Dans le cadre du processus de sortie de crise au Mali, le Mouvement Maliens Tout court a, dans un document, fait plusieurs propositions. En plus de la mise en place des organes de transition, l’organisation propose que les fonctions de membres de la transition soient incompatibles avec l’exercice de toute autre fonction politique, ministérielle ou juridictionnelle, de tout autre mandat ou fonction électif, de toute activité lucrative, de toute fonction de représentation professionnelle ou de tout autre emploi salarié.
Selon le document, au cours de ses soixante ans d’indépendance, le Mali a connu plusieurs crises, mais celle de 2012 a été la plus grave de son histoire suite au déclenchement dans son septentrion d’une rébellion armée séparatiste, en alliance avec des groupes armés terroristes qui écument aujourd’hui encore le nord, le centre, le nord- ouest et même la région de Bougouni au sud.
Et d’ajouter que les signatures de l’accord intérimaire de Ouagadougou du 18 juin 2013 et de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, n’ont pas stabilisé le pays qui enregistre des crimes et des massacres jusqu’ici inconnus dans son histoire.
Selon le Mouvement Maliens Tout court, cette crise politico-sécuritaire a été aggravée par la mauvaise organisation des élections législatives, empirée par l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui a spolié des dizaines de députés de leur victoire. Et cette situation a donné lieu à des contestations qui ont été organisées à partir du 5 juin 2020 par le Mouvement du 05 Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp).
“L’aggravation progressive de la situation a prolongé la crise sociopolitique et entrainé l’intervention de l’armée qui a abouti, à la dissolution de l’Assemblée nationale et à la démission du président de la République M. Ibrahim Boubacar Keita, au cours de la nuit du 18 août 2020”, a laissé entendre l’organisation.
Attachement aux principes républicains
Au regard de ce qui précède, le Mouvement Maliens tout court (MTC), consciente que seuls la tolérance et le dialogue constituent le socle de la paix et de l’unité nationale, réaffirme son attachement aux principes républicains, laïcs et démocratiques ; marque son adhésion aux principes de coopération entre les Etats, édictés dans les actes constitutifs de l’Union africaine et de la Cédéao ainsi qu’à la Charte de l’Organisation des Nations-Unies, à la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948, aux pactes internationaux du 16 décembre 1966 relatifs aux droits économiques, socio-culturels, aux droits civils et politiques ; propose un schéma sur l’organisation et le fonctionnement de l’Etat dans le respect de la forme républicaine, laïque et démocratique ainsi que la mise en place d’organes de transition de sortie de crise.
En vue de donner un caractère endogène aux solutions de sortie de crise, le Mtc estime que celles-ci passent par la désignation d’une médiation capable de mettre les Maliens autour d’une table pour s’accorder sur les formules idoines de conduite d’une transition apaisée, la mise en place d’un organe de médiation devient une nécessité. Ainsi, dit-il, le choix de l’organe de médiation passe par des rencontres informelles de sensibilisation des personnalités susceptibles d’aider à l’identification de la personne, la mieux indiquée pour faire office de médiateur.
A ce titre, l’organe de médiation devra intégrer toutes les initiatives qui concourent à la conciliation de toutes les parties maliennes qui pourrait s’inspirer des propositions ci-après, en ce qui concerne la transition.
A chapitre des propositions, le Mtc propose la création des organes de la transition composés d’un organe législatif dénommé Constituante de transition avec l’ensemble des forces vives de la nation, les partis politiques, les forces armées et de sécurité, les mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la diaspora, les syndicats, les réfugiés et les déplacés. Ainsi, les prérogatives, les modalités de fonctionnement, le nombre et la désignation des membres se feront de commun accord avec toutes les parties.
Les fonctions de membre du gouvernement incompatibles avec celles de chef de la Transition
Quant à l’organe exécutif, le Pouvoir exécutif est composé du chef de la transition et du Premier ministre, chef du Gouvernement de transition. Et d’ajouter que le chef de la Transition sera élu par la Constituante pour la durée de la Transition.
“En cas de décès, de démission ou d’incapacité définitive médicalement constatée du chef de la Transition, le président de la Constituante assure la vacance”, peut-on lire dans le document.
Pour le mouvement, la fonction de chef de la Transition est incompatible avec l’exercice de toute autre fonction politique, ministérielle ou juridictionnelle, de tout autre mandat ou fonction électif, de toute activité lucrative, de toute fonction de représentation professionnelle ou de tout autre emploi salarié.
En ce qui concerne le gouvernement de la transition, le Mouvement estime que le Gouvernement doit être composé d’un Premier ministre qui est responsable de la coordination des activités des différents départements ministériels, ainsi que des ministres. “Les missions, les ressources, la taille, le fonctionnement du gouvernement de Transition seront déterminés suivant une feuille de route consensuelle prenant en compte les recommandations de la Conférence d’entente nationale, du Dialogue national inclusif (Dni) et l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger (Apr)”, mentionne le document.
De la lecture du mouvement Mtc, les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec celles de chef de la Transition, de membre de la Constituante de la Transition avec l’exercice de toute autre fonction politique et juridictionnelle, de tout autre mandat ou fonction électif, de toute activité lucrative, de toute fonction de représentation professionnelle ou de tout emploi salarié. “Le chef de la Transition, le Premier ministre, les membres du gouvernement de Transition et les membres de la Constituante s’engagent de bonne foi à tout mettre en œuvre pour faire aboutir et préserver la réconciliation nationale”, a noté le Mtc.
Et d’ajouter qu’en cas de litige ou de désaccord entre les organes de la Transition, celles-ci s’obligent à s’abstenir de tout recours à la force. Ainsi, les membres des organes de la Transition s’engagent à privilégier le dialogue et le consensus comme mode de fonctionnement normal et de règlement des conflits.
Aussi, le chef de la Transition, les membres de la Constituante, le Premier ministre et les membres du Gouvernement doivent s’engager à ne pas être candidats aux futures échéances électorales, notamment la présidentielle et les législatives.
Conférence nationale souveraine
Pour l’organisation de la conférence nationale souveraine, le Mtc propose qu’il doive être organisé dans les meilleurs délais qui produira des résolutions aboutissant à des réformes politiques et institutionnelles qui permettront à notre pays d’avoir des institutions fortes pour une paix durable.
“Cette Conférence réunira toutes les forces vives de la nation, les syndicats, les partis politiques, les forces armées et de sécurité, les mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali (APR) issu du processus d’Alger, la diaspora, les réfugiés et les déplacés”, a-t-il dit.
L’organisation rappelle que le Mali, terre de vieilles civilisations a toujours su faire prévaloir sa vision des choses et du monde à partir de ses croyances de civilisations sur le pouvoir, sur la place de l’homme dans son milieu et dans l’univers.
“Au Mali, quand l’éducation à la vie est l’œuvre de la famille tout autant que celle de la population, de l’école, la force morale et intellectuelle, l’honneur, la dignité, la fidélité à la parole donnée, deviennent la règle de vie de chacun, de toutes et de tous, où que l’on soit en quelque circonstance que ce soit “.
Il convient de noter que le Mouvement Maliens tout court dira qu’il saura mettre à disposition des hommes et des femmes capables de rapprocher les positions, dans un esprit de neutralité, mais aussi de responsabilité.