Comme si ce dossier judiciaire s’éternisait, sans que l’on ne sache un peu trop sur le pourquoi, l’ex-directrice générale de l’AZI-Mali, Mme Kane Makoye Sissoko, dans l’intervalle de quelques mois seulement, est à nouveau conduite à la prison pour femmes de Bollé. Un rebondissement judiciaire qui n’apporte pourtant aucun fait nouveau dans le dossier d’instruction. Qu’est-ce qui se cache autour de ce dossier qui intrigue toute conscience éprise de justice.
On ne sait trop pourquoi la procédure judiciaire, concernant cette ancienne dirigeante de la société AZI-Mali, traîne avec en toile de fond une nouvelle incarcération de la bonne dame qui, depuis le début de cette affaire, ne fait que clamer son innocence.
Dit-on dans l’entourage de ce dossier, même si cette fois-ci ce sont de nouvelles incarcérations qui se sont opérées dans le dossier, notamment avec le cas de l’ex-PDG de la société, on ne comprend toujours pas pourquoi on s’acharne contre une pauvre dame, cadre politique de surcroît, qui n’a émis, ni encaissé aucun faux reçu délivré à des clients, en contrepartie des versements opérés pour l’acquisition de leurs parcelles.
Au cœur de ce dossier, toutes ces histoires de faux reçus émis sont bien connues : depuis le temps de l’ex-PDG de la société, des agents avaient été identifiés comme étant les auteurs de ces faits incriminés, suite à des erreurs commises par eux sur les numérotations, décelées par l’ancienne direction. Si à l’époque des faits, aucune sanction ni disciplinaire ni pénale n’a été envisagée contre les intéressés, ce n’est évidemment pas la faute de l’ex-directrice commerciale qui n’en avait pas la responsabilité. D’ailleurs, on sait bien que c’est sur décision de l’ex-PDG (aujourd’hui détenu) que la responsabilité de la caisse a été confiée à une tierce personne de la société qui bénéficiait, elle, de ce fait, d’une prime de caisse avec un coffre-fort logé dans son bureau et dont elle détenait à elle seule le code de fonctionnement.
Le hic de cette procédure, déjà confuse, est que c’est cette personne qui est citée comme témoin contre l’ex-directrice commerciale, devenue bien après directrice générale de la société après un appel à candidature d’une quinzaine de postulants, parmi lesquels elle était la seule femme dont le choix a été motivé à l’époque par l’autorité compétente.
D’ailleurs, dit-on dans l’entourage de l’ex-directrice, ses déboires datent de cette époque d’autant qu’elle avait émis des réserves à signer le dossier de passation avec l’ex-PDG. Elle avait notamment fait remarquer, entre autres points, la non certification des comptes depuis 15 ans, la falsification des documents comptables pour l’obtention de prêts, l’utilisation frauduleuse de plus de 500 millions de nos francs de provision en remboursement de reprise de parcelles sur les clients défaillants, etc.
Ensuite, il y a eu son refus de signer un document de prêt pour l’aménagement de la zone industrielle de Ségou, dénoncée en violation de la convention de prêt (un montant estimé à 6,8 milliards de francs CFA), montée à l’époque des faits par le ministre Mohamed Aly Ag Ibrahim.
La suite de cette affaire est connue de tous : le ministre, mécontent d’elle, l’a évincée de son poste de directrice générale après avoir éjecté également de ses fonctions l’ex-PCA de la société. Même munie d’une grosse en bonne et due forme de la Cour suprême (elle avait intenté un procès pour abus d’autorité contre la décision du ministre), elle n’aura jamais gain de cause.
C’est cette bonne dame qui a toujours clamé son innocence, et qui n’a jamais fait mystère à la justice de son désir de voir la vérité éclatée au grand jour, qu’on traîne en prison, comme si, pour son cas, l’acharnement judiciaire était la règle de la procédure.
Comme dira l’autre, c’est bien là les méfaits de la justice spectacle.