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Aguibou Bouaré : «La refondation doit se faire sur la base d’un nouveau contrat social»
Publié le mercredi 21 octobre 2020  |  L’Essor
Aguibou
© aBamako.com par FS
Aguibou BOUARE, président de CNDH
Aguibou BOUARE, président de Commission Nationale des Droits de l`Homme.
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Les incompréhensions qui ont suivi la récente libération de plus de 200 présumés terroristes contre celle de Soumaïla Cissé et de certains Européens, les tâches prioritaires sur lesquelles devra travailler la Transition sont les grands sujets abordés dans cette interview par le président de la Commission nationale des droits de l’Homme
L’Essor : Après les moments d’allégresse, une polémique est née suite à la libération de Soumaïla Cissé et de trois Occidentaux en échange de celle de plus de 200 présumés terroristes. Quels commentaires faites-vous sur ces événements ?

Aguibou Bouaré : Comme j’ai coutume de le dire, cette libération m’impose un oxymore «joie-triste». Au fait, cette transaction sur fond d’échange d’otages donne lieu à l’expression de deux sentiments contradictoires. Un premier sentiment de joie, de réjouissance au plan humain du fait de la liberté retrouvée par l’honorable Soumaïla Cissé et les trois autres otages. Ces personnes ont été victimes d’enlèvement, de disparition forcée, de séquestration, de tortures (psychologiques)… bref elles ont subi des violations graves de leurs droits fondamentaux. L’on ne peut que se réjouir de la fin de leur calvaire, tout en continuant de réclamer la libération de tous les autres otages aux mains des ravisseurs.

En revanche, je ne peux que condamner l’impunité dont ont bénéficié autant de personnes suspectées de terrorisme et de crimes contre l’humanité. Cette impunité porte gravement atteinte aux droits des victimes et de leurs parents notamment le droit à la justice, à une réparation légitime des préjudices importants que ceux-ci ont subis. Cette injustice, j’allais dire cette justice à deux vitesses, attriste tout défenseur des droits de l’Homme.

J’estime d’une part que c’est réjouissant de voir notre compatriote libéré ainsi que les autres otages, en revanche je déplore et condamne la mise en liberté des potentiels terroristes, des potentiels criminels surtout par rapport à leur nombre important. Cela ne fera que compliquer davantage, sur le terrain, la tâche à nos forces armées et de sécurité, aux forces alliées ainsi qu’aux populations civiles qui ont déjà payé le lourd tribut dans cette guerre asymétrique. Il revient donc à l’État, débiteur principal en matière de protection des droits humains, de prendre toutes les dispositions utiles afin de protéger les personnes et leurs biens sur l’étendue du territoire national.

L’Essor : En moins de dix ans, l’Armée a fait irruption sur la scène politique à deux reprises. Visiblement, il y a un problème dans la démocratie malienne.

Aguibou Bouaré : Effectivement il y a un problème de fond, parce qu’en fait nous avons voulu transposer la démocratie à l’Occidentale chez nous sans effort d’adaptation à nos réalités sociopolitiques et économiques y compris au regard du niveau élevé d’analphabétisme de nos populations électrices. L’on devrait nécessairement s’attendre à ce genre de difficultés face auxquelles nous avons joué, du reste, à la politique de l’autruche. Au lieu d’y faire face véritablement, y trouver des réponses adéquates, nous avons souvent botté en touche, en remettant toujours au lendemain ce qui était indispensable à faire à date, pour des raisons d’agendas cachés.

Depuis plus de deux décennies, nous sommes en train de balbutier, de tituber, d’aller d’alchimie en alchimie, d’approximation en amateurisme, dans ce processus démocratique, aboutissant malheureusement au même échec, toutes choses égales par ailleurs. Il est évident que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le constat quasi-général à retenir est l’échec de la classe politique. La classe politique a échoué et la société civile dans son écrasante majorité aussi n’a pas joué son rôle de garde-fou, conduisant à la faillite de l’état, à bien des égards.

À mesure que les frustrations se cumulent, le Mercure monte jusqu’à l’implosion. Les institutions dysfonctionnent, privant les populations des voies de recours légitimes, de la patience d’attendre les lendemains meilleurs, par la voie des urnes. Face à un tel imbroglio sociopolitique sans fin, malheureusement l’armée a toujours cru devoir jouer à l’arbitre comme c’est le cas, en général, en Afrique, répondant parfois à un appel du pied d’une partie de la population. C’est ce qui explique, de mon point de vue, cette série de coups d’état, conséquence d’un mal-être prolongé des populations, d’un déficit criard de gouvernance vertueuse, de démocratie.

Je pense que c’est plutôt un vernis démocratique qui existe sous nos tropiques, les institutions ne jouent pas souvent leur rôle, faute de volonté ou de courage des hommes qui les animent. En réalité, tous les pouvoirs se trouvent souvent concentrés entre les mains d’une seule institution qui est le président de la République. Les autres institutions ne jouent pas leur rôle de contre-pouvoir, servent de faire valoir, toutes choses entraînant généralement des dérives dans la gouvernance.

Or, face au nombre et à la persistance des dérives, il arrive un moment où le cocktail molotov explose inévitablement. Les événements regrettables du 18 août ont été un réveil brutal en ce sens. J’ose croire que nous allons mettre à profit cette crise institutionnelle pour mettre les garde-fous nécessaires ; tout mettre en œuvre afin d’éviter, à notre pays, la continuité du cycle des coups d’état source d’incertitude exposant le pays à des sanctions douloureuses.

L’Essor : Quelle appréciation faites-vous sur le démarrage de la Transition avec l’entrée en fonction des premiers responsables ? Quelles doivent être les missions essentielles de cette Transition ?

………….LIRE LA SUITE SUR LESSOR.SITE
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