Quinzième jour de siège à Farabougou : cette localité malienne de la région de Ségou est toujours encerclée par des combattants jihadistes qui en interdisent l’accès. Pour la deuxième fois, mardi 20 octobre, l’armée malienne a largué par avion de la nourriture sur le village. Une médiation est en cours, menée par des notables de la zone, mais de plus en plus de voix s’élèvent dans le pays pour réclamer une plus grande implication des autorités.
« Nous tentons à présent d’organiser une rencontre directe », explique un membre de l’équipe de médiation à l’œuvre pour obtenir la levée du siège de Farabougou. Ces derniers jours, deux émissaires ont rencontré les assaillants jihadistes qui ont attaqué le village il y a deux semaines et le soumettent depuis à un blocus.
Ces hommes armés, qui se revendiquent jihadistes et auraient tué six villageois avant d’en kidnapper neuf autres, accusent des habitants de Farabougou d’être eux-mêmes impliqués dans l’assassinat de plusieurs membres de la communauté peule. Le dernier en date : un jeune berger retrouvé mort dans son champ au début du mois.
« Optimistes… »
Les deux émissaires envoyés par la médiation ont présenté des excuses aux familles des victimes peules qui, après une période de réflexion, les ont acceptées. « Les positions ont été rapprochées, et les contacts facilités via des intermédiaires, il s’agit maintenant que des représentants de Farabougou rencontrent directement, en tête à tête, les jihadistes », explique une source au sein de l’équipe de médiation.
« C’est trop lent et ça ne nous satisfait pas, mais nous sommes optimistes », rajoute cette source qui fait remarquer que, du fait de la médiation en cours et de l’engagement intense des personnes impliquées, le blocus se poursuit mais les violences ont cessé.
En attendant, par communiqué ou sur les réseaux sociaux, qu’il s’agisse de simples citoyens ou de personnalités politiques - on peut citer l’ancien Premier ministre Moussa Mara, ou les anciens ministres Mountaga Tall et Cheick Oumar Sissoko -, ils sont nombreux à s’inquiéter de la situation à Farabougou. Certains réclament même avec véhémence davantage d’implication de la part des nouvelles autorités de l’État.
L’armée présente dans la zone
Depuis le début du siège de cette localité, aucune communication gouvernementale n’a été faite sur le sujet, et c’est à des notables locaux - maires, chefs traditionnels, responsables communautaires ou religieux - que sont confiés les efforts de médiation.
Un membre de cette « cellule » exprime d’ailleurs sa satisfaction quant à la marge de manœuvre qui leur est laissée, et souligne le soutien du gouvernorat ou de la préfecture. Mais il déplore aussi qu’aucun ministre ne soit venu s’enquérir de la situation sur le terrain, ce qui, selon lui, « réconforterait les populations. »
L’armée malienne a, pour la deuxième fois mardi, largué par avion de la nourriture sur Farabougou, et les soldats maliens sont visibles dans la zone. « Leur présence rassure », juge un maire impliqué dans l’équipe de médiation dont plusieurs membres continuent de marteler leur opposition à toute offensive militaire, de peur d’embraser la zone, et se disent confiants quant à l’issue de la médiation en cours.