Une transition relativement « longue » posera des difficultés politiques, juridiques et économiques. La Cédéao, la communauté internationale auront sans doute l’élégance et l’amabilité de respecter les choix des Maliens.
Depuis la démission du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, le Mali vit dans l’expectative. Le M5-RFP, fer de lance du soulèvement social, a subitement arrêté ses combats comme si l’obtention de la démission était son seul objectif. Visiblement inexpérimentés, les militaires qui ont rejoint le peuple pour obtenir la démission tant réclamée pendant des mois, semblent tourner en rond depuis bientôt trois semaines. La question qui anime les causeries, est : que pourrait-t-il arriver ?
I – L’OBSERVATION DU CLIMAT SOCIAL ET DES TENDANCES DE L’ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE PERMET DE FAIRE DES ANTICIPATIONS.
Il est vrai, qu’autant il semble aisé de décrire les événements du passé, autant il est difficile d’imaginer ce qui pourrait se passer dans le futur : demain, dans un an, dans cinq ans.
Et pourtant, c’est à cet exercice que se donnent, chaque année, les prévisionnistes, élaborateurs du budget national et des budgets des entreprises. Ils essaient d’imaginer l’activité économique dans 12 mois. Il en est de même des élaborateurs de plans de développement économique et social, qui essaient de se projeter dans le futur relativement long entre 3, 5 ans et plus, en partant des données historiques.
Dans une publication, parue dans les « Echos Hebdo » N°1508 du 10 Août 2018, à l’occasion de l’élection présidentielle, intitulé « Renouvellement de la classe politique malienne, une équation difficile à résoudre », nous avions plaidé pour un « Régime de transition de 05 ans », comme l’a fait le Benin, pour « préparer la jeunesse à la gestion des affaires publiques ».
C’est vrai qu’il y a une certaine lassitude des populations à voir les mêmes visages depuis des années, mais la jeunesse malienne actuelle semble moins compétente et plus corrompue que les personnes âgées.
Ne connaissant pas suffisamment le pays, ses valeurs, sa culture, son histoire, peu réfractaire à la morale, sans grande conviction du patriotisme, elle ne recule devant rien. Le temps nous donne raison.
A tort ou à raison, puisque personne ne dément, sur les listes des fonctionnaires civiles ou militaires, et « Opérateurs économiques » cités parmi les milliardaires du pays, qui circulent sur les réseaux sociaux, combien d’entre eux ont 55 ans ?
En principe, un Dirigeant politique est avant tout un technocrate chevronné, rompu dans un métier : hauts fonctionnaires connaissant le pays du bout des ongles, grands commis de l’Etat, grand homme de droit justifiant des expériences avérées, des grands professionnels de la santé, des ingénieurs chevronnés, gestionnaires chevronnés du public ou du privé, etc.
Nantis de leurs expériences riches et variées acquises durant des années de labeur, ils adhèrent au « Projet de société » d’un Parti politique pour apporter un plus, redresser les imperfections qu’ils ont relevées durant leurs carrières.
Depuis l’avènement de la démocratie, la profession de « politicien » semble voir le jour dans notre pays. Des jeunes qui ne savent absolument rien faire, et qui ne sauront jamais rien faire dans la vie (l’apprentissage professionnel nécessite du temps) se trouvent propulsés au sommet de l’Etat, par la magie de la politique.
Pour eux, le travail ne sert à rien, (ils ignorent que c’est le travail qui crée la richesse), la politique est le meilleur raccourci pour être riche.
De 2012 à nos jours, soit en moins de 10 ans, la jeunesse malienne a démontré aux populations tout ce qui n’avait jamais été fait et vu dans notre pays en 50 ans d’indépendance.
Le « peu de Mali qui reste », c’est parce qu’il y a encore aux affaires, des personnes d’un certain âge, relativement de grande moralité, dotées de sens du patriotisme. Ce pays, laissé entre leurs mains, ils risquent de le vendre au mètre carré entre les puissances.
« Ka kô don », « Ka sé kola », « Ka séka kô Glan » que l’on pourrait traduire par : “Savoir-être, Savoir et Savoir-faire”.
Voici les défis qui attendent la jeunesse malienne pour participer pleinement au développement du pays. Mais elle ne pourrait jamais les lever, toute seule, sans l’assistance, l’accompagnement et l’aide des aînés. Ce qui demande qu’elle soit patiente.
