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«Dans le monde, la démocratie est souvent venue après la construction de l’État»
Publié le dimanche 27 septembre 2020  |  RFI
Gilles
© Autre presse par DR
Gilles Olakounlé Yabi, économiste et analyste politique.
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Entretien avec Gilles Olakounlé Yabi, économiste et analyste politique. Il est le fondateur du cercle de réflexion citoyen de l’Afrique de l’Ouest, Wathi (www.wathi.org). Propos sur le devenir de la démocratie dans l’Afrique francophone.

RFI : En 2020, quel bilan faites-vous de l’état de la démocratie en Afrique ?

Gilles Yabi : Difficile de répondre à cette question sans rappeler d’abord la diversité du continent. Cette diversité a des implications profondes pour le bilan qu’on peut faire sur l’état de la démocratie en Afrique. Les évolutions politiques ont été différentes d’une région du continent à l’autre, et d’un pays à l’autre au sein de la même région. Chaque pays africain a son histoire politique particulière avec des avancées à des moments donnés sur le plan de la démocratie et des libertés, mais avec aussi des reculs. En Afrique, nous sommes dans la construction laborieuse de systèmes politiques qui soient démocratiques et stables. Cette construction vient à peine de commencer si l’on se situe dans le cadre des États dans leurs frontières actuelles, des États dont les formes politiques ont été largement influencées par les conditions de la colonisation et par celles de la décolonisation. Cela fait partie de l’histoire récente du continent.

Ces évolutions politiques différenciées que vous évoquez sont particulièrement flagrantes lorsqu’on compare l’Afrique centrale aux autres aires régionales. Comment s’expliquent ces écarts ?

L’Afrique centrale subit, peut-être plus que les autres régions, la malédiction de ses ressources, notamment pétrolières. Celle-ci a eu, dès la période coloniale, des implications politiques et géopolitiques importantes. La sélection des leaders politiques au moment des indépendances et juste après dans ces pays a été déterminante pour leur trajectoire politique jusque-là. Ce ne sont pas les élites qui semblaient les plus vertueuses et les plus nationalistes qui se sont imposées. Le clientélisme, l’accaparement des ressources publiques par les clans au pouvoir bénéficiant aussi de soutiens extérieurs, précisément à cause des ressources naturelles essentiellement exportées, ont empêché la démocratie de commencer à s’y installer
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