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Djihadisme : la libération de Sophie Pétronin au Mali change-t-elle la donne au Sahel?
Publié le dimanche 11 octobre 2020  |  jdd
Arrivée
© aBamako.com par A S
Arrivée des ex otages Soumaila Cissé et la Française Sophie Pétronin
Bamako, le 9 octobre 2020 le président Bah Daw a reçu les ex otages Soumaila Cissé et la Française Sophie Pétronin à Koulouba
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La Française Sophie Pétronin et trois autres otages ont été libérés cette semaine au Mali. En contrepartie, quelque 200 prisonniers détenus par Bamako ont été relâchés, dont des figures connues du djihadisme sahélien.

Jamais libération d'un otage français n'aura suscité autant de commentaires. Depuis que Sophie Pétronin est revenue vendredi sur le sol français, les passions se déchaînent sur les réseaux sociaux, tant sur sa conversion à l'islam que sur sa volonté affichée de retourner à Gao, où elle avait été enlevée le 24 décembre 2016. Au-delà de ces vains débats sur la personnalité de la Bordelaise, quelles conséquences sa libération et celles des trois autres otages peut-elle avoir sur la situation au Mali?

Parmi les prisonniers libérés, une poignée sont des djihadistes connus
Se pose ici la question des contreparties et notamment de la remise en liberté de quelque 200 prisonniers détenus jusqu'alors à Bamako. Si la majorité d'entre eux semble concernée de loin, voire pas du tout par le djihadisme sahélien, une poignée en sont des figures connues. Comme le Mauritanien Fawaz Ould Ahmed, surnommé "Ibrahim 10", impliqué dans des attentats en 2016 contre un restaurant de Bamako (6 morts) et un hôtel de Sévaré au Mali (22 morts).


Le Malien Mimi Ould Baba, soupçonné d'avoir organisé la même année les attaques sanglantes de Grand-Bassam en Côte d'Ivoire (16 morts) et de Ouagadougou au Burkina Faso (30 morts), aurait lui aussi fait partie de l'échange, malgré l'opposition des Etats-Unis, qui l'ont inculpé en janvier.

Cette question humanitaire autour des otages est devenue une composante centrale de l'équation sahélienne
Chez les 5.100 soldats de la force Barkhane, qui l'avait arrêté en 2017, mais aussi dans les milieux militaires maliens, la pilule aura sans doute du mal à passer. "Aujourd'hui, pour les forces armées, cette question humanitaire autour des otages est devenue une composante centrale de l'équation sahélienne, qui vient percuter des problématiques militaires, voire tactiques", s'inquiète Jérôme Pigné, président de 2R3S (Réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel).

Gain de crédibilité pour les djihadistes
S'ajoute à cela la rançon supposément versée ; 10 millions d'euros sont évoqués. Si elle est avérée, elle participera à renforcer l'emprise du JNIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaida) sur le Nord-Mali et de son chef Iyad Ag Ghali. "Cela pourrait considérablement augmenter sa force de frappe, sa capacité de recrutement", poursuit Jérôme Pigné.

Mais le plus gros gain des groupes djihadistes est sans doute ailleurs : en obtenant et en organisant la libération de dizaines d'individus, ils ont gagné de la crédibilité auprès des familles et populations du Nord-Mali. Un élément important quand on sait leur volonté de s'imposer comme une alternative politique et socio-économique au pouvoir de Bamako.

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