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Édito : Ce qu’il faut pour rendre l’armée plus performante
Publié le lundi 19 octobre 2020  |  Le Pays
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou
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L’armée républicaine ! Dès qu’on prononce ce groupe de mot, la première idée qui surgit à vue d’esprit c’est que cette partie spécifique du peuple est une poutre indispensable pour la stabilité d’une Nation. Ce qui n’est pas tout à fait faux. Au Mali, de l’indépendance à nos jours, les performances de l’armée, malgré les énormes difficultés quotidiennes, sont patentes. Elles ont dans la plupart des cas, en guise d’illustrations citées par le citoyen lambda, honoré la Nation toute entière.
En marge de cette page glorieuse de la grande muette, il y a de la nécessité absolue à reconnaitre que certaines parties de l’histoire sont parsemées de clichés sombres. Cette responsabilité est la plus partagée entre les politiques, le citoyen malien et des questions communautaires incrustées dans la lutte contre le terrorisme.

Pour preuve, la désarticulation totale de l’armée est partie des compromis politiques qui ont fini par mettre à plat l’État malien. Qui ne se rappelle pas de l’époque d’Alpha Oumar Konaré avec son imaginaire ‘’flamme de la paix’’ qui devrait aboutir à la pacification du Nord ? Illusion fatale ! Ce dérapage a une suite logique entretenue sous ATT. Le laisser aller du président général de l’armée transformé en politique donnera place à un monstre né des cendres d’une paix hypocrite négociée par son prédécesseur. Et les résultats, nul besoin de les raconter. La porte d’entrée de Kidal étant ouverte comme un boulevard permettra aux forces du mal de s’installer royalement dans cette zone et bénéficier de l’accompagnement de l’État. L’image du missionnaire, au nom d’ATT, Kafougouna Koné à l’époque ministre de l’Administration Territoriale avec une ‘’valise pleine d’argent’’ semble toujours être un fait récent. La mauvaise gestion de la situation aboutira à un coup d’État. L’armée se sentant laissée à son triste sort pour des raisons politiciennes prend sa responsabilité après des bilans macabres très lourds parmi ses rangs. C’est ainsi, que Amadou Aya Sanogo, capitaine à l’époque, prend la tête de la rupture. Un Mali nouveau était la lueur d’espoir qui rayonnait. Les premières mesures prises laissaient croire que cela était possible. Et paf ! Des politiques ne tarderont pas à lui mettre sur la mauvaise piste. Au lieu de prêcher l’union, une guerre féroce s’ouvre entre deux camps : le FDR (anti-putschiste) et la COPAM (pro putschiste) dans laquelle se trouvait le MP22 du Dr Oumar Mariko. La seconde plateforme voyait la première comme des apatrides qu’il fallait abattre à tout prix. De cette cacophonie infructueuse aux conséquences fatales pour l’armée (les trois régions du nord tombèrent en trois jours entre les mains des ennemis). Grâce à l’aide internationale à travers les organisations africaines, le retour à l’ordre constitutionnel est effectif. Dioncounda, à l’époque président de l’Assemblée nationale, est désormais investi président de la transition. En ce moment, l’armée victime de trahison politicienne subissait une hémorragie très profonde. A travers l’appui de la France, l’avancée des forces du mal qui étaient aux portes de Sévaré a été stoppée. Sous les coups des bombardements, elles se dispersèrent. L’opération Serval accompagnée par l’armée malienne récupèrent Gao et Tombouctou. Et le cas Kidal devient problématique. L’armée républicaine n’est pas autorisée à y entrer sous prétexte qu’elle sera tentée par la vengeance. Dans cette dernière région du Mali (à l’époque) se trouvaient des groupes rebelles qui avaient servi de guides aux terroristes afin de faciliter l’entrée de ces derniers en terre malienne depuis la Lybie. Cette lecture erronée par les autorités transitoires malgré l’opposition farouche des populations est validée. Et pour le retour de la paix et la cohésion sociale, dit-on, la MINUSMA s’installera au Mali. Elle sera accompagnée par d’autres partenaires. Quel bilan peut-on dresser de cette présence internationale ? Tout le monde le sait. Il est approximativement négatif !

La même politique continue après l’élection présidentielle de 2013 qui donnera IBK vainqueur. Plébiscité pour des qualités reconnues par tous, IBK ne tardera pas à décevoir. Son bilan est le plus catastrophique en matière de politique de développement du Mali. Le secteur de l’armée est encore pire à cause des surfacturations dues à l’immixtion des politiques qui avaient une main basse sur la grande muette. Ils l’ont complètement désarticulée pour des raisons inavouées.

La situation d’insécurité s’empira. Les forces du mal élargissent leur champ de domination. Du nord, elles occupent une bonne partie du centre (Mopti et Ségou). Et chaque jour qui passe, des militaires mal équipés, laissés dans des conditions inhumaines sont envoyés à la boucherie.

La désolation ne se limite pas là. Un autre phénomène appelé ‘’guerre ethnique’’ voit le jour. Il oppose plusieurs communautés du centre. Elles se détruisent. Telle dans une jungle, la raison du plus fort prend le dessus.

La fin tragique du régime IBK partira de ce constat amer. Des militaires profitent des manifestations de la plateforme M5 RFP pour déposer le président et tout son régime. La responsabilité historique de l’armée est saluée par la majorité des Maliens qui estime qu’elle a trop subi sous IBK.

Ce qu’il faut aussi comprendre, l’armée victime des actes terroristes dans l’accomplissement de sa mission régalienne est en partie due à la non collaboration des populations. Elles sont muettes pour plusieurs raisons, semble-t-il, face aux menaces terroristes qui ciblent le plus l’armée et les administrateurs civils.

De ce manque d’informations en termes de renseignement, un autre aspect plus inquiétant voit le jour. Au centre, il est maintenant question de terroristes. Et tout le monde sait, en temps normal, que le terroriste n’a pas d’identité ethnique. Mais ce raisonnement a du mal à être accepté dans cette partie du Mali. Lorsque l’armée frappe des ennemis, les tue ou les arrête, cela est toujours suivi de bruit. Si les gens ‘’ terroristes’’ arrêtés ou éliminés sont majoritairement de l’une des communautés : Peul, Dogon, Bambara, Bozo… ils sont soutenus par des citoyens juste par appartenance ethnique car la situation est vue sous cet angle. Donc, la communauté estimera que l’armée a pris position en faveur de l’autre communauté visée comme ennemie ou adversaire.

Alors il est bon que les citoyens, les communautés, sortent de cette façon de voir la crise. Qu’ils acceptent de collaborer avec l’armée en donnant des informations sur les forces du mal qui écument la zone. Que les communautés ne tiennent pas compte des appartenances ethniques car un terroriste n’a pas d’identité ethnique. Il est un ennemi pour la stabilité de la Nation et il doit le payer très cher lorsqu’il tombe dans l’espace dominant de l’armée.

Sans la collaboration des populations, des communautés, l’éloignement des politiques des questions sensibles de l’armée et l’autonomie de gestion, l’indépendance de celle-ci, tout ce qui sera entrepris au Mali pour le retour de la paix sera voué à l’échec.

Boubacar Yalkoué
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