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Transition : La junte avait son propre agenda
Publié le jeudi 17 septembre 2020  |  Le Démocrate
Transition
© aBamako.com par AS
Transition malienne : Le Cnsp face à la presse
Bamako, le 16 septembre 2020. Le porte-parole du Cnsp, le colonel Wagué, était face à la presse au lendemain du mini-sommet de la Cedeao sur le Mali, à Accra.
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Ce ne sont pas les mêmes pratiques et les mêmes manipulations de cette maffia qui sont étonnantes. Ce qui semble surprenant, voire absurde, c’est la réaction de certains individus qui ont toujours pris part aux différentes concertations, aux différents dialogues nationaux avec des journées payées au nom de la forme, et qui se déchaînent après comme s’ils sont dans l’inconnu. De la même façon que les manifestations populaires portaient la marque de règlement de comptes, de la même façon, un groupe d’officiers ont été préparés pour récupérer la situation.
Les Maliens t’insultent d’abord lorsque tu ouvres d’autres pistes auxquelles ils ne veulent pas croire. Ensuite, ils se retournent contre eux-mêmes lorsque certaines réalités font surface. Le coup d’État était trop beau pour être vrai. D’ailleurs, c’est le meilleur montage jamais réalisé au Mali. Mahmoud Dicko était devenu un ange du jour au lendemain pour bénéficier du crédit d’une masse déboussolée et sans alternative. Bouyé de Nioro était devenu un acteur inquiet des problèmes du Mali du jour au lendemain, et affichait des positions ouvertes dès les premières heures. L’armée malienne est devenue efficace du jour au lendemain, après plus d’une décennie d’humiliation et de fuite face à des fous de Dieu en haillons. Les jours qui ont suivi le coup d’État monté ont vu naître toute sorte de gueulards. Parfois des individus sans contenu, qui crient pour embrouiller au nom de telle ou telle cause. Ou bien des instrumentalistes qui font leur propre promotion afin de se repositionner. Dans cette histoire dramatique, l’armée malienne et ses officiers de luxe contrôlent toute la situation, comme ils ont eu à contrôler le régime d’IBK.
Pour la simple raison que si nous regardons en arrière, quelques années plutôt, et avec lucidité, malgré les corruptions, malgré les morts des militaires sur le terrain, IBK semblait ne pas s’intéresser pour s’occuper de lui-même et ses hommes autour de lui. Nous nous rappelons des massacres des soldats enterrés dans des fausses communes, sans réaction de la hiérarchie militaire malienne. Nous nous rappelons des détournements de fonds colossaux pour la programmation militaire sans réaction, ni enquête. Nous nous rappelons des avions cloués au sol pour une armée en guerre et qui a besoin de matériels, sans réaction de la hiérarchie militaire malienne. Nous nous rappelons des surfacturations dans les achats de matériels militaires maliens sans réaction.
Nous nous rappelons également des blindés en cartons qui ont fait l’objet de la haine populaire contre boubou Cissé. Si un président de la république détient tous les pouvoirs dont IBK faisait l’objet, des têtes allaient tomber depuis fort longtemps pour sauver son régime, parce que, quel que soit le niveau de corruption, le seul président ne peut pas être impliqué dans tout. Une raison valable pour donner des têtes à couper et sauver son régime.
Il faut également se rappeler que tous les militaires hauts gradés qui ont fait l’objet de sabotages qui ont causé des morts et qui ont été limogés furent rappelés à des hauts postes quelques mois plus tard. Les manifestants qui s’étaient levés contre IBK avaient réussi, semble-t-il, mais l’après IBK est devenu encore plus confus. Parce que ce sont toujours les généraux maliens qui tirent les ficelles de la situation pour continuer de se couvrir et maintenir ce pays en otage. Si nous regardons le film de cette junte militaire depuis son arrivée, soit on peut faire semblant de ne pas vouloir le comprendre et l’accepter, mais il est évident que cette junte dispose déjà d’un agenda propre à elle, ou propre à ceux qui l’ont mis en mission. Il est évident qu’aucun civil ne pourrait gérer la transition. Parce que tout civile qui dirigera cette transition sera un civil à la merci des militaires, qui seront toujours à côté de lui pour lui dire ce qu’il faut faire. Puisque le Mali est un pays foutu, déjà avec des individus assoiffés et foutus qui sont prêts à tout du moment qu’ils peuvent gagner, un civil qui accepterait de faire le jeu ne manquerait pas. Il faut enfin noter que la grande chimère qui a détruit le Mali se trouve dans son armée et ce n’est pas des civils qui pourront faire le nettoyage.
L’accord d’Alger qu’IBK n’a pas pu valider, cette armée le fera d’une manière ou d’une autre. D’abord pour maintenir le même statut et pour continuer de couvrir les responsables qui sont à l’origine de cette dislocation. Les accès autorisés et l’espoir des groupes armés ressortent de cette manigance, qui, seule, leur permettra d’arriver à bon port avec la bénédiction de la France qui tient tant à légaliser et officialiser ce processus de son programme sur le Mali. Que chacun se cherche et cherche le côté qui lui serait bénéfique. Les dés sont déjà jetés.
Touré Abdoul Karim
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