À Kana-Markala, dans la commune rurale de Koula, cercle de Tominian, la conquête de Kéta Traoré, une fillette âgée seulement de 13 ans à l’époque (2014), a donné lieu à une bataille entre jeunes habitants du même village, et le décès d’un homme.
Ainsi diffusées, ces informations tiennent leur source d’un arrêt de la cour d’Assises de Bamako. Une juridiction qui s’est prononcée sur l’affaire le vendredi dernier. En l’occurrence, il s’agit d’une histoire de conquête d’une fillette qui s’est transformée en bataille entre jeunes du même village. Courant 2014, Souleymane Traoré et Adama Saga, deux jeunes domiciliés au même village (Kana-Markala) s’étaient concomitamment engagés à la conquête de Kéta Traoré, une fillette du village âgée de 13 ans à l’époque.
À l’accoutumée, ce sont les amis du prétendant qui font, dans ce genre de situation, les premières démarches. C’est dans ce contexte que Diakaridia Traoré, un ami à Souleymane, fait les premières démarches, invitant la fillette à une causerie. En colère, Madou Traoré, un ami à Adama Saga a envoyé Seydou Traoré, un autre ami pour constater la présence de la demoiselle dans le groupe de Souleymane Traoré. Cet acte se solde à un malentendu entre les amis des deux prétendants (Souleymane Traoré et Adama Saga). Ainsi, dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 août 2014, Souleymane Traoré et son ami Diakaridia se sont, avec l’idée d’interpeller Madou Traoré, rendus à une soirée.
Cette interpellation se termine par un affrontement au cours duquel Diakaridia a, à l’aide du caillou, grièvement heurté le jeune Madou, un ami à Souleymane Traoré. Ce qu’il ne fallait surtout pas, car, les amis de Madou se réunissent immédiatement autour de Diakaridia, lui assenant des coups en guise de revanche. Une fois réussi à s’échapper, Diakaridia va alerter les membres de son groupe pour une riposte.
« C’est ainsi que les deux groupes transforment le village en un véritable champ de bataille avec des affrontements sporadiques de part et d’autre », indique-t-on dans l’arrêt de la cour. Après les affrontements, une légère accalmie est survenue dans le village. Durant cette même période, les habitants du Kana-Markala ont été surpris du cri de détresse d’un homme. Selon l’arrêt, Awa Koné qui se trouvait à près de quinze mètres de la scène était la première personne à être sur le lieu pour savoir la personne qui criait. Malheureusement, elle se rend compte que c’est son grand frère Yacouba Koné qui venait d’être tué par des individus qui cherchaient à fuir dans l’obscurité. Awa se met alors à leur poursuite. Elle braque sa torche sur eux, disant qu’elle les connait déjà. À son retour, elle informe la famille, précisant que son frère Yacouba a été tué par Bourama Traoré et Yaya Samaké. « Awa ajoute qu’elle a même suivi Yaya Samaké jusqu’à son domicile et qu’elle l’a vu entrer dans la chambre de sa première épouse pour le dépôt de son arme avant de se réfugier chez la seconde épouse », lit-on dans l’arrêt.
Aux autorités judiciaires en charge de l’affaire, Awa Koné va jusqu’à donner des détails sur le vêtement que portaient Yaya Samaké et Bourama Traoré.D’où l’engagement des procédures de poursuite contre les deux comme auteurs de ce « meurtre », un fait prévu et puni par le Code pénal malien. Malgré tout, les inculpés ont nié les faits à eux reprochés devant le juge d’instruction. Mais le problème, c’est qu’Aïssata Traoré, la femme du défunt Yacouba Koné, avait contracté, quelques mois plus tard, une grossesse dans sa belle-famille. Copieusement blâmée par la mère et Awa Koné (la sœur de son mari défunt Yacouba Koné), Aïssata décide de se venger. Pour ce faire, elle raconte que son mari Yacouba a été agressé par Ousmane Traoré, l’époux d’Awa Koné qui accusait Yaya et Bourama d’être auteurs de la mort de son frère. Se fiant à ces propos, le juge en charge du dossier poursuit Ousmane Traoré. Mais le paradoxe, c’est qu’Aïssata finira par dire la vérité, disant qu’Ousmane n’est pas l’auteur du crime, mais qu’elle voulait simplement se venger par le fait qu’elle était en colère contre la femme de celui-ci (Awa Traoré qui l’avait reproché d’avoir la grossesse). Lors de son audience du vendredi dernier, Ousmane Traoré a été acquitté. Quant à Yaya Samaké et Bourama Traoré qui n’étaient pas présents lors de l’audience, ils ont été, par arrêt de contumace, condamnés à une réclusion à perpétuité.