L’accès aux services de lutte contre la tuberculose reste toujours un défi majeur dans le monde. Les objectifs mondiaux de prévention et de traitement pourraient connaitre, en 2020, des perturbationssi des mesures urgentes ne sont pas prises et si des investissements adéquats ne sont pas faits.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié, depuis Genève, mercredi 14 octobre 2020, son rapport annuel sur la tuberculose. Selon le communiqué publié par l’OMS à cette occasion, près de 1,4 million de personnes sont mortes, en 2019, de maladies liées à la tuberculose. Durant la même période, les 10 millions de personnes ayant attrapé cette maladie, seulement près de 3 millions n’ont pas été diagnostiqués avec la maladie ou n’ont pas été officiellement signalés aux autorités nationales. Au cours de la même année, près de 465 000 personnes ont été diagnostiquées de tuberculose résistante aux médicaments. Parmi ce groupe de malades, moins de 40 % ont réussi à accéder à des traitements. 14 millions de personnes ont reçu des soins pour la tuberculose au cours de la période 2018-2019. Durant la période en revu, l’OMS indique que les traitements préventifs ont concerné quelque 6,3 millions de personnes.
Selon l’OMS, les progrès obtenus dans l’accès au traitement de prévention contre la tuberculose sont insuffisants. Pourtant, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus estime qu’« un accès équitable à un diagnostic, une prévention, un traitement et des soins de qualité et en temps opportun reste un défi ».
Le véritable obstacle dans l’atteinte des objectifs reste surtout le financement, selon l’OMS.Au cours de cette année 2020, la somme investie dans le financement de la prévention, du diagnostic, du traitement et des soins de la tuberculose est de6,5 milliards de dollars, soit la moitié de l’objectif de 13 milliards de dollars convenu par les dirigeants mondiaux dans la Déclaration politique des Nations Unies sur la tuberculose, a précisé la même source.
L’Organisation mondiale de la santé a saisi l’occasion qu’a offerte le lancement de ce rapport mondial pour rappeler qu’avant la pandémie de coronavirus, beaucoup de pays progressaient « dans la lutte contre la tuberculose (TB), avec une réduction de 9 % de l’incidence observée entre 2015 et 2019 et une baisse de 14 % des décès au cours de la même période ». Ces obstacles sont entraînés surtout par la maladie à coronavirus qui a affecté les services sanitaires dans tous les pays. À en croire l’OMS, des ressources humaines, financières et autres destinées à la lutte contre la tuberculose ont été réaffectées à la riposte contre cette pandémie.
Toutefois, Dr Tereza Kaseva, directeur du programme mondial de lutte contre la tuberculose de l’OMS, indique : « Face à la pandémie, les pays, la société civile et d’autres partenaires ont uni leurs forces pour garantir que les services essentiels pour la tuberculose et le covid-19 soient maintenus pour ceux qui en ont besoin ». Et de poursuivre : « Ces efforts sont essentiels pour renforcer les systèmes de santé, assurer la santé pour tous et sauver des vies. »
Dans plusieurs pays, les visites dans les établissements de santé ont été réduites tout en encourageant le traitement à domicile, les traitements oraux pour les personnes atteintes de tuberculose résistante aux médicaments, la fourniture d’un traitement préventif contre la tuberculose. Ces pays ont également mis en place des dispositifs leur permettant de veiller à l’approvisionnement adéquat des malades de tuberculose en médicaments. Néanmoins, le directeur général de l’OMS souligne la nécessité d’agir : « Une action accélérée est urgente dans le monde entier si nous voulons atteindre nos objectifs d’ici 2022. »
Pour rappel, depuis 1997, l’OMS publie un rapport mondial sur la tuberculose chaque année. L’objectif principal de ce rapport est de fournir une évaluation complète et à jour de l’épidémie de tuberculose et des progrès en matière de prévention, de diagnostic et de traitement de la maladie, au niveau mondial, régional et national.