Je n’occulte pas la responsabilité des « aînés » dans les dérapages de la jeunesse. Les politiques ont transformé l’école en un instrument de conquête du pouvoir.
Dans les familles, au lieu de voir leurs parents en train de lire un livre, une revue, les enfants n’entendent qu’un seul mot : l’argent, les parents mentent devant leurs enfants, dans la recherche du précieux bien : l’argent.
Dans les entreprises et administrations, sur les lieux de travail, les jeunes en stage, observent leurs supérieurs, qui se rivalisent, en marques de voitures.
Que voulons-nous que les jeunes fassent ? Qu’ils inventent la « bonne conduite » ? Non, personne n’est né la tête pleine de savoir. Nous avons tous été encadrés, pris en mains, pour nous éduquer et nous encadrer.
Sans aucun doute, la gestion de la « chose publique » n’est pas une affaire d’âges ou de générations. Le Mali a été et sera bâti par ses filles et fils, de l’intérieur et de l’extérieur, de tous âges, civils et militaires, relativement propres et patriotes.
Dans une autre publication sous le titre « Osons agir pour que le Mali gagne », parue respectivement dans les « Echos Hebdo N°1537 du vendredi 29 Mars 2019 et dans « Mali Tribune » N°07 de la même date, nous avions recommandé au Président de la République, qui est entré dans l’histoire par la grande porte (premier président élu avec plus de 77 %), de sortir par la grande porte de l’histoire en acceptant d’organiser une Conférence d’Entente Nationale qui mettrait en place un « Régime de transition de 5 ans », pour refonder le pays. Il pourrait décider de garder la présidence de cette transition ou de se mettre à la retraite avec tous les honneurs.
Nous motivions cette recommandation par le fait qu’en effet, la « maison Mali est tellement fissurée, qu’elle risque de s’écrouler à tout moment ». Presque un an, jour pour jour, (mars 2019 – Mars 2020), les manifestations commencent, IBK est contraint à la démission, par une insurrection populaire rejointe par les militaires.
Nous voilà enfin devant une « transition », mais de quelle manière ? Et à quel coût ? Plus de trente morts, des centaines de blessés par brûlures de jets d’eau chaude, de gaz lacrymogène, des arrestations et des tortures.
Si on pouvait se faire confiance et s’écouter un peu ? De nombreuses situations pourraient trouver des solutions pour le bonheur des populations. De toutes les façons, on n’aurait pas le choix, puisque personne ne viendrait construire notre pays à notre place.
II – LA « TRANSITION », UNE “ESCALE SUR LA ROUTE” DU DEVELOPPEMENT, ELLE NE PEUT PAS ET NE DOIT PAS S’ETALER SUR UNE PERIODE LONGUE.
En essayant de répondre à la question, que pourrait-il arriver à notre pays, on arrive à la conclusion, qu’une transition longue est dangereuse pour les militaires eux-mêmes, elle n’est pas juridiquement possible, politiquement inacceptable, socialement coûteuse et économiquement insensée. Dans un contexte de baisse drastique de l’activité économique à l’échelle planétaire, causée par le Covid-19, où des pays tablent sur trois à cinq années d’efforts soutenus pour retrouver la normalité et rétablir les équilibres macroéconomiques, c’est en ce moment que le Mali va se mettre en transition, pour une période longue ?.
POLITIQUEMENT, ne s’agissant pas de « coup d’Etat », mais d’une « insurrection populaire », conclue par les militaires, la Constitution n’est pas suspendue, et les Institutions non dissoutes restent en place. D’ailleurs, c’est en application de la Constitution, que le « couvre-feu » a été instauré de 21 h 00 à 5 h 00 du matin.
L’article 30 de la Constitution est clair : le Président de la République est le Chef de l’Etat, il est élu aux suffrages universels directs. C’est une évidence, les membres du CNSP ne sont pas élus et cela soulève de nouvelles interrogations.
Ont-ils voix et légitimité pour, parler au nom du peuple, représenter le pays dans le monde? Avec quel mandat?
Sans en avoir la qualité, ni le mandat, ils ont accepté de rencontrer, tous seuls, les missionnaires de la Cédéao.
Il est important, qu’après l’euphorie, qu’on revienne à la réalité. Pendant toute la période de transition, notre pays aurait choisi volontairement de se mettre en marge du « concert des nations ». Des pays pourraient bien refuser de recevoir un « militaire président ».
En effet, à titre d’illustration, l’Assemblée des Nations Unies réunit les Présidents et Chefs de gouvernement. Qui va représenter notre pays, si on ne veut pas d’un militaire à la tribune des Nations Unies ?
