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Embargo total sur le Mali : La farce de la CEDEAO
Publié le lundi 21 septembre 2020  |  Le Pays
Réunion
© Présidence de CI par DR
Réunion consultative entre des Chefs d`Etat et de Gouvernement de la CEDEAO et les Membres du Comité National pour le Salut du Peule (CNSP), sur la situation sociopolitique au Mali
Réunion consultative entre des Chefs d`Etat et de Gouvernement de la CEDEAO et les Membres du Comité National pour le Salut du Peule (CNSP), sur la situation sociopolitique au Mali, à Accra (Ghana), ce mardi 15 septembre 2020
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La CEDEAO est dans la dynamique d’infliger la pire des sanctions à l’État malien si ses directives pour la transition ne sont pas appliquées d’ici mercredi prochain. Une simple menace ou un acte possible ? En tout cas, le contexte ne lui est pas favorable pour une telle aventure qui risquerait d’être plus fatale pour le monde entier que le Mali. Les raisons !
Depuis le 18 Aout 2020, le Mali est sans Président, sans premier ministre et sans président de l’assemblée nationale. Tousvictimes d’une mutinerie partie de Kati.Les maitres du jour, réunis au sein du CNSP, sont dans un processus de retour à la normale. Pour l’instant, ils ont gagné le pari d’éviter au pays le chaos comme nous avons l’habitude de le constater à chaque renversement d’un régime démocratiquement élu. Certes il y a eu des dégâts, mais ils sont minimes comparativement aux cas similaires dans le passé.

A part ces trois institutions tout est sur place et l’ensemble est chapeauté par le CNSP qui s’est aussi donné une valeur juridique à travers un acte fondamental qui complète la constitution malienne qui n’est pas suspendue.

Ce qu’il faut comprendre au Mali, de nombreux citoyens se plaisent dans un pouvoir militaire. Ils veulent voir la transition gérée par ceux-ci. Et pour rendre l’acte plus formel afin de lui donner une légitimité, les travaux des concertations nationales tenues à Bamako, au CICB, ont donné pour colonne vertébrale la latitude aux militaires du CNSP de mettre en place un collège qui à son tour désignera un président, un vice-président… ensuite le premier ministre sera nommé par le Président. Pour le profil du chef de la transition, la charte de la transition valide qu’il peut être un civil tout comme un militaire. Alors, l’unique choix revient au CNSP.

Même si le document a suscité des tensions ce jour précisément de la part des membres du M5 RFP, l’écrasante majorité des Maliens n’y voient pas de problème pour la simple raison qu’on ne croit plus à personne : politique, religieux, société civile… même pipe même tabac. Alors il faut des militaires pour mettre le pays sur les rails.

La posture du M5 RFP qui épouse la vision de la CEDEAO semble très bizarre. Autrefois ayant refusé les injonctions de l’organisation sous régionale et pousser, par tous les moyens, le président IBK vers la sortie, ils avaient clamé ce jour que le mal du pays, c’est le président et son régime. Qu’ils ne sont pas dans le combat pour des profits, mais qu’ils veulent débarrasser le Mali de sa partie pourrie qui pouffe à petit peu le reste du corps. Ce qui dénote que peu importe celui qui vient après IBK pourvu que la personne ne soit pas un pion de l’ancien régime. Alors pourquoi s’opposer à la volonté des forces vives qui veulent un militaire à la tête de la transition ? c’est un véritable paradoxe !

En marge de cette opposition ambiguë, la CEDEAO sous prétexte d’être conforme à ses textes rame à contre de la volonté du peuple. Quelle aberration ! Elle qui dit être là pour le peuple pourquoi refuse-t-elle une décision portée par le peuple malien dans son écrasante majorité ? En plus de cela, l’organisation sous régionale ne devrait plus exprimer cette fermeté dans sa démarche car elle a été défiée par le M5 RFP qui a foulé au pied sa ligne rouge : le départ d’IBK.

La farce de la CEDEAO

A Accra, lors du mini-sommet sur le Mali, les émissaires du CNSP qui étaient allés présenter aux Chefs d’État la volonté du peuple malien, n’ont pas eu gain de cause. La CEDEAO tient obligatoirement à une gestion civile de la transition tout en limitant les marges de manœuvre des militaires durant cette période. Elle a même donné un délai au-delà duquel, le Mali subira un embargo total. Produits pétroliers, produits sanitaires, électricité… le pays n’y bénéficiera plus.

Cela est incompréhensible. Il faut savoir que la flexibilité de l’organisation sous régionale au moment où elle prenait des sanctions contre le Mali après la chute d’IBK ne visait uniquement pas le peuple malien. Mais, les forces internationales réunies au sein de la MINUSMA, Barkhane… qui sont au Mali dans le cadre de la stabilité, la lutte contre le terrorisme. Ces produits dont la CEDEAO fait mention, sont indispensables à leur fonctionnement. Est-elle prête à leur interdire cela ? Tout simplement impossible.

La posture de la CEDEAO est seulement un moyen de pression sur les militaires afin que ceux-cine servent pas d’exemple à la sous-région où des présidents en exercice font l’objet de véritables menaces pour diverses raisons.

L’impossibilité d’appliquer une telle sanction revient aussi de dire que de telles pratiques ouvrent un véritable boulevard aux terroristes qui sont la raison de la présence de toutes ces forces au Mali. Comme aimait le dire IBK, le Mali est une digue, si elle venait à être cassée, l’Afrique par-delà le monde entier serait submergé.

Si réellement la CEDEAO ne voulait pas être butée à un tel scénario, elle devrait tout faire pour qu’IBK ne parte pas. Car après un coup d’État, aucune option ne doit plus surprendre dans le mode de fonctionnement du pays. Et le cas malien est une exception qui mérite toutes les bonnes attentions en lieu et place du bâton de châtiment. Il y va de l’intérêt du monde entier.

Que le CNSP tienne, la CEDEAO lâchera. Elle n’a pas le choix…

Boubacar Yalkoué
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