PolitiqueRapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres sur le Mali : 343 attaques, 375 civils tués, 450 blessés et 93 enlevés durant les trois derniers mois
Publié le vendredi 9 octobre 2020 | Le Républicain
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a publié, le 29 septembre 2020, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 21 pages met l’accent sur la situation sécuritaire, humanitaire, politique et juridique qui prévaut au Mali. Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. En outre, le rapport n’occulte pas le coup de force du 18 août 2020 ouvrant la voie d’une transition au Mali. Le rapport de Antonio Guterres révèle que les civils continuent d’être victimes d’attaques de groupes terroristes. «Les civils, toutes communautés confondues, ont continué d’être la cible d’attaques, en particulier dans le centre du Mali. Au 31 août, 343 cas avaient été signalés : 375 civils avaient été tués, 450 blessés et 93 enlevés dans l’ensemble du Mali », précise Antonio Guterres dans son rapport.
Selon le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, la situation dans le centre du Mali reste très préoccupante. Il a aussi ajouté que les milices d’autodéfense et les groupes extrémistes ont continué d’exploiter les conflits intercommunautaires, ce qui a entraîné une violence continue contre les civils et des problèmes de sécurité, touchant principalement les cercles de Bankass, Bandiagara, Douentza et Koro. « La situation en matière de sécurité est restée très préoccupante, les attaques de groupes extrémistes contre les civils et les forces de sécurité nationales et internationales dans le nord et le centre du Mali se poursuivant sans relâche. Les affrontements entre les groupes affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et à l’État islamique du Grand Sahara se sont poursuivis, principalement dans la région de Gao, en raison de l’expansion continue de l’État islamique du Grand Sahara du centre du Mali vers le nord et la zone des trois frontières. Le 31 juillet, des douaniers, dans la ville de Sikasso, et le 4 août, un poste de gendarmerie, dans la ville de Kayes, ont été attaqués par des assaillants non identifiés, qui seraient affiliés à des groupes terroristes », révèle le rapport. Dans la ville de Gao, indique le rapport, des tensions entre les populations arabe et songhaï ont éclaté le 20 août. Le rapport poursuit en évoquant que le 26 août, à la suite d’une réunion entre les communautés, un mémorandum d’accord visant à favoriser un environnement sûr dans la région de Gao a été signé par des notables des communautés songhaï, arabe, touareg et peulh. Aux dires du secrétaire général des Nations Unies, la Coordination des mouvements de l’Azawad a continué d’étendre son influence dans les régions de Kidal et de Tombouctou et reste le principal garant de la sécurité dans la région de Kidal. Antonio Guterres a rappelé qu’en juillet, des affrontements ont repris entre différentes communautés arabes affiliées au Mouvement arabe de l’Azawad-Plateforme (Ould Ich) et au Mouvement arabe de l’Azawad-Coordination (Tourmouz), à Lerneb, dans le district de Goundam (région de Tombouctou). Et d’ajouter que malgré un accord négocié par les autorités mauritaniennes dans la zone frontalière, des affrontements, le 2 août, ont fait 15 morts. « Les forces nationales et internationales, la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) et les groupes armés signataires ont essuyé 84 attaques asymétriques ; 49 % d’entre elles se sont produites dans le nord du Mali : 11 attaques ont eu lieu dans la région de Gao, 9 à Kidal, 7 à Ménaka et 14 à Tombouctou. Le centre du Mali a été le théâtre de 48,8 % des attaques : 33 attaques se sont produites dans la région de Mopti et 8 dans celle de Ségou, soit une augmentation par rapport à la période précédente, au cours de laquelle 30 attaques avaient été enregistrées contre les forces de sécurité et les groupes signataires. Les Forces de défense et de sécurité maliennes ont été la cible de 47 attaques, qui ont fait 108 morts et 201 blessés. Les attaques les plus meurtrières ont eu lieu le 14 juin à Bouka, dans le cercle de Niono (région de Ségou), et le 2 juillet à Gouari, dans le cercle de Bankass (région de Mopti), faisant 27 morts parmi les soldats et 5 disparus à Bouka, et 9 morts et 6 blessés à Gouari », a signalé le rapport.
Antonio Guterres à propos du Mali : « le temps presse…»
Le rapporteur indique que la MINUSMA a subi 29 attaques, qui ont fait deux morts et 40 blessés parmi les soldats de la paix. Il dira aussi que les groupes armés signataires ont fait face à sept attaques au cours des trois derniers mois, à la suite desquelles sept de leurs membres sont morts et six ont été enlevés. « Malgré l’action menée par les forces nationales pour renforcer les mesures de protection avec le concours de la MINUSMA, les civils, toutes communautés confondues, ont continué d’être la cible d’attaques, en particulier dans le centre du Mali. Au 31 août, 343 cas avaient été signalés : 375 civils avaient été tués, 450 blessés et 93 enlevés dans l’ensemble du Mali. Les actes de violence ont donc augmenté…», a souligné Antonio Guterres dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali. À ce jour, déplore-t-il, les autorités maliennes n’ont encore ouvert aucun procès pour juger les personnes ayant provoqué la mort des soldats de la paix. Dans le cadre de ses observations, Antonio Guterres a fait savoir que dans le cadre de la transition, les parties prenantes maliennes doivent de toute urgence déterminer les solutions qui aideront à éviter que le dialogue ne continue pas de se rompre et la confiance de s’effriter, de sorte que l’on puisse asseoir solidement les bases d’une vie démocratique et récolter les dividendes de la paix pour le peuple malien. « Je demande aux acteurs régionaux et internationaux de continuer de s’investir en faveur du Mali, pendant cette période de transition délicate. Je remercie la CEDEAO, l’Union africaine et les autres partenaires de l’action qu’ils mènent pour que les parties prenantes maliennes jettent les fondements d’un pays plus stable et plus pacifique. L’Accord reste le cadre pertinent pour les réformes institutionnelles nécessaires et urgentes ; le mettre en œuvre doit rester la priorité. Il n’y a pas d’autre solution. Je demande aux autorités de transition de prendre en main l’application de cet accord et aux parties qui l’ont signé de renouveler leur engagement à prendre des mesures concrètes en vue de progrès mesurables. Il faut redoubler d’efforts pour que les unités reconstituées redéployées puissent jouer leur rôle et contribuer plus efficacement aux dispositifs de sécurité dans le nord du Mali, en particulier à Kidal, et faciliter le retour de l’État. Tout nouveau retard risque de mettre en péril des progrès durement obtenus », a averti le secrétaire général de l’ONU (organisation des Nations Unies). A ses dires, le temps presse car les conditions de sécurité, la situation humanitaire et celle des droits humains continuent de se détériorer, les activités des groupes terroristes redoublant dans le centre et le nord du Mali. « Je condamne fermement les attaques des groupes extrémistes contre les civils, les travailleurs humanitaires, les Forces de défense et de sécurité maliennes et la MINUSMA. Je demande aux autorités nationales de prendre rapidement des mesures pour enquêter sur ces affaires et traduire les auteurs en justice. La lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et les attaques asymétriques doit rester une priorité », a conclu Antonio Guterres.