Dans le contexte d’un pays sous tutelle de l’Onu, on parlera du Mali sans les Maliens. Il en est de même de l’Assemblée de l’Union Africaine, de la Conférence des Présidents de la Cédéao, de l’Uémoa.
Que le Mali ne soit pas présent aux Instances des Organisations internationales pour impacter, influencer, même dans les coulisses, les prises de décisions qui pourraient concerner le pays, peut paraitre politiquement inacceptable.
JURIDIQUEMENT, il ne fait aucun doute que les militaires bénéficient de la sympathie d’une grande majorité des populations, doublé du fort sentiment de patriotisme né des sanctions de la Cédéao. Même si les populations le souhaitent, tout ceci suffira-t-il aux militaires pour prétendre à une « transition longue », voire garder le pouvoir ?
Soyons réaliste, il est vrai que le peuple Malien est souverain, mais tout pays, en acceptant d’adhérer à des Organisations de la Communauté internationale, accepte volontairement par ce fait, que cette Communauté dont il est membre, puisse écorcher sa « souveraineté nationale » conformément aux normes et règles qui la régissent.
La voie « officiellement reconnue », probablement la seule, pour accéder à la fonction de Président, prévue par notre Loi fondamentale, est celle des urnes.
Les spécialistes en Droit Constitutionnel nous édifieront, dans les jours à venir, sur la nature de « l’Acte fondamental du 24 août 2020 ». Un document de cette nature, pourrait-il compléter et donc être une « annexe » à la Constitution soumise à l’approbation populaire par référendum ?
Pour l’heure, nous pensons, que la situation actuelle n’est pas juridiquement confortable, elle viole la Constitution du pays qui n’est pas dissoute.
Quelle image le Mali donne au reste du monde ? Un pays qui ne respecte pas sa propre Loi Fondamentale ? Déjà des voix s’élèvent pour dire qu’en Afrique les lois sont faites pour la forme. On les accorde peu d’importances. Même la religion se pratique pour la forme. Ils n’ont pas peur de Dieu.
SOCIALEMENT, le pays ne répond plus à aucune demande sociale. Toutes les revendications sociales s’arrêtent.
Plus spécifiquement, l’école, l’avenir même du pays. Ce que le pays vit actuellement, s’explique en grande partie, par la faiblesse du système d’éducation. Et la fermeture des écoles ne dérange outre mesure, ni politique, ni parents, encore moins les enseignants, obnubilés par l’application de l’article 39. Ils ne réalisent pas qu’ils ont en train de priver les enfants d’un droit constitutionnel, « l’école obligatoire ».
Une transition longue signifie que les milliers d’enfants privés d’écoles et d’instructions à cause de la fermeture des centaines d’écoles doivent eux-aussi attendre.
Cela n’a rien d’étonnant, c’est du déjà-vu. Dans notre pays, les politiques, depuis l’avènement de la démocratie, n’ont pas accordé la place qu’elle mérite, à l’acquisition du savoir, donc à l’école, au grand dam des articles 17 et 18 de la Constitution qui reconnaissent l’éducation et l’instruction comme des droits humains.
Pour eux, l’école, c’est le lieu, le « truc » où il faut se servir pour déstabiliser et conquérir le pouvoir.
Véritable leurre, aucun pays ne peut relever les nombreux défis et obstacles qui freinent son développement sans des « têtes pensantes » au sommet de l’Etat, sans des ressources humaines de qualité.
ECONOMIQUEMENT, depuis 2020, de nombreux Chefs d’entreprises, peuvent témoigner de la contraction de l’activité économique nationale : les carnets de commande ont baissé, les nouveaux contrats dans les services, dans les BTP sont rares. Des branches d’activités comme les Agences de voyage, les hôtels, etc., sont quasiment sinistrées.
Les trésoreries sont tendues, l’Etat paie difficilement les factures des entreprises. C’est presque l’arrêt de toute activité.
Dans ce contexte mondial de morosité économique, le pays veut se mettre “en escale” sur la route du développement, au moyen d’une transition longue ?
Les investisseurs privés, les déblocages des financements des Projets de l’Etat, attendent. Tout le monde dit “attendons voir”. On ne met ses œufs dans un panier troué.
Déjà, bientôt depuis 4 mois, le pays n’a pas de gouvernement. Tous les dossiers des entreprises liés à une décision, une signature d’un ministre, attendent. Et cela ne dérange personne.
