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Le maire de Sangha sur la crise du centre: ‘‘ cette guerre profite à certaines personnes ‘‘
Publié le jeudi 17 septembre 2020  |  Info Matin
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© Autre presse par DR
Le Gouverneur de la Région de Mopti et la Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA en visite de soutien dans le village de Peh
Suite à une attaque perpétrée, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2019 contre le village de Peh, dans la région de Mopti, le 18 novembre dernier, le Gouverneur de la Région, Abdoulaye Cissé et Fatou Dieng Thiam, la Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA, y ont effectué une visite.
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Depuis que les différentes communautés ont pris l’initiative de signer un accord de paix avec des prêcheurs islamistes, il y a quelques mois, un calme relatif est revenu dans certaines parties du pays Dogons. C’est du moins, ce que pense le maire de la commune rurale de Sangha, Ali DOLO, sur les antennes de la radio Kedu. Par la même occasion, le maire de la commune rurale de Sangha a dénoncé la mauvaise volonté de certaines personnes et associations qui ont fait de la crise du centre du pays, un véritable business. Ainsi, les attaques meurtrières et d’autres exactions sont en train de devenir de mauvais souvenirs. Mais selon le maire DOLO, des personnes de mauvaise de volonté sont en train de faire feu de tout bois pour entraver cette accalmie. Il a, à cet effet, invité les autorités à saisir de cette opportunité pour déclencher un véritable processus de paix, dans la zone. Lisez plutôt son intervention !




Dieu merci, ces deux derniers mois, les populations mêmes ont engagé des pourparlers pour la paix et cela a eu comme impact un apaisement. Jusqu’à présent, on suit le processus. Après plus de 269 morts dans la commune au début des hostilités à nos jours, cela fait un bon bout de temps que les armes se sont tues dans la commune rurale de Sangha. Et cela est valable dans d’autres localités, comme dans le cercle de Koro et plusieurs communes de notre localité.
Vu que cette guerre ne produit que des effets néfastes dans la commune avec ses morts, les 61 chefs de village de la municipalité ont jugé nécessaire de se réunir pour enterrer la hache de guerre. Car rien que dans ma commune, 42 villages ont été attaqués des manières les plus atroces et 12 hameaux de cultures ont été carrément radiés de la commune, car leurs habitants ont tous été tués. Pire, plus de 52 000 têtes de bétail ont été enlevées.
Il est plus facile de faire la guerre que la paix. Les chefs de village dogons ont délégué entre eux des émissaires pour que je les accompagne chez les peulhs. Ils nous ont mis en mission vers nos frères peulhs et nous ont indiqué que, quelles que soient les conditions qu’ils acceptent pour que la paix revienne au pays dogon. Quand nous commencions les démarches, ils ont relâché un jeune dogon qu’ils détenaient comme otage.
Ce jeune est retourné avec un message de ses ravisseurs. Les peulhs ont indiqué qu’ils n’ont rien contre les communautés dogons. Ils nous ont rassuré que leur rôle est seulement de prêcher. Qu’on fait les prêches même à Bamako et partout au Mali et que ce qui s’est passé entre nous est l’œuvre de Satan. Ils disent que leur seul problème, c’est l’État qui les empêché de faire leur mission de vulgarisation de l’islam. Ils ont expliqué que toutes ces attaques étaient faites sur l’initiation de jeunes belliqueux dans leurs rangs qui ont attaqué les dogons. Bien sûr, ces attaques ont eu comme résultat, une chasse aux sorcières contre tous les peuhls de la contrée qui étaient avec nous pendant des siècles, qui ont élu domicile chez leurs frères prêcheurs.

Ces prêcheurs nous ont demandé d’aller chercher nos frères peulhs pour qu’ils s’installent à nouveau dans leurs localités respectives. Ils disent qu’ils vont retourner d’où ils sont venus et ne sachent plus quoi faire des peulhs autochtones qui se sont réfugiés chez eux. Et nous avons fait une grande réunion avec tous les villages peuhls et dogon pour faire la paix. Et depuis, les habitants de la zone vaquent à leurs occupations tranquillement.
Je peux vous assurer que cette année, nous aurons des récoltes, car les producteurs agricoles ne sont plus tués dans leur champ.
Mais nous sommes au regret de constater qu’il y a beaucoup de personnes rodent autour de nos frères peulhs qui ne veulent pas la paix, notamment Sékou BOLLY qui nous accuse d’avoir fait allégeances aux terroristes. Ce qui est faux ! Pour eux, la paix, dans notre localité, sera un mirage, car ils ne vivent que de cette guerre. Quand il y aura la paix, ils vont vivre de quoi ? Il y a des Sékou BOLLY, dans le camp de ces récalcitrants, il y a les Sékou BOLLY.
En tout état de cause, je lance un vibrant appel à mes frères dogons d’aller dans le sens de la paix. Aujourd’hui, la commune de Sangha compte 41 000 habitants. Nous comptons 269 morts dans nos rangs. Toutes ces personnes tuées étaient des bras valides qui n’ont rien demandé. Ils travaillaient dignement pour servir leur communauté. Donc, cette guerre est juste une bêtise humaine. Ceux qui pensent que cette guerre ne doit pas finir, je dis à ces sangsues que c’est fini ! Il faut la paix dans nos communautés et cela, les communautés ont bien compris. Les communautés chrétiennes vont à l’église chaque dimanche et tout le monde est libre. Ceux qui viennent dire à Bamako que nous avons signé un pacte avec des terroristes font juste de la calomnie.

Et mieux, les populations vont à leur foire, tous les marchés de la localité sont remplis de peulhs et nous faisons nos achats et nos commerces sans problème. J’en appelle ainsi aux plus hautes autorités d’accompagner ce processus de paix. Tous les acteurs sont présents là-bas. Personne ne peut parler des problèmes de notre localité mieux que nous-mêmes. Il faut que l’État vienne désarmer les Sékou BOLLY pour que les dogons et les peulhs aient la paix. Il faut faire vite pour entretenir cette paix qui est malgré tout fragile, car il y a même des associations faitières à Bamako ici et des hommes politiques qui trouvent leur compte dans ces hostilités.
Après Sangha et Koro, c’est hier que Bamba a signé sa paix avec nos frères peulhs. Et nous n’allons pas nous décourager, nous allons accepter n’importe quel sacrifice pour cette paix. Comme on le dit, aucun sacrifice n’est de trop pour la quiétude de notre pays. Donc, nous insistons pour la présence effective de l’État aux côtés des différentes communautés pour la restauration de la paix dans nos zones. Si nous en sommes là, c’est parce que l’état qui a failli. Il faut aussi que chaque Malienne, chaque Malien accepte de changer. Le Mali nouveau auquel nous tous aspirons aujourd’hui n’est possible que lorsque chaque Malienne et Malien accepte de changer. Le problème du Mali, c’est la société. J’ai fait 22 ans en étant maire et je connais les mentalités des Maliens. Et les élites qui nous dirigent ne sont que les produits de cette société. Donc, avant de demander au Mali de changer, il faut qu’on change nous-mêmes.
Mon dernier mot, c’est à l’endroit des peulhs et des dogons, aimons nos populations et cessons de nous entretuer pour parvenir à la paix. Il faut que chacun y apporte sa petite pierre, notamment l’État, les ONG, les organisations de la société civile et chaque individu qui vit dans ces zones de conflit. Comme on le dit, la paix n’est un vain mot, mais un comportement de tous les jours.

Transcription libre

Source : INFO-MATIN
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