Expiré depuis le mois dernier, le mandat du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), Youssouf Bathily, a été prorogé, sans aucune raison valable. Cette décision n’est pas partagée par tous les membres de l’institution qui crient à l’injustice et mettent en avant l’illégalité dans laquelle se trouve le bureau actuel. Ils s’apprêtent à manifester dans les prochains jours.
La Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) est de nouveau dans la tourmente. En cause, la prorogation du mandat de son bureau actuel. Son président, Youssouf Bathily, est accusé d’avoir illégalement prorogé son mandat en violation de tous les textes de la chambre consulaire. Ils estiment que c’est une stratégie qui vise à faire main basse sur la direction de la CCIM.
L’illégalité du bureau
Ce qui ne manque pas de faire grincer des dents. Puisque, selon nos informations, cette décision de prolongation du mandat du bureau actuel n’est pas partagée par l’ensemble des membres de la CCIM. «Ce qui est marrant dans cette affaire c’est que cette prolongation n’est basée sur aucune disposition légale», commentent plusieurs membres de la CCIM. Ceux-ci crient à l’injustice et mettent en avant l’illégalité du bureau.
C’est ce qu’explique Jeamille Bittar, ancien président de la CCIM. Sur les ondes de radio Rempart, l’ancien président du Conseil économique, social et culturel dénonce vigoureusement le caractère illégal de la prolongation du mandat du bureau actuel. «Ce n’est pas normal et c’est de l’injustice», clame-t-il.
En 2012, Jeamille Bittar n’a pas eu les mêmes chances. Le pouvoir de l’époque (Ndlr : Abdoul Karim Konaté dit Empé était le ministre de l’Industrie et du Commerce) a décidé, à la fin de son mandat, de mettre à la tête de la CCIM un collège transitoire, alors que le mandat de toutes les institutions à l’époque avait été prolongé.
L’ex-patron de l’institution se demande pourquoi l’Etat n’a pas mis un collège transitoire à la tête de la CCIM comme en 2012, en attendant l’organisation d’élection. Les textes, affirme-t-il, sont pourtant très clairs en la matière. Selon lui, le bureau actuel de la CCIM est dans l’illégalité puisque son mandat est expiré depuis le 10 septembre.
À la CCIM, on évoque le Covid-19 !
Contacté par Le Wagadu, le chargé de communication de la CCIM, Mamadou Fofana, a déclaré que le bureau ne peut pas prolonger son mandat. Il a indiqué que contrairement au CNPM, c’est le ministère de l’Industrie et du Commerce qui organise les élections à la CCIM.
Le collège, affirme-t-il, doit être convoqué quatre mois avant la date de l’élection. Ce qui, selon lui, n’a pas été fait pour des raisons de Coronavirus. Pour plus d’explication, Mamadou Fofana nous a demandé de prendre contact avec Yoro Sidibé, secrétaire général du ministère de l’Industrie et du Commerce.
Approché, celui-ci a d’abord indiqué qu’il ne souhaitait pas s’exprimer sur le sujet. Avant d’ajouter que le processus est en cours. Il n’y a rien d’illégal, précise-t-il, car la loi dit que le mandat du bureau actuel continue jusqu’à la mise en place d’un nouveau bureau. Ce qui ne saurait tarder. Puisque Yoro Sidibé dit avoir signé l’arrêté de convocation du collège électoral. «C’est tout un processus», a-t-il ajouté. «La date même est connue mais que je ne saurais vous dire», a affirmé Yoro Sidibé.
Selon le secrétaire général du ministère de l’Industrie et du Commerce, le processus a pris du retard à cause de l’absence de gouvernement (Ndlr : le gouvernement a démissionné le 11 juin et le mini-gouvernement ne comportant que les ministères régaliens a été mis en place 40 jours après).
Yoro Sidibé a déclaré que beaucoup de choses se sont passées ces derniers temps au Mali (Ndlr : l’apparition de la maladie à coronavirus le 25 mars, l’éclatement en juin de la crise sociopolitique ayant entraîné le coup d’Etat le 18 août). Ce qui, dit-il, a mis le processus en retard. C’est tout récemment qu’on a autorisé les secrétaires généraux à prendre les affaires en main.
En tout état de cause, selon nos informations, des membres de la CCIM s’apprêtent à manifester dans les prochains jours pour exiger l’organisation de l’élection ou, à défaut, installer un collège transitoire comme en 2012.
Pour mémoire, Youssouf Bathily a été élu à la tête de la CCIM le 14 septembre 2015 pour un mandat de 5 ans. Le collège électoral devrait être convoqué depuis le 10 mai 2020, par Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Industrie et du Commerce. Ce qui n’a pas été fait jusqu’à ce jour.