Les investissements de l’Etat structurant le développement sont mis en attente : aménagements hydro-agricoles, routes, infrastructures de santé, infrastructures scolaires, universitaires comme les laboratoires, les microscopes, les équipements de Travaux Pratiques, bibliothèques, etc.
Les sources de financement ne prennent pas beaucoup de risques sur le pays, on attend de voir l’évolution.
Les relations commerciales avec le reste du monde sont sérieusement impactées, en raison des problèmes de paiements des fournisseurs de marchandises de matières premières, d’assurances, de transport, etc.
Une longue transition, c’est tout simplement faire de notre économie, une « machine à fabriquer des chômeurs ». Le CNSP doit craindre le retour d’ascenseur. L’augmentation du chômage pourrait faire voler en éclat, la sympathie des populations envers lui. C’est complètement insensé de mettre « en veille », pour une longue période, d’éventuels projets d’investissements, des possibilités de créations d’emplois et d’assombrir encore l’horizon pour des milliers de jeunes en chômage, quasiment à la limite du désespoir.
ENFIN, DES GERMES DE DANGEROSITE DE LA SITUATION, plus les temps passent, et devant de nouvelles situations, le CNSP risque de prendre des décisions dont certaines pourraient souffrir d’assises juridiques adéquates. Dans la hiérarchie des lois de notre pays qui sont :
la Constitution,
les Traités et Accords internationaux,
les Lois,
les Ordonnances,
les Décrets,
les Arrêtés,
les Circulaires, et Décisions dans les départements ministériels,
Où pourrait se situer l’Acte Fondamental du 24 Août 2020, dans cette architecture?
Des décisions sont en train d’être prises, des ressources publiques sont en train d’être consommées en visant cet Acte. Ce pourrait être très dangereux de prendre des décisions se situant à la lisière des lois, en s’estimant bénéficier d’une certaine légitimité populaire. Le CNSP doit se sortir rapidement de cette situation.
III – QUE PEUT FAIRE UNE « TRANSITION » ?
Le Président de la République a un « mandat général » de gestion du pays qui lui est conféré par la Constitution. Une transition ne pourrait avoir qu’un « mandat spécial », très généralement, consistant à préparer le rétablissement du fonctionnement normal des Institutions, qui a été brutalement interrompu.
Quant à la durée, autant elle ne doit pas être longue, pour atteindre deux ans, autant la précipitation pourrait s’avérer inefficace.
Selon les ambitions qu’on lui donne, plus une « transition » est de durée modérée d’un à un an et demi, et claire sur le mandat et les objectifs, plus elle serait efficace.
Concrètement, la transition sera chargée prioritairement de l’organisation des élections permettant le retour au fonctionnement normal des Institutions de la République.
Tout au plus, elle pourrait être chargée de faire le toilettage des textes qui entravent des élections crédibles et transparentes. Nous pensons à la relecture :
de la Constitution tant réclamée par tous les régimes issus du mouvement démocratique, ceux-là mêmes qui l’ont écrite,
de la nouvelle loi sur le nouveau découpage du territoire, qui impacte fortement les circonscriptions électorales,
du Code électoral, notamment les critères d’éligibilité : comment expliquer aux populations qu’un prisonnier soit candidat ? Quelque chose d’immorale, d’aussi honteux, qui est utilisée pour échapper à la plus haute sanction : la prison, au nom du sacré principe de « présomption d’innocence ».
Vous pouvez sortir toutes vos batteries de textes juridiques sur la « présomption d’innocence », les populations n’en ont que faire, la confiance est rompue entre elles et les Autorités.
Un vieux sage me disait : « est-ce qu’une boule de graisse peut sauver sa voisine du feu » ? Je réponds par la négative. Il dit, « alors comment voulez-vous qu’un voleur condamne un autre voleur ? Ils sont tous voleurs de haut en bas ».
Il est temps, grand temps que nous adoptons des textes de lois qui respectent nos valeurs sociales.
