Le champion de l’Urd et de l’ancienne opposition n’a observé aucun répit à son retour à Bamako. Aussitôt libéré de sa longue détention, Soumaïla Cissé a repris du service sur la scène politique. Ses sorties publiques s’enchaînent à un rythme très mal dosé et en rajoutent aux offensives de charme tous azimuts, dans l’intention manifeste d’occuper un espace que le coup d’Etat a transformé en boulevard à ses yeux. Et le moindre petit geste est désormais médiatisé et attire les projecteurs à dessein, y compris la visite qu’il a jugé opportun de rendre au Cherif de Nioro en compagnie de toute sa famille. Le culte du politique a l’autorité religieuse en atteint ainsi son paroxysme et Soumaïla Cissé n’a apparemment tiré le moindre enseignement du poids des confessions sur la conduite des politiques publiques sous IBK. Hissé à la magistrature suprême à coups de battage jusqu’au sein des mosquées, les connivences de l’ancien président avec les organisations religieuses en ont fait un otage tout son règne durant avant que leur rupture ne vienne provoquer sa chute. Mais au lieu d’apprendre des erreurs d’IBK, Soumi Champion tente de passer par les mêmes leviers religieux pour se hisser à la magistrature suprême.
Conseil des ministres sans séminaire gouvernemental
Les nouvelles autorités de Transition ont une fois de plus étalé au grand jour le grand amateurisme qui les caractérise depuis leur installation. Mercredi dernier, c’était le baptême du feu pour la majorité écrasante des membres du Gouvernement lors du tout premier conseil des Ministres de l’ère Bah N’Daou. Hormis le Président de la Transition, le Premier ministre et le ministre des Affaires Étrangères, aucun des participants au conclave hebdomadaire n’avait auparavant pris part au genre d’exercice. Le premier conseil des ministres n’a pourtant pas été précédé d’un séminaire gouvernemental qui aurait pu les initier aux nombreuses et lourdes tâches qui les attendent. Il s’agit d’une tradition qui consiste généralement à préparer les membres du gouvernement aux fonctions de ministre et à leur en inculquer les rudiments : les rapports inter-institutionnels et la solidarité gouvernementale, la responsabilité budgétaire des chefs de département ou encore la carte et la tradition diplomatiques du pays. Faute donc de rigueur et de perspicacité, les membres du Gouvernement de Transition effectuent ainsi leur entrée en matière sans ses notions certes élémentaires mais très précieuses dans la conduite des politiques publiques.
Le pont de l’Amitié au cœur de la polémique
Les ouvrages d’accès au troisième Pont de Bamako ont été l’objet d’une forte sollicitation par les populations riveraines finalement très satisfaites de voir les travaux démarrer, voilà bientôt deux années. C’est pendant autant d’années que lesdits riverains ont dû en supporter les effets collatéraux avec des bruits assourdissants pour les réveiller de bonne heure et les tympaniser tout le long de leurs journées. Au finish, les travaux tendent heureusement vers leur épilogue et les accès du Pont de l’Amitié s’annoncent manifestement plus présentables que jadis. Seulement voilà : une nouvelle grogne couve au sujet des jonctions entre les deux paires de voies qui forment l’ouvrage. Les mécontentements se mijotent notamment chez les habitants les plus proches du pont, qui se retrouvent complètement barricadés de garde-fous au point de ne pouvoir accéder à la voie opposée qu’en parcourant plusieurs centaines de mètres. Le parcours est beaucoup plus pénible pour les processions qui transportent des dépouilles mortelles vers l’unique cimetière du quartier, dont l’emplacement n’a pas été prise en compte dans la réalisation des ouvrages. Les enterrements vont ainsi devenir un parcours du combattant que les notabilités (imams et chefs de village) n’ont pas manqué de prévenir en le dénonçant auprès de qui de droit. Ils comptent obtenir gain de cause en même temps que l’administration du Stade du 26 Mars alors que les maîtres d’œuvre prétendent prévenir un recours abusif, anarchique et accidentogène des passages.
Comment deux frères Coulibaly ont révélé le manque de solidarité transitionnelle
Ils s’appellent tous Mohamed Coulibaly et tous proches des acteurs du putsch ou alliés. Ils se distinguent en revanche par le droit d’appartenance à l’équipe gouvernementale. Après avoir participé à un premier conseil de cabinet inaugural à la Primature, l’un a été tout simplement remercié au profit de l’autre alors que son regard n’avait pas encore fini d’être illuminé par les congratulations. En cause, une grande confusion. De source bien introduite, en effet, l’intéressé a eu le malheur de figurer sur plusieurs listes de ministrables en même temps. Il a été proposé à la fois par Mahmoud Dicko mais également par un des Colonels putschistes. Or, il nous revient de même source que chacun desdits acteurs, qu’il s’agisse des militaires ou des politiques, n’avait droit qu’à deux représentants au sein du gouvernement. Et l’un des deux Mohamed Coulibaly a ainsi eu le malheur d’être le choix de deux personnalités qui auraient eu l’un ou l’autre trois représentants au sein du gouvernement de Transition si leur protégé commun était retenu. Dès lors, le portefeuille de la Refondation de l’Etat ne peut revenir qu’à celui qui se retrouve à la fois son homonyme et antonyme. Quoi qu’il en soit l’épisode met à nu à tout le moins le manque de cohésion dans le cercle restreint de la Transition.