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Chronique du Mali / Transition : Civil ou militaire, pourquoi en est on encore là ?
Publié le jeudi 10 septembre 2020  |  Le Républicain
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© aBamako.com par AS
Meeting du Mouvement populaire du 4 septembre 2020 (MP4)
Bamako, le 08 septembre 2020 à la place de l’Indépendance. Le Mouvement populaire du 4 septembre 2020 (MP4) a tenu un meeting de soutien aux Forces armées maliennes pour une transition réussie.
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Le 18 aout 2020, les militaires ont pris le pouvoir qui cherchait un preneur, ses tenants désarçonnés par des manifestants de la désobéissance civile, qui n’ont pas osé s’en accaparer, tel le serpent venimeux et son tueur. Mais les putschistes divisés entre le doute et l’indécision due au manque d’expérience dans l’exercice du pouvoir ne savent même pas s’il faut assumer ou nier le coup d’Etat. Cette dualité dubitative est perceptible, quand on met côte à côte les discours de ‘’parachèvement de la volonté populaire des manifestants du M5 RFP’’, dont fait siens le Comité national de salut du peuple (CNSP) et la publication d’un acte fondamental du CNSP, qui fait de son président le chef de l’Etat. Faut-il craindre le rodage du CNSP dans l’art de gouverner, le goût de savourer les privilèges du pouvoir, dont certaines fréquentations ne mettent pas à l’abri ? C’est toute la hantise de la CEDEAO et de tous ceux qui ont dénoncé frontalement cette prise de pouvoir par l’armée, vue par d’autres comme un mal nécessaire pour couper le nœud gordien et fermer la porte à des aventures encore pire, dont le bain de sang à Bamako, en plus des braisiers du nord et du centre. Que sait-on de la dictature militaire, quant aux jeunes de la trentaine d’années et moins, qui ont manifesté hier à Bamako pour soutenir le CNSP ? Que sait-on de la tentation de se légitimer pour rester un peu au pouvoir, un temps suffisant pour y prendre goût? Le débat enfle : faut-il un militaire ou civil pour le choix du président de la transition et du Premier ministre de la transition ?



Sauf, pour certains témoins, à reprendre la plume pour un devoir de mémoire, les Maliens ne gardent qu'un vague souvenir lointain du pouvoir militaire, qui a régné de main de fer de 1968 à 1991, en prenant soin de se muer à sa façon en régime démocratique: démocratie au sein du parti unique constitutionnel (Union démocratique du peuple malien). Une démocratie intégrée concentrée entre les mains du secrétaire général du parti, qui se trouve également être le président de la République, le chef de l'Etat, le général d'Armée Moussa Traoré. Le parti garantissant ainsi à son chef, outil de culte de la personnalité jusqu'à sa chute en 1991. C'est l'ère du pluralisme politique (multipartisme) avec ses implications démocratiques et répaines. Les enfants d'alors qui ont aujourd'hui la trentaine d'âge,


Quelques principes pourtant connus ont de la peine à s'asseoir dans les mœurs chez nous. L'exigence de la soumission de l'autorité militaire à l'autorité civile principale fois réaffirmée par la hiérarchie lors des forums, est sans doute le propre de la gouvernance démocratique.
Sans doute, la CEDEAO à travers le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance et l'Union Africaine à travers la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance se veulent des sentinelles pour veiller sur le respect de ces principes sans où l’échiquier politique serait une jungle où l’on a le droit de citer les plus forts y compris la force au bout du canon. C'est le principe et il y a l'exception qui confirme la règle.
La réalité de la déception infligée au peuple malien par les pouvoirs civils déchus explique en partie le soutien par défaut aux militaires, hormis la méconnaissance des principes. Dans le cas d'espèce, le régime d'IBK face au courroux des manifestants déçus de `` an tè a bana '' ou du M5 RFP, en sont des illustrations. Autres facteurs d'incompréhension de la classe politique: la divergence des intérêts politiques partisans au détriment de l'intérêt général (pluralité de l'opposition et pluralité de la majorité) déniant l'essentiel commun. Alors même que le pouvoir est tombé, qu'on peut prétexter d'une absence de majorité et d'opposition, les divergences sont au paroxysme, amenant le bas peuple à s'interroger sur la sincérité des discours politiques qu'on est désir de préférer ignorer.


Ainsi le Mali se trouve à la croisée des chemins, à l'instar du CNSP qui tâtonne entre doute, dualiste et duplicité, entre hésitation et indécision. Soutenant qu'il a parachevé l'œuvre du M5 RFP, il constitue le CNSP sans cette organisation dont le péché réside dans l'absence d'organisation. Contrairement à la coordination des mouvements en 1991 qui a siégé avec les militaires au sein du CTSP. Non contents de ne pas composer avec le M5 RFP, le CNSP s'est fendu un acte fondamental qui fait de son président le chef de l'Etat (thèse du putsch qui explose tardivement comme un pétard mouillé). Ainsi, on se retrouve avec un CNSP écartelé entre l'ancienne majorité et l'ancienne opposition, le M5 RFP, jouant les deux à la recherche d'une légitimité que la classe politique divisée risque de lui offrir sur un plateau d'argent.
Le mieux pour les Maliens ne serait-il pas de faire table rase des divergences subjectives et de se fixer comme seul tableau de bord, le Mali et l'intérêt général des Maliens?
Daou
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