La transition doit sonner la fin de l’impunité en matière de délinquance financière. Nous proposons la mise en place d’une « justice d’exception », dite « justice transactionnelle » qui permettrait le retour des deniers publics détournés dans les Caisses de l’Etat contre l’abandon de « toute poursuite contre les auteurs ». En effet, peut être que beaucoup de personnes ne savent pas, l’importance des sommes en jeu est telle, qu’elles pourraient tomber sous le coup de « crime économiques » imprescriptibles. En vertu de ce caractère imprescriptible, si la mort permet aux auteurs d’échapper à la sanction physique de privation de liberté, la « partie civile » pourrait réclamer à tout moment, les remboursements des sommes dues. Alors autant accepter une « justice de transaction » contre l’abandon de toute poursuite des enfants
La transition doit ébaucher des solutions pour une paix durable. Nous avons toujours envisagé trois possibilités de ramener la paix définitivement dans notre pays.
La première, « le statuquo », c’est-à-dire le Mali dans son Unité de l’indépendance. Cela suppose que toutes les filles et les fils acceptent de vivre ensemble, de se supporter, de faire front ensemble aux défis du développement.
La deuxième, c’est une « décentralisation très poussée » qui donnerait une sorte « d’autonomie à toutes les régions », de sorte que chaque région serait gérée par ses propres filles et fils. Ce serait à elles et eux de stimuler l’activité économique, de l’encadrer pour la création de richesses permettant le développement de la Région. Les statuts de la capitale et des capitales régionales, des hôpitaux nationaux, des Universités, de l’armée, la gendarmerie, seront clairement définis. Les impôts et taxes prélevés sur les sociétés nationales comme les banques, mines, industries, etc., permettront d’assurer le fonctionnement de l’Etat et la réalisation des investissements structurants d’envergure nationale. La police relèvera des Régions.
La troisième, « la partition ». Si des fils du pays ne veulent plus la terre de nos ancêtres, pensent que leur bonheur se trouve ailleurs, dans des alliances avec d’autres, allons-nous passer toutes nos vies, à nous battre, à comptabiliser nos morts, à pleurnicher en permanence en accusant des puissances étrangères ? Des femmes ont perdu trois enfants dans cette « guerre ». Pensez-vous qu’une maman qui a enterré trois enfants qu’elle a porté neuf mois, les a élevé, comprennent le discours de « Mali, un et indivisible » alors qu’on ne lui apporte aucune perspective ?
Les « Accords d’Alger » se situent, à notre avis, entre les deux dernières propositions, mais plus proches de la troisième, avec des projets d’aéroports internationaux, la création des symboles d’un Etat, etc.
Quelle que soit la proposition de solution retenue, il faudrait intégrer le remboursement des sommes colossales engagées par les « sauveteurs » depuis 08 ans, pour la stabilisation du pays. Ce qui nécessiterait la conclusion « d’Accords préférentiels » sur des dizaines d’années.
A l’exception de la « honteuse Loi d’Entente Nationale », qui amnistie tous les tueurs, les violeurs, les assassins, au nom de la recherche de la paix, notre pays souffre plus de la non ou la mauvaise application que de l’insuffisance des textes. Et cela pose le « problème de la qualité de l’Homme malien » comme l’a toujours écrit le Professeur Issa N’DIAYE.
Il est important que les uns et les autres comprennent qu’une transition ne peut pas entreprendre de grandes réformes dont le pays a besoin. Une de ces réformes, c’est de mettre fin à la gestion du pays en « royaume ». Notre administration est calquée sur celle de la France, qui elle-même, souffre de beaucoup de tares de la royauté. Les dirigeants vivent grassement sur le dos du peuple, construisent leur vie avec les impôts et taxes des citoyens.
A titre d’illustrations, on a des « fonds souverains » : des caisses noires à la Présidence, la Primature, l’Assemblée Nationale, la Sécurité d’Etat, etc. Des fonds que les dirigeants de ces structures utilisent sans que des comptes ne soient rendus au peuple.
Ne sommes-nous pas plus dans le Royaume que dans la République ?
Vous savez, nos rois ne vivaient pas comme cela. D’après des publications d’historiens, tout ce qui était versé à nos ancêtres Rois et Empereurs, servait à la protection des populations.
Des ministres dotés de cinq voitures personnelles complètement prises en charges par l’Etat. Des députés grassement payés, pour faire quoi ? Ils ne retournent jamais à la base pour expliquer les projets de lois aux populations. Leur travail serait essentiellement la correction des fautes d’orthographes dans les textes de lois préparés par le Gouvernement.
Un « Comité des transition » peut-elle prendre en charges, ces genres de réformes ? Non. Alors que c’est cette façon de gérer l’Etat qui fait creuser les inégalités sociales et le sentiment d’exclusion. Désormais c’est la course pour la recherche de la « part de gâteau », de l’argent facile. Plus personne ne pense au pays. Nous l’avons toujours écrit, ce pays a besoin d’être nettoyé de haut en bas, du dernier étage au rez-de-chaussée, autrement dit d’un Président relativement propre et patriote qui s’entourerait de ministres relativement sans « casseroles », et ainsi de suite jusqu’au bas de l’échelle. .
