Du 26 mars 1991 au 8 juin 1992, le Mali démocratique a connu une première période de transition d’un an, deux mois et treize jours. Du 12 avril 2012 au 4 septembre 2013, nous avons connu une deuxième période de transition d’un an, quatre mois et vingt-trois jours. À partir du 25 septembre 2020, notre pays a amorcé une nouvelle période de transition de 18 mois, probablement.
Les « démocrates » maliens doivent présenter leurs excuses au Peuple malien, tout comme l’armée l’avait fait après la chute du régime du Général Moussa Traoré. Après trente années de pratique démocratique, la politique de « consensus », du « dialogue/concertation », de « gouvernement d’union nationale ou de large ouverture », de « partage du gâteau national », n’a pas su donner aux Maliens de l’eau potable, des infrastructures routières et sanitaires, de la sécurité, de l’éducation, de la justice… Cette politique a contribué à l’émergence de leaders politiques qui n’ont d’autres soucis que leur confort personnel même si cela est acquis au détriment de la paupérisation et de la bidonvilisation des masses populaires considérées comme des bétails électoraux. Le constat est amer : trois Présidents démocratiquement élus, deux interventions de l’armée occasionnant un exil forcé du Président avant la fin de son mandat constitutionnel. Ce constat d’échec est à mettre à l’actif de la classe politique quand on sait que dans notre démocratie de façade, il a toujours existé un « dialogue exclusif » entre le Peuple et le Prince du jour qui parvient chaque fois à coopter certains barons issus de la « branche pourrie » de la matrice US-RDA/Udpm/Adema en vue d’assurer le fonctionnement des institutions de la République qui sont en elles-mêmes budgétivores.
Du coup, les débats à l’Assemblée nationale deviennent des causeries publiques (« foroba baro ») transformant ainsi les GP (groupes parlementaires) en GIE (groupement d’intérêt économique). Tant que les partis politiques ne jouent pas pleinement leur rôle dans l’animation du débat politique à travers leurs structures de base (comités, sous-sections et sections) notre démocratie continuera toujours à enregistrer des coups d’État et des périodes de transition plus ou moins longues. Tant que l’appareil exécutif de nos partis politiques ne tient pas compte de l’avis de leurs militants à la base dans le choix de leurs candidats lors des différentes élections (communales, conseil de cercle, conseil régional, assemblée nationale), il n’y aura jamais d’élus dans ce pays, capables de défendre les intérêts de nos populations. Comme on a coutume de le dire, la nature a horreur du vide.