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Nomination d’un président civil à la tête de la transition malienne Les militaires partent tout en campant sur leur position
Publié le vendredi 25 septembre 2020  |  Nouveau Réveil
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Un militaire à la retraite est-il un civil ? À en croire le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qui a renversé le 18 août dernier le président Ibrahim Keïta, la réponse ne souffre d’aucun doute ; alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lui avait enjoint de trouver au plus tard le 23 septembre un président et un Premier ministre, tous civils, pour conduire la Transition.

La fumée blanche est enfin sortie le lundi dernier des concertations entamées par la junte militaire avec les acteurs de la classe politique, de la société civile malienne, etc. En effet, elles ont abouti à la nomination de l’ex-ministre de la Défense, Bah N’Daw, comme président de la Transition, et du colonel Assimi Goïta comme vice-président.

En attendant que ces nominations soient acceptées par la CEDEAO, l’on peut dire que l’oiseau rare a été enfin trouvé et ce, quarante-huit heures avant l’expiration de l’ultimatum de cette instance sous-régionale qui avait, lors de son mini-sommet à Accra au Ghana, réitéré l’ordre à la junte militaire de désigner un président et un Premier ministre civils pour diriger la transition politique au Mali.

La junte avait-elle le choix ?

À présent que l’on sait qui présidera momentanément aux destinées du Mali, la CEDEAO va-t-elle illico presto lever les sanctions ? En tout cas, il faut souhaiter que cette instance d’intégration sous-régionale aille dans ce sens d’autant que l’économie malienne est au bord de l’asphyxie. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Assimi Goïta et ses frères d’armes auront pris une sage décision car, il ne servait à rien de continuer à jouer avec les nerfs des chefs d’État de la CEDEAO, au risque de plonger davantage le pays dans le gouffre. Cela dit, les hommes en treillis avaient-ils vraiment le choix ? La réponse est non. Il est vrai que les tombeurs d’Ibrahim Boubacar Keïta, avaient l’intention de déposer leurs pénates au palais de Koulouba qu’ils disaient être venus balayer mais l’étau qui se resserrait autour d’eux, ne leur offrait pas d’autre choix que de satisfaire aux exigences de la CEDEAO. Ils étaient d’autant plus acculés que le Mouvement du 5 juin (M5-RFP) qui a secoué le cocotier pour qu’IBK tombe comme un fruit mûr par la junte, est resté intraitable sur le choix des dirigeants de la Transition. Et c’est à son honneur car, il aura contribué ainsi à éviter la confiscation du pouvoir par l’armée.

Cela étant, la junte n’aura pas tout perdu puisqu’elle s’adjuge la vice- présidence et ce, pour une période de 18 mois. Il faut même craindre qu’elle ne fasse ombrage au colonel-major à la retraite car.

Toutefois, il faut espérer pour ce Colonel à la retraite et ses compatriotes qu’il saura mener le bateau battant pavillon Mali à bon port sans être un président postiche, juste là pour inaugurer les chrysanthèmes, pendant que le vrai pouvoir est ailleurs, entre les mains des putschistes.

On peut le craindre lorsqu’on voit qu’il a été flanqué d’Assimi Goïta, le chef de la junte, désigné vice-président. Preuve s’il en est encore que les militaires n’étaient pas prêts à lâcher totalement le morceau pour retourner dans leur caserne comme l’aurait souhaité la CEDEAO. S’ils ont quelque peu replié en laissant la tête de la transition, ils restent campés sur leur position en gardant la main mise sur la conduite des affaires de l’État.

Pour peu, on croirait que celui qui détient la réalité de la force militaire a été mis là pour tenir en lest le colonel-major Ndaw qui, ayant fait valoir ses droits à la retraite et n’ayant pas de commandement, pourrait être à la merci du bientôt ex-CNSP.

On peut d’ailleurs se demander quel besoin on avait pour une période transitoire, dont l’architecture devait être légère, de créer un poste de vice-président, en plus de celui de Premier ministre, avec le risque que le trio de l’exécutif se marche sur les pieds. Sans oublier qu’un tel poste, dont l’utilité est plus que douteuse, est forcément budgétivore à un moment où le pays ne peut se payer le luxe de dépenses somptuaires.

Après 60 ans d’indépendance, les Maliens n’ont ni la sécurité, ni la prospérité encore moins la paix

En attendant de voir l’ossature du gouvernement qui sera mis en place, l’on peut dire que les Maliens auront, à travers ces nominations, fait un pas de géant sur le chemin du retour à l’ordre constitutionnel. L’acte est d’autant plus important qu’il est intervenu à la veille de la célébration du 60e anniversaire de l’accession du Mali à la souveraineté nationale et internationale. Un ouf de soulagement donc pour les populations qui risquaient de ne pas avoir l’esprit à la fête au regard de la météo politico-militaire qui prévalait. Cela dit, on fait le constat que les militaires ont longtemps occupé la scène politique malienne. En effet, sur les 60 ans d’indépendance, l’armée aura dirigé le Mali pendant plus de trois décennies. Et en termes de bilan, les Maliens ne devaient pas en être fiers parce que les fruits, disons-le net, n’auront pas tenu la promesse des fleurs. Cela est d’autant plus vrai qu’après 60 ans d’indépendance, les Maliens n’ont ni la sécurité, ni la prospérité encore moins la paix. En tout cas, la situation crève les yeux. En dépit de l’assistance de la communauté internationale dont il bénéficie, force est de constater que le Mali est toujours à la recherche de ses marques.

Jean Pierre James

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Source: nouveau reveil 



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