En quête d’une solution pérenne à la récurrente équation de la gestion des déchets dans nos villes, la toute nouvelle ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable a pris son bâton de pèlerin pour s’imprégner des réalités dans les services qui sont en première ligne dans ce combat.
Aussi bien, à la Direction nationale de l’Assainissement et du Contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN), qu’à l’Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali (ANGESEM), le seul mot d’ordre de Bernadette Keita était le don de soi pour le pays en ces moments critiques. Elle a profité de l’occasion pour annoncer la tenue prochaine d’une assise qui regroupera l’ensemble des structures et des acteurs concernés par la question en vue de dégager un système efficace et durable de gestion des ordures.
Sans round d’observation, celle qui n’a cessé de mettre l’accent sur le travail collégial comme gage de réussite, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il s’agit pour Mme Haïdara Bernadette Kéïta d’apporter sa contribution partout où c’est nécessaire afin d’atteindre les objectifs de la transition dans son domaine d’intervention.
Le choix de la DNACPN et de l’ANGESEM, pour sa première sortie, est loin d’être un hasard pour celle qui n’a cessé d’être interpellée depuis sa nomination au sujet de l’assainissement de Bamako. Consciente qu’ensemble tout est possible, celle qui a laissé une empreinte indélébile partout où elle est passée, reste confiante en sa mission dans un secteur dont on a l’éternelle impression de repartir de zéro (0). Les deux premières structures visitées ont été visiblement séduites par l’approche inclusive, responsable et pédagogique de Madame le ministre.
Au pas de course comme l’exige la transition, le ministre de l’Environnement de l’Assainissement et du Développement durable s’est rendu le vendredi à la DNACPN et à l’ANGESEM. Après un briefing en tête à tête avec les premiers responsables des deux structures visitées, une séance de travail, élargie à l’ensemble du personnel autour des missions, des acquis et des difficultés qui entravent leur bon fonctionnement, a été tenue. Sans tabou, l’Inspecteur général des Eaux et Forêts Ousmane Sidibé et Mme Touré Assian Sima, respectivement Directeur national de la DNACPN et Directrice générale de l’ANGSEM, ont édifié le ministre sur les acquis, les difficultés et les perspectives de leurs structures. En plus de l’insuffisance des moyens qui apparaît comme le dénominateur commun, plusieurs autres goulots d’étranglement ont été soumis à l’appréciation du ministre.
À la Dnacpn
En ce qui concerne la DNACPN, l’inspecteur général Ousmane Sidibé a évoqué l’épineuse question de la décharge de Noumoubougou. En effet, il ressort de ses propos que la situation insoutenable des déchets à Bamako est due en partie au dysfonctionnement de cette décharge finale. Cependant, selon M. Sidibé, l’espoir est permis avec un projet de réhabilitation financé à hauteur de 10 milliards par l’Etat. En termes des perspectives, le Directeur national de l’assainissement a mentionné le projet de drainage des eaux usées de Bamako, financé par la coopération allemande à concurrence de 20 millions d’euros.
Pour une gestion durable des déchets au Mali, M. Sidibé a mis un accent particulier sur sa transformation. Il a informé le ministre de l’intérêt de plusieurs bailleurs pour la transformation des déchets en énergie et en compost. Dans ce cadre, un partenariat avec EDM et la CMDT pourrait permettre d’écouler les dérivés de cette transformation. Ce processus aboutira à l’enfouissement des seuls résidus à Noumoubougou. L’absence totale d’unité de traitement des boues de vidange.
À l’Angesem
L’Agence qui s’occupe uniquement de la gestion des déchets liquides se trouve en première ligne dans la lutte contre les pollutions de nos fleuves et nappes. Elle a certes des acquis, mais malheureusement les défis restent encore nombreux. La station de Sotuba, qui a été créée pour circonscrire la population du fleuve Niger par les industries qui y déversaient directement leurs résidus, est confrontée à beaucoup de difficultés.
Selon la directrice, Mme Touré Assian Sima, le drainage de divers solides vers la station poserait des problèmes au niveau des pompes. Pour elle, cela justifie les pannes récurrentes au niveau de la station. Pour solutionner durablement ce problème, elle a mis l’accent sur la sensibilisation des industriels et des populations. En plus des industries, le traitement des eaux usées des teinturières est également une préoccupation majeure de sa structure. L’absence de réseau d’acheminement de ses eaux serait la cause principale.
Tout comme à la DNACPN, l’inexistence de station de traitement des boues de vidange est une préoccupation de l’ANGESEM. Avec l’accompagnement des partenaires, comme lueur d’espoir, elle a informé le ministre de l’existence de plusieurs projets dans ce domaine. Pour leur aboutissement, Mme Touré Assian Sima a sollicité l’implication du ministre pour finaliser l’acquisition des parcelles. Pour rappel, le Mali a déjà perdu le financement de deux stations par manque de parcelle.
Les assurances et la méthode du ministre
Dans les limites de ses prérogatives et des moyens du gouvernement, le ministre de l’Environnement de l’Assainissement et du Développement a apporté des réponses qui ont fait naître l’espoir au sein des deux services. Le manque de moyens matériels et humains pour faire face aux 400 000 tonnes de déchets a été évoqué en plus du sous-équipement des GIE.
La prolifération des dépôts anarchiques, l’insuffisance des dépôts de transit et l’incivisme de certains, ont été les constats faits par le premier responsable de la politique d’assainissement de notre pays.
Selon madame le ministre, ces visites sont effectuées en prélude à la grande rencontre qui regroupera l’ensemble des acteurs et des structures impliqués dans l’optique de trouver un système efficace et durable pour la gestion des déchets dans notre pays. Pour la réussite de cette noble mission, pour l’intérêt de tous, Bernadette Kéïta sollicite le concours de tout un chacun pour l’atteinte des objectifs, qui ne saurait être du ressort de l’Etat seul.
Pour elle, les efforts de l’Etat et des partenaires doivent être accompagnés et appuyés par les populations. De l’avis de Madame le ministre, une dose de civisme ne serait pas de trop pour aider à circonscrire le problème. Pour un changement de comportement, elle a exhorté la DNACPN et l’ANGESEM à mettre un accent sur la sensibilisation.