Avec le temps, le recul, la distance, on se dit que tout n’était pas mauvais en l’homme. Le temps a effacé des douleurs, les expériences suivantes permettent de disposer d’éléments de comparaison. Le régime GMT a brimé, tué, souvent sans donner aux mises en cause le droit de bien se défendre. La dictature n’a pas été accompagnée d’un développement, ne s’est pas exercée dans le souci de créer des conditions meilleures pour le plus grand nombre.
Il n’y a pas à faire la fine bouche : Moussa Traoré a été un dictateur. Il a instauré un régime qui a maintenu le Mali et le Malien dans la terreur, la pauvreté et le dénuement extrême. Le témoignage seulement des compagnons et acteurs de cette double décennie plus que noire fournit de meilleurs renseignements sur la gabegie et la prévarication, et le peu de cas qui était fait de l’Etat. L’aviation militaire était juste des avions de courses pour madame et maîtresses. De valeureux militaires ont été embastillés et tués simplement parce que son épouse avait été plus généreuse que l’épouse d’un plus haut gradé envers une griotte. Les moyens militaires ont servi à détruire l’armée et les officiers qui gênaient, qui n’avaient pas fait allégeance ou insuffisamment.
Pour les travailleurs, c’était la clochardisation. Ils étaient nombreux de grands commis de l’Etat à faire le taxi pour nourrir la famille. La carte du parti unique était la clef, le sésame. Mieux valait l’avoir, car elle valait toutes les recommandations. Pour entrer dans la salle d’examen pour le bac, mieux valait oublier sa pièce d’identité que la carte de membre de l’Union nationale des jeunes du Mali (UNJM). Il y a eu des abus, des arbitraires, du sang.
Après, il n’a certes pas été fait mieux, mais avec les “démocrates sincères et la patriotes convaincus“, qui, sans tuer et embastiller, ont quand même sucé le sang des Maliens, par le vol et la concussion, ce qui en soit, constituent également des violations des Droits de l’Homme.
Finalement, Moussa Traoré aura été le seul bénéficiaire d’un système qu’il n’a pas voulu, qui a été mis en place dans le sang. Au soir de sa vie, il paraissait comme le sage du village, le Walidju que tout le monde allait consulter.