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204 terroristes en liberté contre la libération de Soumaïla Cisse : Le président de la Cndh dénonce l’impunité et la justice à deux vitesses
Publié le lundi 12 octobre 2020  |  Le Prétoire
Atelier
© aBamako.com par FS
Atelier de préparation vers l’accréditation de la CNDH du Mali
Bamako, du 8 au 10 Septembre 2020, la Commission Nationale des Droits de l`Homme a organisé une atelier de préparation vers l’accréditation à la l`AGETIC.
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Dans un entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, le président de la Cndh s’insurge contre la libération de plus de 200 terroristes pour obtenir l’élargissement de Soumaila Cissé et la française Sophie Pétronin. En plus de ce sujet d’actualité, Aguibou Bouare s’est prononcé sur la libération des politiques et militaires détenues à Kati depuis le 18 Août 2020 et la formation du gouvernement de transition.

Le Prétoire : Les autorités actuelles du Mali viennent de faire libérer plus de 200 terroristes détenus dans les prisons maliennes pour obtenir la libération de Soumaïla Cissé et l’otage française. Un tel deal est-il saint dans un Etat de droit ?
Aguibou Bouare : Cette nouvelle m’a imposé un oxymore ! J’éprouve ainsi un sentiment de “joie-triste”. Me réjouissant de la libération de l’honorable Soumaïla Cissé et de Sophie Pétronin ainsi que toute autre personne victime d’enlèvement ou de disparition forcée, je ne demeure pas moins préoccupé par l’impunité accordée aux suspects terroristes et autres criminels. Il est évident que les otages sont victimes de violations graves de leurs droits fondamentaux (disparition forcée, séquestration, torture…) méritant d’être sanctionnées. Au même moment, je suis attristé par l’impunité dont viennent de bénéficier les personnes suspectées de terrorisme, de crimes contre l’humanité violant ainsi gravement les droits des victimes du terrorisme et d’autres atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique. En plus de l’impunité condamnable, je déplore cette sorte de justice à deux vitesses exemptant de potentiels criminels de poursuites judiciaires, pire libérant purement et simplement des coupables purgeant leurs peines. Il s’agit véritablement d’une situation cocasse incompatible avec le respect et la protection des droits humains. L’on me rétorquera que ce n’est pas la première fois, mais pour autant l’incompatibilité de ces pratiques avec le respect des droits humains ne saurait être occultée. Il revient à l’État débiteur principal en la matière de protéger les personnes et leurs biens sur l’étendue du territoire national.

Le vice-président de la transition vient d’annoncer l’élargissement des personnalités politiques et militaires détenues à Kati depuis le 18 Août 2020. Quelle analyse faites-vous de cette mesure ?

La Cndh se réjouit de la fin de cette privation de liberté extrajudiciaire. Tard vaut mieux que jamais ! La Commission nationale des droits de l’homme, en sa qualité d’Institution nationale de protection, de promotion des droits fondamentaux, en même temps Mécanisme national de prévention de la torture ne se lassera jamais d’être à l’avant-garde de la protection des droits de toute personne vivant sur le territoire malien, conformément à son mandat légal. Cette libération aurait pu intervenir plus tôt à partir du moment où l’attention des autorités a été attirée sur la violation des droits depuis notre passage à Kati et les différentes missives y afférentes. Le message subordonnant le respect des droits fondamentaux au Mali à la pression d’organisations internationales, tout de même salutaires, sans tenir compte de l’avis des mécanismes nationaux de protection des droits humains, ne me paraît pas rassurant. Or comme je le rappelle souvent, nous avons toujours défendu les droits fondamentaux de toute personne résident sur le sol malien, y compris les personnalités puissantes ou se croyant l’être à un moment de leur parcours, avant qu’elles ne se retrouvent de l’autre côté de la barre. Les exemples sont légion dans l’histoire très récente de notre pays. Il est important que tous comprennent que nul n’est à l’abri de la violation de ses droits et que cela n’arrive pas qu’aux autres !
Que pensez-vous des membres du premier gouvernement de l’ère Moctar Ouane ?
Je suis optimiste par rapport à cet attelage gouvernemental comprenant des personnalités crédibles et compétentes. À commencer par le Premier ministre lui- même qui jouit d’une aura certaine et dont la compétence technique ne peut être mise en doute. Surtout, je me fonde sur l’espoir que le Président et le Premier ministre ont une forte personnalité chacun les mettant à l’abri des influences négatives, des trafics d’influence surtout des manipulations pernicieuses. L’humilité et les compétences militaires avérées du Vice-président pourraient aider à la réussite de cette équipe. Malheureusement, je déplore que la loi 052 sur le genre n’ait pas été respectée. En tout état de cause, le maçon est jugé au pied du mur. Je souhaite bonne chance à ce gouvernement dans sa difficile et exaltante mission. Nous avons tous intérêt à la réussite de cette transition pour sortir notre patrie meurtrie de l’impasse. J’invite les autorités à inscrire les questions de protection des droits humains au cœur des priorités de la Transition. La protection des droits de l’homme est une responsabilité partagée. Dieu préserve notre patrie !
Réalisé par Nouhoum DICKO
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