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Crise socio- politique au Mali : Que veut la junte ?
Publié le lundi 21 septembre 2020  |  L’Inter de Bamako
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© Autre presse par DR
Situation au Mali : l’Algérie échange avec la junte au pouvoir
Dimanche 20 septembre. Bamako. C`est une forte délégation conduite par le chef de la diplomatie algérienne qui a rencontré la junte malienne
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Après avoir poussé le président IBK à la démission le 18 août 2020 suite à de fortes contestations menées par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), la junte militaire avec à sa tête le colonel Assimi Goita, réunie au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), un mois après, n’arrive pas à trouver la meilleure formule pour mettre le Mali sur la voie de la refondation. Plus les jours passent, plus des interrogations vont bon train sur les vraies intentions de la junte.
Si l’intervention des militaires pour parachever l’œuvre du M5-RFP, le mouvement social qui exigeait le départ d’Ibrahim Boubacar Kéita et de son régime, fut acclamée et saluée par le peuple malien à la faveur d’un meeting géant tenu à la place de l’Indépendance vendredi le 21 août 2020, leur attitude chaque jour donne de la matière à débattre.

Ainsi, la junte avait tenu à rassurer toute la communauté nationale et internationale de leur volonté de mettre de l’ordre dans le pays et mettre en place une transition civile qui sera chargée de poser les jalons pour la refondation d’un Mali nouveau prospère, fier et respecté de tous. Cela, elle l’avait fait savoir à l’ensemble du peuple malien et la communauté internationale dans son premier discours tenu juste après la démission du président IBK qui, de suite, a dissout l’Assemblée nationale et le gouvernement.

Il apparait aujourd’hui évident que l’enthousiasme qui avait prévalu au lendemain de la démission du président IBK est en train de se distiller au vue des incohérences constatées entre les faits et lesdits de la junte laissant place à des suspicions voire des doutes sur les vraies intentions des militaires. Le pouvoir, c’est comme de d’hydromel une fois qu’on y goûte, on ne peut plus s’en passer, a-t-on coutume de dire.

Aujourd’hui, le peuple malien, même si la majorité se prononce en leur faveur, ne peut s’empêcher de se demander que veulent ces militaires ? Qu’est- ce qui pourrait expliquer ces tergiversations dont ils font montre depuis un certain temps ? Cherchent-ils à se protéger après leur intervention pour la démission du président IBK? Ou tout simplement cherchent-ils à confisquer le pouvoir auquel ils se sont accaparés après le départ du président ?

Il y a un mois le président est parti, le peuple malien est toujours dans l’attente de ses nouveaux dirigeants. À quel type de gouvernement, finalement, ces militaires comptent-ils céder le pouvoir : civil ou militaire? Si dans leur première déclaration, ils avaient affirmé clairement à la face du monde qu’ils ne sont pas venus pour le pouvoir et qu’ils comptent mettre en place rapidement une transition civile, tout porte à croire aujourd’hui que les délices du pouvoir semble leur remonter la tête. Ce qui pourrait expliquer les contradictions que l’on relève dans leurs différents discours, au départ ils parlaient de transition civile maintenant ils disent civile ou militaire.

En laissant entendre, lors de leur conférence de presse tenue juste à leur retour d’Accra que toutes les options sont sur la table et qu’ils sont là pour réaliser la volonté du peuple. Il est clair que ces militaires ne sont plus dans leur première posture qui était de céder le pouvoir aux civils. C’est pourquoi, face aux pressions de la CEDEAO qui exige un président et un Premier ministre civils pour diriger la transition, ils se cachent derrière cette franche du peuple qui acclame leur maintien, pour assouplir leur désir inavoué. L’organisation des Concertations nationales sur la transition relève de ce stratagème. C’était sans compter sur les vieux routiniers de la politique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Devant l’institution sous régionale, ce 15 septembre 2020 à Accra dans la capitale ghanéenne, il est évident qu’ils n’ont pu faire le poids pour convaincre les chefs d’État de la communauté à faire passer ni leur chartre ni d’obtenir la levée des sanctions infligées à notre pays depuis le lendemain du départ du président IBK.

Pire, la CEDEAO, en plus de ses exigences premières qui est l’installation d’un président et d’un Premier ministre civils pour diriger la transition, vient d’ajouter de nouvelles exigences à savoir la libération du Premier ministre Dr Boubou Cissé, du président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné et de tous les autres officiels en détention depuis le renversement du régime d’IBK, cela dans un délai de sept (07) jours sous peine d’un embargo total; ce qui est synonyme, disent- ils eux- mêmes, d’une asphyxie de notre pays. De ce fait, ils se sont trouvés le dos au mur et se voient obligés de faire un choix, soit obéir à la CEDEAO en renonçant à leurs ambitions, éviter ainsi à notre pays une crise aux conséquences incalculables ou bien s’entêter dans leur désir de confisquer le pouvoir et assumer toutes les conséquences qui en découleront. Une chose est claire, c’est que le temps presse et l’heure n’est plus aux tergiversations, la junte se doit de se décider.

Notre peuple n’a que trop souffert, il urge de soulager sa souffrance en prenant des décisions réfléchies. La junte doit comprendre que si son acte s’est avéré salutaire pour le Malien, l’instauration d’un régime militaire du fait qu’il est contraire au protocole additionnel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), serait une insulte pour les martyrs des 10, 11 et 12 juillet 2020.

Daouda DOUMBIA
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