La jeunesse constitue l’avenir de tout pays lorsqu’elle est perçue comme un véritable moteur de développement. Héla, au Mali, cette jeunesse demeure marginalisée dans les prises de décisions au moment des choix de projets de société.
Il n’est pas clair pour tous que la jeunesse doit jouer effectivement un rôle conforme à la place qu’elle occupe dans notre société.
La contradiction entre ses capacités, ses potentialités, et la marginalisation dont elle est victime, a conduit à cette catastrophe que nous connaissons actuellement en matière d’emploi.
En effet, de par ses qualités multiples : enthousiasme, disponibilité, imagination, créativité, esprit inventif, manque de calcul, sens aigu de la justice, cette jeunesse peut contribuer à relever les multiples défis auxquels le Mali est confronté, surtout en cette période de crise généralisée, multiforme aiguë, mais malheureusement, confortablement installée dans notre vécu quotidien. La jeunesse est, non seulement force, mais aussi une force de proposition et d’alternative et à la situation de grave déprime que connaît notre pays. Parce qu’elle est la seule ressource humaine renouvelable. Et, pour amener à jouer le rôle moteur qui lui incombe dans le développement de notre pays, il faut une politique volontariste, cohérente, assortie d’une stratégie à long terme.
Le Mali, nul ne peut le contester, manque de politique de jeunesse élaborée, pensée en termes d’objectifs et de programmes rationnels.
Il nous faut une politique d’encadrement sans désir d’embrigader d’orientation, sans volonté d’endoctriner, d’assistance et de soutien, sans démagogie ni paternalisme.
En somme, il faut responsabiliser la jeunesse, la laisser satisfaire son désir et sa volonté de participer à l’œuvre commune, écouter les jeunes, dialoguer avec eux, et prendre en considération leurs propositions.
Il y a aujourd’hui au Mali, trop d’hommes d’affaires qui brasent des milliards, sans créer d’emplois.
L’Etat se doit d’intervenir pour changer la mentalité de nos opérateurs économiques.
Notre pays doit rompre avec l’économie de bazar, purement spéculatif. L’Etat doit encourager ceux, parmi les opérateurs économiques qui proposent des activités génératrices d’emplois.
En faisant un inventaire des investissements chez nous, on se rend compte que les Maliens y sont totalement absents.
En effet, l’agriculture, les transports, les mines, les hydrocarbures, les télécommunications, les routes, les bâtiments, constituent des secteurs dans lesquels des capitaux étrangers ont été investis.
Très peu d’opérateurs économiques maliens y sont engagés. Là aussi, c’est une question de politique volontariste, mais surtout d’éducation, de sensibilisation pour amener nos opérateurs économiques à investir dans les secteurs rentables et créateurs d’emplois.
Sans le développement du secteur privé, il est impossible de promouvoir un emploi durable. Il faut reconnaître que la plupart de nos opérateurs économiques n’ont pas la formation adéquate, le management qui sied à une économie moderne. Ils sont habitués à jouer les intermédiaires, devenant ainsi de simples sous-traitants locaux.
Des occasions ratées
L’Etat de pauvreté au Mali est la conséquence de la désorganisation de notre économie.
Le Mali n’est pas pauvre par manque de ressources.
La misère et la pauvreté sont le fait d’une économie extravertie, déstructurée et mal gérée.
La crise économique et sociale à laquelle fait face notre pays est certes aggravée par la crise générale qui sévit dans le monde, mais la cause principale est interne au pays.
Il serait fastidieux, voire inutile de rappeler la longue litanie des critiques fondées, adressées à nos dirigeants par des institutions faisant autorité. Le Mali a en effet été, tout au long des années d’indépendance, le pays des chances égarées, des occasions ratées.
Que de décennies perdues dans presque tous les domaines : éducation, formation, santé, industrie, transports, agriculture. Cela, malgré les ressources humaines et naturelles dont dispose ce pays.
Le Mali ne parvient pas à nourrir ses populations, malgré ses immenses potentialités agricoles et hydrauliques. Et les maladies de toutes sortes devenues endémiques, se sont installées dans le pays : paludisme, Sida, rougeole, tuberculose, lèpre, cécité des rivières, etc.
La pauvreté et la misère ont conduit des milliers de jeunes à vivre de subsides, à se prostituer, à mendier, à tomber dans la délinquance, la criminalité, l’alcoolisme et la drogue.
Des milliers de cadres formés à coup de milliards, sans perspective d’avenir, s’expatrient.
Aussi, il est vrai que la détérioration des termes de l’échange a pénalisé , et continue de pénaliser nos matières premières, dévalorisées d’année en année, et en retour, nous contraignant à payer de plus en plus cher les produits d’importation, voire les produits alimentaires et l’équipement.
Nos produits d’exploitation se heurtent à la loi de férocité des multinationales qui en fixent le prix, et qui nous vendent plus cher nos propres produits. C’est cela le caractère extraverti de notre économie. Car cette politique qui inonde les marchés d’articles de toutes sortes, non indispensables pour les besoins essentiels des populations, continue à cultiver l’esprit mercantile et à réduire l’esprit d’initiative.
Cette économie de bazar confine les populations dans la recherche de recettes éphémères. De gros spéculateurs s’enrichissent. Illicitement, énormément, alors que les pauvres deviennent chaque jour plus pauvres.
Les atouts du Mali
Le Mali ne manque pas d’atouts pour sortir de la crise, de la pauvreté et de la misère, du moins pour les réduire. Il s’agit pour cela, d’optimiser à la fois ses ressources humaines et naturelles abondantes, d’améliorer leur gestion et de procéder à une réadaptation de ses stratégies de développement en éliminant les erreurs du passé.
Pour commencer, le Mali doit penser en termes de participation des populations à leur propre développement.
Les dirigeants et les planificateurs doivent consulter les populations, les associer aux prises de décision en ce qui concerne leur propre avenir.
Il faut donc commencer par le commencement, associer les populations, notamment les jeunes au processus de prise de décisions pour le choix des projets de société. Mais, par-dessus tout, il faut éviter le gaspillage des ressources dû à la mauvaise gestion, combattre la corruption et l’injustice, tous ces maux auxquels les jeunes sont particulièrement sensibles.
Il est temps d’instaurer la transparence dans la gestion de la chose publique en créant des mécanismes de contrôle crédibles, en réinstaurant la confiance entre les populations, notamment les jeunes et les pouvoirs publics. D’un autre côté, beaucoup de jeunes diplômés ou qualifiés sortis des écoles de formation professionnelle tapent à toutes les portes sans résultat, à la recherche d’un soutien à de microprojets qu’ils voudraient lancer, soit individuellement, soit en groupe.
Le plus difficile, c’est de trouver d’appuis financiers. Et les banques sont régies par d’autres règles que celles de la ‘’philanthropie’’. C’est l’impasse et le désespoir.
On demande aux jeunes de produire des projets rédigés selon des normes qu’ils ne maîtrisent pas et qui coûtent cher dans les bureaux d’études.
Souvent une filière rentable faisant l’objet d’un mauvais montage est rejetée. L’Etat ne disposant pas de fonds nécessaires n’a que sa bonne volonté à leur offrir !