Avec des gros slogans qui, d’un côté disent que nous sommes un peuple solidaire et uni, d’un autre que l’humanisme et le vivre ensemble priment, ailleurs encore, que la défense des opprimés est la carte maîtresse de ces quelques-uns qui ont réussi à se défendre et sortir à peu près du lot de ceux qui sont éternellement écrasés.
Ces gros slogans sont des discours à dormir debout pour attirer l’attention sur ceux qui l’emploient pour donner un cadre à leur propre lutte du chacun pour soi. Quand nous nous posons la question éternelle de savoir pourquoi autant de malheur social et d’inégalités, nous oublions très souvent et étouffons-en nous-mêmes notre entière responsabilité dans nos actes de tortures quotidiennes des uns et des autres. Nous sommes les fruits de ces tortures et ces violences que nous exprimons dans nos actes de tous les jours, sans reconnaître les impacts et refuser des mises en question. Un aspect de ces violences, est illustratif dans nos rapports sociaux avec la junte de la horde de celles appelées ‘’filles de ménage’’.
D’abord, il est à noter que la majorité écrasante sont des filles mineures venues du village et insérées dans les familles qui les exploitent et les torturent avec des tonnes de services difficiles d’être accomplis même par les adultes. Ensuite, la société a légalisé cette exploitation pour des salaires maudits de 7500 FCFA (moins de 12 euros) par mois, pour des jeunes filles mineures qui sont les premières à se réveiller entre 5 et 6 heures le matin pour être les dernières à se coucher pour un temps de travail de plus de 15 h/ 24h.
Ces petites filles mineures s’occupent de tous les travaux difficiles dans un interminable aller-retour. Elles sont utilisées par toute la famille pour tout et n’importe quoi. Ainsi, ces petites filles mineures traversent tout leur cycle d’adolescence dans cette forme de tortures physiques et psychologiques jusqu’à l’âge adulte qui sera l’occasion pour elles d’être acceptées pour 10000f (15 euros) de salaire par mois, parce qu’elles ont appris à faire la cuisine. Une occasion pour la maîtresse de la maison de passer tout le reste de sa vie avec les maquillages et les événements sociaux interminables, en abandonnant ses propres devoirs.
La petite fille mineure d’hier, devient une adulte renfermée et traumatisée, qui crée une carapace de défense pour étouffer toutes ses émotions de douleur subies dans une société qui se décrit comme humaniste et solidaire. Elles perdent leur sourire, elles sont l’objet de tonnes d’insultes et de cris. Elles dorment dans des conditions de misère, parce que considérées comme des sous-humains. Elles sont également l’objet de chantage sexuel, souvent fait par l’homme de la famille, un pervers sexuel, soit par un frère de la famille, sans avoir ni le droit de se défendre, ni pour contester.
Elles sont victimes d’autres fois de grossesse causées par viols sexuels, qu’elles gardent et acceptent, en continuant leur chemin. D’autres fois, elles ont des compagnons de la rue, qui acceptent de telles grossesses sans être sûrs qu’ils en sont l’auteur. Certaines, avec l’incapacité de supporter ces tragédies, jettent leurs enfants, parce que ne savent pas quoi faire avec et sans moyens, parce que la famille au village, les rejetteront. Beaucoup restent piégées dans les grandes villes à cause de tels dilemmes.
Ce sont des pratiques qui sont remarquées dans toutes les familles, dans l’indifférence et un silence total. Ce sont pourtant des familles qui sont convaincues de leur bonté et leur place au paradis. Dans une discussion avec une femme dans son foyer sur la situation de ces filles ménagères, elle nous a expliqué sans-gêne ni honte que ces filles sont nourries par la famille, c’est pour cela que 10.000 FCFA (15 euros) de salaire par mois, sont largement suffisants. Regardez les démons et les vagabonds que vos enfants deviennent, malgré toutes les conditions dans lesquelles vous tentez de les mettre. Les garçons au mieux deviennent des drogués, au pire, ils deviennent des ratés vagabonds qui se manifestent depuis la maison. Les filles, deviennent des objets de marchandage sexuel aux plus offrants. Rien ne naît de rien.