette Chine bouleverse les schémas de pensée dans le monde occidental. En effet, elle ne saurait être montrée du doigt comme un « ennemi » à l’instar de ce que fut l’Union soviétique, et elle ne peut non plus, du fait de la nature de son régime politique, être considérée comme un allié. Cette situation paradoxale s’interprète en termes géopolitiques par la nécessité séculaire du pouvoir chinois de sauvegarder l’intégrité d’un immense territoire pluriethnique par une politique de centralisation tenant compte des spécificités des régions et des peuples.

Déterminés, les Chinois ne confondent pas modernisation avec occidentalisation. Tout en s’inscrivant dans la mondialisation des échanges, ils préserveront leur identité culturelle. Encore une fois, les puissances occidentales ne doivent pas oublier que si elles restent des acteurs incontournables des relations internationales, elles doivent aussi désormais compter sur d’autres partenaires, et des rapports de force qui ne sont plus toujours à leur avantage.

La Chine ne doit pas faire peur car elle déploie une diplomatie axée sur la Paix, la Solidarité et le Développement .En définitive, la civilisation chinoise a manifesté une détermination exceptionnelle pour faire sienne cette modernité étrangère sans pour autant renier les fondements de sa civilisation, sa tradition (confucianisme, taoïsme et bouddhisme) et son héritage historique. Elle a exprimé le besoin de paix et de cohésion sociale pour favoriser son développement économique, facteur indispensable pour hisser le pays au rang de grande puissance : théorie de l’économie socialiste de marché formulée lors du XIVème congrès du PCC en 1992.

Bamako, le 31aout 2020

Dr Djibrilla A. CISSE, professeur de Géographie, Chef de Département d’Enseignement et de Recherche (DER): Histoire et Géographie/Ecole Normale Supérieure de Bamako/MALI

Dr Belko OUELEGUEME, professeur de philosophie au Département d’enseignement et de Recherche : Philosophie/Faculté des Lettres et Sciences Humaines /Directeur malien de l’Institut Confucius
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