IV – QUEL PROFILE POUR DIRIGER LA « TRANSITION » ?
Le profil idéal des dirigeants de la transition, à notre avis, est sans aucun doute, des militaires et des personnalités civiles, non étiquetées politiquement et non citées ou impliquées dans des affaires de détournements de deniers publics. Autrement, ce serait accorder une « prime » à la mauvaise gouvernance tant décriée et reprochée au Président démissionnaire.
Pour l’intérêt supérieur de la Nation, pour la sincérité de leurs discours (le Mali au -dessus de tout), toutes les personnalités politiques, clairement affichées, devraient s’abstenir de vouloir conduire cette transition.
Elles font, en grande partie des « problèmes » et ne peuvent en aucun cas être des solutions. Il est malheureux de constater que certaines de ces personnalités se croient indispensables. Qu’elles se rassurent, le Mali ne disparaitra pas, même avec leur mort, à fortiori, leur absence dans les Organes de transition.
On ne comprend pas l’attitude de la Cédéao et des autres « amis » du Mali, de vouloir faire le choix des Dirigeants de la transition à la place des Maliens. Comment peut-on qualifier cela ? De l’aide, de l’assistance ou de l’ingérence ?
Il ne fait aucun doute que le Mali a accepté d’amoindrir, d’office, sa souveraineté en adhérant à la Cédéao. Mais franchement cette façon de traiter son « camarade dans la communauté » est un non-respect qui s’apparente à de l’insulte du peuple Malien. Elle voudrait dire tout simplement que les Maliens ne savent pas ce qui bien pour eux, alors la Cédéao va le faire à notre place.
Cette crise risque de laisser des séquelles importantes. En effet, le Mali doit sérieusement revoir ses relations avec la Cédéao. La Mauritanie a quitté la Cédéao, la Céao, l’ancêtre de l’Uémoa ?
Que le Mali choisisse un militaire, loisible à eux d’interdire à notre « Président militaire » ou « Premier ministre militaire » leur territoire ou de ne pas assister à leurs réunions.
Mais, c’est au peuple malien, de s’assumer en fixant des critères de sélection très clairs de leurs dirigeants civils et militaires suivant des critères clairement arrêtés. On pourrait en citer :
Non politiquement affiché, ce qui exclut d’office les anciens Premiers ministres, qui ont défendu la politique du Président démissionnaire,
Non cité ou impliqué dans des affaires, sauf à prouver qu’il a fait officiellement un démenti.
Bonne connaissance du pays,
Consensuel, ce qui signifie accepté les membres votants, si le mécanisme de désignation est le vote.
N’ayons pas peur de choisir des personnalités moins connues. Les « connus » d’aujourd’hui étaient des « inconnus d’hier.
V – LA CAUTION MORALE DE LA TRANSITION
Les difficultés dans le choix des femmes et des hommes pour diriger la transition, résident dans le fait que notre pays traverse une « crise de confiance » quasiment généralisée à tous les niveaux des couches sociales. La peur de l’autre et la méfiance à l’autre sont palpables à tous les niveaux de la société Malienne.
Nous l’avons toujours dit : « Le Mali a été et sera bâti par ses dignes filles et fils, de l’intérieur et de l’extérieur, unis la main dans la main, sans exclusion d’aucune sorte : religieuse, ethnique, raciale ou autres ».
Il est regrettable de constater que la sincérité est de plus en plus une qualité rare au pays des grands empires et royaumes. Entre les paroles et les actes, il est difficile de comprendre quelque chose.
Outre la présence des militaires, la peur de la non transparence dans les élections, pourrait être atténuée, voire dissipée par la présence des religieux dans les « Organes de transition », tels que l’archevêque de Bamako mon Seigneur Jean Zerbo, l’Imam Mahmoud Dicko et le Révérend Dr. Nouh Ag Infa Yattara, le Délégué général de l’Eglise Protestante au Mali.
En conclusion, au-delà des statuts de : civil, militaire, religieux, des uns et des autres, nous sommes, avant tout des filles et des fils de ce pays. Tout ce qui peut ramener la quiétude des populations, la paix et la stabilité dans le pays, n’est pas de trop.