Dans une lettre en date du 22 septembre 2020, le porte parole, colonel Hassane Ag Mehdy, a rappelé la situation d’oubli dans laquelle se retrouvent les anciens Famas depuis leur réintégration en janvier 2019 conformément à l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et la réunion du haut niveau tenue le 14 décembre 2018 sur les aspects défense et sécurité.
En effet suite au communiqué conjoint des ministres (Défense, Sécurité et Réconciliation) du 17 janvier 2019 et dans le respect des engagements pris de commun accord entre tous les mouvements armés et le gouvernement, nous avons répondu favorablement à l’appel pour réintégrer les FDS. Cependant, nos difficultés ont commencé depuis les centres de cohésion et recyclage, en ce qui concerne les conditions de vie et salaires. Pendant ces longs trois mois les familles de ces éléments sont livrées à elles-mêmes sans aucun soutien.
La surprise fut amère quant à la fin de cette formation les sous-officiers et hommes de rang furent l’objet des mutations punitives et les officiers totalement exclus des postes de commandement. En outre la situation générale commune à tous, chaque groupe a rencontré des problèmes spécifiques au sein de son corps d’origine allant de la rétention des salaires à la stigmatisation (mention « intégré » sur leur bulletin de salaire jusqu’à ce jour comme des parias.)
Cette distinction demeure une étiquette qui marque implicitement la différence entre ces éléments et leurs autres frères d’armes.
En dépit de tous ces maux, les anciens FaMas désormais réintégrés ne sont pas au bout de leur peine car malgré la signature du décret No 0874/P-RM du 30 octobre 2019 fixant les modalités d’attributions de grades, de fonction de commandement et de reclassement des ex-combattants des mouvements signataires dans les corps constitués de l’état y compris les forces armées et de sécurité, aucune disposition particulière n’a été prise concernant les avancements et les reclassements des réintégrés quand bien même tous ces éléments sont déployés il y a bientôt 2 ans partout au Mali et surtout sur les théâtres d’opérations où certains ont perdu la vie d’autres handicapés à vie sans encore bénéficier de leurs droits. A titre d’exemples : des hommes de rang d’ancienneté allant de 10 à 27ans au même grade.
Des sous-officiers allant de 10 à 14 ans au même galon
Des officiers supérieurs et subalternes bloqués au même grade de 10 à 15 ans
De plus certains de ces hommes frappés par la limite d’âge et le retard d’avancement ou reclassement iront en décembre 2020 à la retraite sans bénéficier de leurs droits.
Monsieur le président du CSA, nous constatons amèrement que le dossier dit des anciens FaMas réintégrés ne bénéficie d’aucune attention de la part des acteurs pour la paix malgré le rôle central des anciens FaMas dans la crise, dont le retour constitue la plus grande avancée dans la construction de la paix tant souhaitée. Monsieur le président du CSA, le mépris dont ces hommes font l’objet s’avère gravissime dans la mesure où la somme de toutes ces injustices conjuguées risque de produire une rupture de confiance et un effritement d’une paix encore fragile.
Monsieur le président du CSA, nous profitons de cette missive pour solliciter votre engagement personnel en synergie d’action avec toute la communauté internationale garante de l’accord pour la paix afin d’amener le gouvernement malien principal acteur du processus de paix à prendre des décisions politiques courageuses pour abréger les souffrances de ces hommes déjà engagés pour la paix et la patrie.