La Cour d’assises de Bamako, en son audience du vendredi 16 octobre, a condamné Madou Traoré à la réclusion à perpétuité pour » meurtre et détention illégale d’arme à feu ». Cet évènement tragique s’est déroulé à Yollo, dans le cercle de Cinzana à Ségou, où l’infortuné Mahamadou Yattara a été assassiné par l’accusé.
Selon les informations recueillies auprès de la Cour, c’est courant mars 2014 à Yollo que Ousmane dit Abba Yattara a été brutalement réveillé par sa femme, en pleine nuit, pour l’informer qu’un vol était en train de se perpétrer dans son domicile. Ainsi, réveillé en sursaut, il constata qu’ils ont été, effectivement, victimes de vol. Accompagné de son jeune frère Mahamadou Yattara, ils se mirent à la recherche d’éventuels suspects hors de sa concession. A l’entrée du village de Thuan, les deux frères aperçurent deux autres jeunes au loin qui tentaient de réparer leur moto dont une roue était crevée. Surpris par la présence des frères Yattara, l’un des jeunes prit la fuite, tandis que l’autre, du nom de Madou Traoré, essaya de se défendre au moyen d’un fusil. Il fut encerclé par la clameur publique et au cours de son interpellation, il ouvrit le feu sur Mahamadou Yattara, l’
Watteignant à la poitrine. Il succombera plus tard à la suite de ses blessures. Madou Traoré fut quand même arrêté et inculpé de » meurtre et de détention illégale d’arme à feu « .
Dans le box des accusés, Madou Traoré nia en bloc le fait d’avoir usé volontairement de l’arme qu’il possédait. Il soutiendra qu’il s’est saisi de l’arme pour assurer sa défense, alors qu’il était encerclé par la clameur publique. A la question d’un juge de décliner sa profession, il dit être un cultivateur et un chasseur.
La partie civile, Ousmane dit Abba Yattara, relèvera que la nuit des faits, les deux jeunes ont subtilisé plus d’un million de FCFA à son domicile. » Ma femme ayant constaté les bruits insolites des voleurs m’a alerté, je me suis mis à la recherche des voleurs avec mon frère Mahamadou. On les a aperçus en train de rouler la moto crevée. Ainsi, Madou a tiré à bout portant sur mon frère avant d’être encerclé par la clameur publique et d’être arrêté. N’eût été l’intervention des gendarmes, il allait être lynché par la population « .
Pour la procureure, l’accusé veut dénaturer les faits. Il a utilisé une arme à feu délibérément, sachant qu’il n’en a pas le droit. L’accusé veut faire porter le chapeau à son complice, qui n’a pas été arrêté. Or, les faits sont constitués à son encontre, c’est un habitué. Puisqu’il est bien connu de la justice pour des faits de vols dans la localité. Certes, il est à son premier cas de meurtre, mais jamais à son premier cas de vols » Il a tiré à bout portant sur la victime. Le frère de la victime a suffisamment éclairé la Cour. On ne doit pas lui accorder de circonstance atténuante « , a-t- elle argué.
La défense n’a pas suffisamment pu convaincre la Cour au regard des faits constants reprochés à son client. Elle demandera toutefois de requalifier les faits en » homicide volontaire « tout en sollicitant la clémence des jurés. Il expliquera à la Cour que le délai de prévention est dépassé, puisque l’accusé a été placé sous mandat de dépôt il y a six ans.
La Cour, dans sa souveraineté, a condamné Madou Traoré à la réclusion à perpétuité pour les faits de » meurtre et de détention illégale d’arme à feu « .