Le professeur Kissima Gakou, ci-devant Doyen de la Faculté de Droit privé (Fdpri), a séjourné 6 mois en prison en 2019, pour une affaire sans queue ni tête. Retour sur un scandale qui ne grandit pas l’université.
Les faits. Le comptable de la faculté est muté, 10 mois sans remplaçant, avec juste un jeune préposé au service de la comptabilité pour veiller sur les biens. Celui-ci, profitant du vide et des pouvoirs (provisoirement placés entre ses mains, sur recommandation écrite du titulaire muté), a fait du faux, surtout avec les frais d’inscription des étudiants.
Sans savoir comment, et surtout, sans en être informé, le Doyen de la Faculté vit débarquer des contrôleurs qui embarquèrent à l’issue de leur vérification, celui qui faisait office de comptable. Quelques jours après, ils reviennent arrêter le Doyen.
Celui-ci restera 6 longs mois en prison. Non seulement, il ne bénéficiera pas de la solidarité et de la présomption d’innocence de sa hiérarchie, mais, pire, il fera l’objet de toutes les brimades. En effet, le ministre fera prendre une décision de suspension du doyen, de 3 mois, conformément aux textes.
Tout ce temps, le juge d’instruction n’avait même pas écouté le Doyen. Finalement, à son audition, le juge d’instruction, en professionnel aguerri ne tardera pas à faire sa religion : il ordonna la mise en liberté du Doyen tout en poursuivant ses enquêtes. Pour autant, le Doyen n’était pas tiré d’affaire. Le Recteur de l’Université prendra une décision pour le suspendre, cette fois-ci, en violation de toutes lois. En l’absence de gouvernement, le Recteur, tentera de faire valider cette décision par le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur. Malgré tout, sa décision sera annulée par le tribunal administratif pour défaut de qualité, violation de la loi et abus de pouvoir.
Les questions sont nombreuses après cette affaire, car, là où on s’attendait à une solidarité de la hiérarchie, on a vu comme une volonté d’enterrer un homme, alors que les enseignants sont unanimes : il a amené la Faculté à des niveaux insoupçonnés : “Chaque mois on avait des ateliers, des formations. Il a créé et réussi à faire financer des multitudes de formations. Il a créé des coopérations avec des universités prestigieuses et des projets innovants financés par des partenaires. Avec lui, la vie et l’animation scientifique et pédagogique prirent un essor inédit dans cette université avec une profusion de nouvelles filières…“, explique un professeur, qui ajoute que depuis, la Faculté se meurt. Aux dires des uns et des autres, enseignants comme étudiants, tous fréquentaient avec fierté une faculté renouant avec la vitalité et la créativité …
Il a fait former et financer plusieurs vagues de professeurs en Europe et dans le monde sans que le Mali ne délie la bourse.