Au Mali, le gouvernement de transition a pris seul l’initiative de libérer 200 présumés jihadistes en échange de quatre otages que détenaient ces groupes criminels opérant dans le nord du pays. C’est du moins ce que souligne la France engagée sur le terrain avec les troupes de l’opération Barkhane. « Cette négociation a été conduite par le Mali et la décision de libérer des jihadistes , en particulier appartient aux seules autorités maliennes » a martelé Florence Parly, la ministre française des Armées mardi. Une façon claire de montrer de l’hexagone tient toujours à son principe de ne pas négocier avec les terroristes ; du moins, officiellement. Dans les rangs des militaires de l’opération Barkhane, on n’approuve d’ailleurs pas la décision prise par Bamako.
« Quand on passe ses nuits à construire des digues et que quelqu’un met un coup de pied dedans, ça ne fait pas plaisir » maugrée un haut gradé qui a requis l’anonymat. Parmi les présumés jihadistes libérés, au moins 29 avaient été arrêtés par les forces de l’opération Barkhane selon des investigations du journal Libération. Il y avait parmi eux des chefs d’unité de combattants jihadistes informe un militaire. Ce qui en rajoute à la frustration des troupes françaises.
Ils “ont du sang sur les mains”
Elles ont même dû supporter de voir Iyad Ag Ghaly, le chef Touareng du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), se pavaner sur les réseaux sociaux avec les prisonniers relâchés par Bamako. Il a en effet posté une photo dans laquelle on le voit avec eux lors d’une grande fête organisée pour célébrer leur libération. L’affiliation du GSIM à l’organisation terroriste Al-Qaida n’est plus à prouver.
Dans cette guerre contre jihadisme au Sahel, la France a déjà perdu 50 soldats depuis le début de ses opérations et 500 autres ont été blessés. Le sénateur Christian Cambou qui dirige la commission de défense de l’institution l’a rappelé mardi, ajoutant que plusieurs prisonniers relâchés « ont du sang sur les mains » . Il s’est par ailleurs demandé si la France peut toujours considérer « la junte au pouvoir au Mali comme un partenaire de confiance dans la lutte contre le terrorisme que nos soldats mènent avec courage et abnégation ».
“Notre combat reste le même et il est tout aussi légitime qu’il l’était”
Du côté de l’Etat major français on fait savoir que les récents évènements ne doivent en aucun cas mettre en doute la légitimité du combat mené au Mali. “”Il doit être très clair, pour l’ensemble des familles qui ont perdu des leurs dans le combat que nous menons au Mali depuis des années, que nous ne dévions pas de ligne, que notre combat reste le même et qu’il est tout aussi légitime qu’il l’était”, a déclaré le général François Lecointre mercredi dernier.