Lorsque l’on est retenu en otage, « on ne sait pas si un jour on va rentrer ». Le Vosgien Pierre Camatte a été l’otage d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), du 25 novembre 2009 au 23 février 2010. Retenu pendant 89 jours au Mali , où il s’était installé pour développer un projet humanitaire, Pierre Camatte revit sa libération dans l’ombre de celle de l’humanitaire Sophie Pétronin. Il est partagé entre des sentiments de joie mais aussi de peur pour ce pays qu’il aime tant. « Quand j’ai vu les images de son arrivée à Bamako, c’est comme si j’y étais. Elle a suivi le même parcours que moi. Je ressens beaucoup d’émotions autour de ça », confie l’homme.
L’ex-otage au Mali reconnaît être marqué « à vie » par cette expérience traumatisante. Le Vosgien se dit très « heureux pour la famille et les proches » de l’humanitaire bordelaise. Sa libération fait écho à ce qu’il a vécu il y a dix ans.
Les choses ont été rapides pour Pierre Camatte. Quelques instants avant sa libération, « on est venu me dire : “Tu vas partir” ». L’ancien otage n’oubliera jamais ces mots. « Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner étaient aux affaires à l’époque. Ils étaient alors en voyage en Afrique. Du coup, ils sont venus me voir à Bamako. C’était tard le soir. Je venais de me laver et de manger chez l’ambassadeur. Les débriefings avec les services secrets venaient de commencer. » Le 25 février 2010, Pierre Camatte foule le sol français sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay.
« Je suis triste pour mes amis maliens »
Depuis Gérardmer, où il est installé, il a gardé quelques contacts au Mali et dans le secteur de Ménaka en particulier. « J’aimerais bien y retourner mais je crois que ça sera impossible de mon vivant. En dix ans, la situation au Mali s’est dégradée. Je suis triste pour mes amis maliens car ils ne savent pas de quoi demain sera fait. »