Tout doit être fait pour renforcer la capacité d’agir du Fonds d’appui à la formation professionnelle qui a accueilli dans ses locaux le ministre Mohamed Salia Touré favorable à la réinstauration de la taxe de la formation professionnelle.
La formation initiale ne garantit plus d’avoir du travail toute sa vie. Il faut donc être prêt à se former en permanence et à acquérir sans cesse des qualifications plus élevées. Inéluctablement le Fonds d’appui à la formation professionnelle (FAFPA) a vocation de développer des aptitudes qui permettent à ses auditeurs de s’adapter rapidement aux situations et aux exigences nouvelles. Les jeunes quittant l’école ont besoin d’un savoir applicable pour résoudre les problèmes que l’on rencontre dans le monde du travail.
L’objectif est d’autoriser la meilleure formation possible à chacun, car une formation professionnelle solide est la meilleure assurance contre le chômage. Dans la formation duale, la structure veille avec ses partenaires à conserver un large éventail de métiers demandant des aptitudes différentes pour offrir aux jeunes, qu’ils soient bons ou moins bons à l’école, une formation solide offrant des perspectives d’emploi. Avec en outre comme objectif d’améliorer les mesures de qualification destinées aux jeunes en situation d’échec scolaire et surtout aux jeunes adultes sans diplôme. Ces formations qualifiantes connaissent une résonnance auprès des cibles.
Plus le monde du travail est confus, plus les jeunes quittent l’école, les demandeurs d’emploi et les parents recherchent une orientation, des indications précises sur la façon de procéder et des conseils avisés sur les métiers d’avenir. Que doit-on apprendre ? Comment se protéger du chômage ? Les métiers seront de plus en plus compliqués et exigeront davantage de qualifications. Il faut apprendre en permanence.
Véritable industrie de remise en forme
Le marché du travail devient plus darwinien – avec des perspectives fantastiques pour les plus forts et des chutes vertigineuses pour les plus faibles. On parle maintenant d’ « employabilité » même au sein des syndicats. Selon les spécialistes nous devrions apprendre le métier dont nous avons envie et ne pas courir après les tendances éphémères. Ces professionnels précisent que le choix de la profession ne dépend pas des statistiques sur le chômage, mais du plaisir et des sentiments : aussi importants que soient les nouveaux métiers des technologies de l’information et de la communication, tout le monde ne doit pas s’y consacrer. Nous avons toujours besoin de bons carreleurs, de bons staffeurs, autant d’activités dont le Mali reste à la traîne, obligeant les promoteurs d’habitat à se rabattre sur les Sénégalais, les Marocains ou les Béninois. Et qui dit qu’on n’apprend rien de nouveau dans les métiers classiques ?
Le marché du travail change à une vitesse vertigineuse, due à la mondialisation et à une forte concurrence. Tout doit être mis en œuvre pour renforcer la capacité d’agir du FAFPA. Savoir que tous – gouvernement, entreprises, jeunes – y ont à gagner devraient nous donner le courage de réinstaurer la taxe de formation professionnelle (TFP) assimilable à une branche d’arbre sur laquelle il est assis. Madani Camara, secrétaire général du comité syndical, s’en est fait les haut- parleurs au ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle Mohamed Salia Touré. « Monsieur le ministre, sans pour autant vous charger, il me plaît de vous soumettre la préoccupation majeure que vivent les travailleurs, préoccupation liée à la suspension de la taxe de la formation professionnelle (TFP) ».
«Désamorcer la bombe sociale »
Le Mali est assis sur un baril de poudre avec une mèche d’allumage très courte. D’autant plus faute d’emploi bien de jeunes se font enrouler dans les groupes armés avec des conséquences dévastatrices sur le tissu économique et social, que sais-je encore. Casser les capacités de recrutement de ces groupes armés qui sèment la désolation sur leur passage nécessite une batterie de réponses résumées par le ministre Mohamed Salia Touré. « Il va falloir qu’on se penche très sérieusement sur les difficultés et voir comment aider la structure à améliorer ses performances. Ce qui nous a été demandé par le président de la transition et par le Premier ministre, c’est poser des actions de redressement. Il faut donner des perspectives à notre jeunesse et cela passe par l’amélioration de ses compétences. On ne diminuera pas l’effet du terrorisme, du banditisme sur notre pays par les armes, la réponse à apporter à cette problématique n’est pas seulement que par les armes, mais en portant le développement là où il doit être porté. Cela passe nécessairement et indispensablement par mettre des dispositifs, des programmes qui vont contribuer à donner espoir à la jeunesse ».
Des mots forts qui attestent de sa connaissance profonde des dossiers brûlants de l’heure. Le contraire aurait étonné. En guise de rappel, le ministre a dans un passé récent a présidé aux destinées du Conseil national de la jeunesse (CNJ), donc suffisamment imprégné de la problématique.
Les océans sont devenus des cimetières à ciel ouvert. Des jeunes attirés par l’eldorado européen n’hésitent à risquer aussi leur vie dans d’immense étendue du désert. A défaut, ils tuent pour une moto de deux sous, deviennent des visiteurs de nuit, souvent pour ne pas crever de faim.
Les chiffres parlent mieux. Tenez ! « Nous avons plus de 790. 000 jeunes qui ne sont ni en situation d’emploi, ni en situation de formation, c’est une bombe sociale qu’il va falloir chercher à désamorcer » a-t-il indiqué.
Climat bon enfant au FAFPA
Un des leviers les plus adéquats pour ce faire est la réinstauration de la taxe de la formation professionnelle. Le ministre Touré compte bien en faire son cheval de bataille. Des investissements, il en faut beaucoup certes. Mais, en amont un bon état d’esprit du personnel peut compenser partiellement la faiblesse des ressources disponibles. De l’avis du secrétaire général du syndicat, Madani Camara, la structure sous la houlette du Directeur général, Mohamed Albachar Touré, baigne dans un climat social apaisé. Au vu de ses « efforts déployés pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs », on ne peut douter de son envie de voler de succès en succès dans sa noble tâche de renforcement et de développement des ressources humaines des entreprises.
En somme, qu’on ne se s’y trompe pas. La main d’œuvre qualifiée est la clé du développement.
Ibrahim Yattara
En encadré
Deux dates, une mission
-14 avril 1997 : création du FAFPA
-4 décembre 2006 : le FAFPA prend la forme d’établissement public à caractère administratif (EPA) doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.
La structure a pour mission essentielle de contribuer à la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de formation professionnelle qualifiante. Un des objectifs est de renforcer et développer les compétences des ressources humaines des entreprises.